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dimanche, mai 08, 2011

Un CRS accusé de racisme à l'encontre d'une journaliste de TF1

Ah bon ! depuis quand ils font travailler des Noirs à TF1 ?" Voilà ce qu'aurait déclaré un CRS à une journaliste de TF1, mercredi 4 mai, à Paris. Une remarque raciste qu'a dénoncée, jeudi, la Société des journalistes de la chaîne dans un communiqué.


"En marge d'une opération d'évacuation d'un immeuble occupé rue Bolivar à Paris, notre collègue journaliste reporter d'images Florice Houngbo s'est vu interdire d'exercer son métier simplement à cause de sa couleur de peau", écrit la SDJ.

INTERDITE D'ACCÈS

"Florice avait été missionnée par notre rédaction pour couvrir l'événement. Sur place, tous nos confrères sans exception avaient été autorisés à se rendre au point presse. Tous, sauf notre collègue de TF1 : les CRS chargés de filtrer les entrées lui en ont interdit l'accès", explique le communiqué.

"Florice a alors demandé des explications. Pas de réponse. Un CRS présent sur place lui demande pour qui elle travaille. Elle répond : 'TF1.' Celui-ci lui dit alors : 'Ah bon ! depuis quand ils font travailler des Noirs à TF1 ?' A aucun moment elle ne s'est montrée agressive ou hautaine à l'encontre des policiers. Elle s'est clairement identifiée, montrant son badge professionnel."

"PROFONDÉMENT CHOQUÉE"

Pour la SDJ, la journaliste, qui est "profondément choquée", "a pris la bonne décision : pour ne pas envenimer les choses, elle n'a pas répondu et a malgré tout tenté de faire son travail". "Elle a fait son métier, elle n'a pas cherché à envenimer les choses, a assuré de son côté à l'AFP Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1. Elle a appelé son chef de service qui a débloqué la situation, et elle a ensuite pu faire normalement son travail."

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a condamné "le comportement inadmissible dont a été victime la journaliste"et demandé jeudi au ministre de l'intérieur Claude Guéant de "diligenter une enquête et, dans l'attente, de suspendre le CRS mis en cause". "Le Parti socialiste attend du gouvernement sur ce dossier la même intransigeance, la même fermeté que celle qu'il réclame aux forces de l'ordre dans la lutte contre la délinquance", selon le communiqué.

"Nous ne sommes pas encore saisis de cette affaire, mais, si nous le sommes, nous diligenterons une enquête et nous en tirerons toutes les conséquences", a indiqué jeudi la préfecture de police de Paris (PP), contactée par l'AFP.

Une enquête a été confiée mercredi à la police des polices. "Le ministère de l'intérieur souhaite que toute la lumière soit faite", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la Place Beauvau, Pierre-Henry Brandet. "Si ces faits étaient avérés, des mesures seraient évidemment prises", a poursuivi le porte-parole.


Sources Lemonde.fr

dimanche, septembre 26, 2010

Envoyé spécial pris en flagrant délit de discrimination


C'est le site ami Grioo.com qui en fait la révélation. En effet, le célèbre magazine de reportage se serait largement inspiré du livre de Serge Bilé, Au secours le prof est noir, concernant un reportage sur les discriminations. Mais le magazine n'a jamais invité les auteurs de l'enquête ni cité la source. De quoi suffoquer de rire et d'indignation !

dimanche, novembre 22, 2009

80% des Français jugent les discriminations "répandues"


Une très grande majorité de Français (80%) jugent les discriminations "répandues" et approuveraient (75%) que la lutte contre ces pratiques devienne "grande cause nationale", selon un sondage Ifop réalisé pour SOS Racisme dévoilé vendredi.

80% des personnes interrogées estiment que les discriminations sont un phénomène "très" (25%) ou "assez répandu" (55%) en France, contre 18% qui le jugent "peu répandu" et 2% "pas du tout répandu".

Parallèlement, 20% disent avoir été discriminés (11% à plusieurs reprises, 9% une fois), tandis que la moitié (48%), qui affirme ne l'avoir jamais été, dit connaître "dans son entourage proche des personnes" victimes.

Enfants: le droit d'être protégé contre la... Retraite: les Français la prendrait bien à 57 ans,... Le travail, meilleur moyen d'insertion des... Grippe H1N1 : une majorité de Français estime que... Un total de 32% se considère pas concerné.

Interrogés sur les institutions les plus susceptibles selon eux de discriminer, les Français évoquent à 67% la police (probabilité "très forte" pour 19%, "assez forte" pour 48%), devant les agences immobilières (66%), l'entreprise (62%), la gendarmerie (59%), les HLM (44%) et la justice (43%).

L'école arrive loin derrière: 26% seulement estiment qu'une personne d'origine étrangère risque d'y être discriminée.

Invités à se prononcer sur des mesures de lutte, 68% sont favorables au fait de "rendre anonymes les demandes de logements sociaux pour qu'il n'y ait plus de répartition en fonction de l'origine ethnique".

