samedi, mai 10, 2008

Taubira répond aux accusations du Parisien sur son loyer HLM


Monsieur le Rédacteur en Chef Du Parisien
Ce 7 Mai 2008

N/Réf. : CT/MM-80549
Objet : Article sur l’OPAC dans votre édition de ce jour
Monsieur le rédacteur en Chef,
J’espère que vous ferez droit à mon droit de réponse en publiant les observations suivantes sur votre article de ce 7 mai, intitulé : « L’OPAC de nouveau sur la sellette ». Même si je comprends que, en ces temps de déréliction, les tentations soient grandes pour les uns et les autres de trouver un quelconque gibier sur une quelconque affaire aux fins de se fournir en notoriété, et même si je saisis moins les règles déontologiques qui justifient l’anonymat réservé aux autres parlementaires logés par l’OPAC, j’estime qu’il est juste, puisque vous avez choisi d’informer vos lecteurs sur le sujet essentiel de mon loyer dans le 12ème arrondissement de Paris, que vous fassiez l’effort de les informer complètement.

Si votre journaliste s’en était tenue au descriptif (en tous cas celui qui se trouve dans mon dossier de bail) il s’agit d’un appartement de 2 chambres et d’un salon salle à manger. Quant aux charges qu’elles n’a pas signalées, il se trouve que je dois malgré tout les payer. Mais ne perdons pas de temps sur des détails absurdes !

Je veux bien qu’il soit rappelé, comme il convient pour bien nourrir l’antiparlementarisme brut, que je perçois 11 000 euros net (comme si ce traitement m’était spécifiquement réservé). La vérité voudrait qu’il soit précisé que l’indemnité parlementaire est de 5 700 euros net (hors remboursement d’éventuels emprunts, ce qui reste encore un des droits civiques exercés par les parlementaires). C’est le revenu. L’autre indemnité, de 5 000 euros, l’IRFM (indemnité représentative de frais de mandat) sert, comme l’indique son nom, à faire face aux frais d’exercice de mandat. Cette indemnité finance ma Permanence parlementaire à Cayenne, puisque je fais partie de l’infime minorité de parlementaires non cumulards. Je ne dispose donc pas de Collectivités et la seule logistique à laquelle s’adosse mon travail de Députée en circonscription est cette Permanence parlementaire de 5 pièces, dont une salle d’archives et une salle de réunion, dont la loi ne me fait aucune obligation. Cette Permanence parlementaire génère plus de coûts annuels que l’IRFM. Pour la simple raison que plus je travaille et plus je dépense. Ici, c’est travailler plus pour dépenser plus. Il est donc abusif d’inclure l’IRFM dans mon revenu.

Ma base étant en Guyane, le loyer que je règle à Paris constitue un surcoût de loyer. En clair, un logement de plus, exclusivement motivé par l’exercice à Paris de mon activité parlementaire. Vérification peut donc être faite qu’en loyers et charges locatives, je dépasse le plafond des 35% recommandés par les organismes financiers. Je ne verrais d’ailleurs aucune objection à ce que le siège de l’Assemblée Nationale soit déplacé en Guyane. Je gage même que mes Collègues et le personnel de l’Assemblée Nationale s’en réjouiraient, malgré les rigueurs du climat semi-équatorial chaud et humide, malgré moustiques et serpents, malgré le souvenir du bagne. Je puis vous assurer qu’il y a de larges parties du territoire totalement assainies.

Si cet article pouvait attirer l’attention sur un sujet qui n’intéresse personne, à savoir les conditions dans lesquelles les parlementaires des Outre-mer exercent leur mandat, il aura fait œuvre utile, en dépit des intentions de son auteur.

Et puisqu’il est permis de considérer que la mission de votre journal est d’informer, et pour garder le goût des coulisses, peut-être y aurait-il lieu de faire savoir que si j’avais choisi de loger à l’hôtel, j’aurais droit au remboursement de mes nuits d’hôtel, moins 30 euros, plafonnées à 200 euros la nuit. Vous voyez que cela m’aurait coûté bien moins cher, pour plus de confort, mais bien plus cher aux fonds publics de l’Assemblée Nationale. Mais j’aurai l’élégance de ne pas insister. Il n’est pas convenable d’imaginer qu’un Parlementaire puisse être vertueux.
Enfin, il ne me semble pas superflu d’insister sur le fait que l’attribution de ce logement n’a fait l’objet d’aucun passe-droit, que j’ai simplement répondu à une annonce disponible au service logement de l’Assemblée Nationale (qui demeure quand même mon lieu de travail !), que je n’ai eu ni n’ai aucune influence sur la fixation des loyers d’ILN (immeuble à loyer normal). Et que je me conforme aux procédures. Ainsi, j’ai rempli et renvoyé à l’OPAC il y a quelques mois, la fiche de situation qui m’avait été adressée. Il me reste à vous dire que si je rentre très souvent tard la nuit et que je pars tôt le matin, ce n’est pas parce que je suis logée clandestinement et que je souhaite échapper aux regards des voisins et journalistes en embuscade. C’est simplement dû à l’intensité de mon activité, librement choisie. Et la prise en chasse fait partie des risques de ma fonction. Je ne m’en plains pas. Je comprends la dureté du métier d’informer.

Toutes ces choses furent expliquées à votre journaliste. Ces détails n’ont sûrement pas été omis par manque de place, vu l’espace occupé pour rappeler mes élections et réélections et mon travail sur une loi qui n’a rien à voir avec le logement. Cela s’appelle peut-être l’esprit d’escalier. Ce serait donc un article-duplex !
Sans rancune, et en continuant à penser que ce métier de journaliste est un très beau métier, qu’il peut offrir l’opportunité d’un éveil permanent, d’une curiosité stimulante, d’une impertinence savoureuse, d’une belle culture générale et d’un regard sur la vie et le monde constamment renouvelés,
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Rédacteur en Chef, mes salutations distinguées.

Ch. TAUBIRA

Source site http://www.christiane-taubira.org

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca c'est du répondant!!!! Voilà une mise au point que certains journalistes devraient avoir plus souvent. Il n'y a pas que les tabloids tels que Voici ou je ne sais autres qui se permettent de faire des reportages poubelles...Hé oui, des journaux un peu plus "sérieux" se le permettent aussi!
J'ai un grand respect pour Madame Taubira car c'est une femme forte qui parle fort lorsqu'il le faut. Nous devons avoir plus de femmes comme elle dans nos rangs! Oui je pense que c'est une obligation!!!
Salutations.

Anonyme a dit…

Elle a eu raison de le faire,faut pas se laisser traîner dans la boue.

Anonyme a dit…

Surtout que,ancienne (?) indépendantiste,elle avait eu l'occasion de se faire la voix en vitupérant contre les méchants colonisateurs;mais c'est bizarre,on ne l'a plus entendue sur ce sujet !!!!!!!!!!!!

Anonyme a dit…

oui, les mécha goulounisateurs qui m'engraisse maintena...

Anonyme a dit…

Elle prend les indemnités net d'impôts de la république, et bénéficie de loyers modérés payés par la collectivité. Caricature de la démocratie, parangon des passe droits, elle représente la horde des profiteurs qui s'engraissent sur un pays qu'il est de bon ton de critiquer.