Un total de 65% sont pour développer "l'utilisation du CV anonyme dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés", et autant pour "condamner plus lourdement" celles coupables, "par exemple en les empêchant de se présenter à des marchés publics".

60% sont favorables à l'instauration "pour chaque personne contrôlée par la police de la remise d'un ticket sur lequel figureront le numéro de matricule de l'agent et les circonstances du contrôle".

Pour autant, notent les auteurs du sondage, "le taux de personnes considérant chaque mesure +tout à fait+ efficace s'avère relativement faible (entre 6% et 22%), signe que "l'adhésion relève plus de l'accord de principe que d'un souhait fortement exprimé".

Sondage réalisé selon la méthode des quotas du 12 au 13 novembre par téléphone au domicile d'un échantillon de 1.005 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.


Sources : Orange.fr

France : Darcos veut sanctionner l'emploi des Sans papiers


Le ministre du Travail annonce que les préfets pourront prononcer la "fermeture administrative" des entreprises employant des travailleurs sans papiers dans un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France de dimanche.


"Les employeurs d'étrangers en situation irrégulière seront dans le collimateur des inspecteurs du travail", explique le ministre du Travail Xavier Darcos dans un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France de dimanche.

Le journal l'a interrogé alors que 5.500 travailleurs sans papiers issus de 1.800 entreprises entament leur sixième semaine de grève. Les initiateurs de ce mouvement estiment être "allés jusqu'au bout avec Eric Besson", rappelle le journal, et espèrent que des négociations sont envisageables avec Xavier Darcos qu'ils doivent rencontrer le 26 novembre prochain.

Les propos de Xavier Darcos au Parisien risquent de les décevoir tant le ministre du Travail se montre intransigeant quant à l'emploi de sans papiers. Le mot qui revient dans l'entretien est "sanction". "Nous allons renforcer les contrôles et recourir à des sanctions qui touchent au porte-monnaie et à l'image de l'entreprise (contrevenante, ndlr) afin d'avoir un effet dissuasif", affirme ainsi Xavier Darcos.

Selon lui, le coût du travail illégal "est estimé à 4 % du PIB, soit 60 milliards d'euros, l'équivalent du budget de l'Education nationale". Aussi, pour combler ce manque à gagner, il explique que "s'il est avéré que l'activité de l'entreprise est construite autour du travail illégal ou de l'emploi de travailleurs étrangers sans titre de travail, on pourra fermer administrativement cette entreprise". Ce "nouveau pouvoir" serait alors confié aux préfets.

Quelque clémence est concédée aux salariés impliqués : "en cas de perte de leur emploi du fait de son caractère irrégulier, les indemnités dues seront néanmoins versées", promet Xavier Darcos. Mais les "donneurs d'ordre", eux, s'exposeront également à des sanctions : "le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010 prévoit une extension de la suppression des exonérations de charges sociales aux donneurs d'ordre complices de sous-traitants qui n'ont pas déclaré leur activité ou qui ont eu recours à du travail dissimulé".

A noter que du côté du PS, la position officielle sur la question sera discutée et tranchée mardi soir lors du bureau national présidé par Martine Aubry, indique Le Parisien. On connaît déjà, rappelle le quotidien, l'avis de Benoît Hamon : "Je suis pour la régularisation des travailleurs sans papiers", avait en effet indiqué le porte-parole du parti socialiste il y a quelques semaines. (source AFP/Europe
1)

mercredi, avril 23, 2008

Les statistiques ethniques reviennent sur la place publique



L'association des directeurs des ressources humaines réclame un recensement des origines des salariés, afin de lutter contre les discriminations en entreprise.

LIBERATION.FR : mercredi 2 avril 2008
Doit-on recenser l'origine des salariés en France ? C'est ce que propose l’association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), dans ses propositions pour 2008. Une mesure censée améliorer la lutte contre les discriminations dans le monde du travail.
Afin de «mesurer l’équité à l’égard des origines», et au vu de l’étude conduite par l’Institut national des études démographiques (Ined) dans plusieurs administrations et entreprises, l’ANDRH «propose d’élaborer un outil de mesure de la diversité» et sa «mise en place progressive», selon les propositions que l’association présentera jeudi à ses membres et à la presse.

Alors que ce type de recensement est controversé et strictement encadré, l’ANDRH précise que la mise en place d’un tel outil «doit évidemment se faire en pleine concertation avec les partenaires sociaux». Il serait en outre «placé sous l’égide de l’Etat, et/ou de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et/ou de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil)», précise l’ANDRH, confirmant une information des Echos.

La proposition de l’ANDRH intervient alors que le Conseil constitutionnel a invalidé en novembre un article de la nouvelle loi Hortefeux sur l’immigration autorisant des statistiques ethniques, notamment dans les entreprises. Alors que de nombreux salariés sont encore discriminés pour leur origine, notamment sur la base de leur couleur de peau ou de la consonnance de leur nom, l’ANDRH soutient qu’on ne peut pas demander aux entreprises de progresser si celles-ci n’ont pas d’outil pour mesurer leur politique d’embauche ou de déroulement de carrières.
L’ANDRH se garde de se prononcer sur la meilleure façon de mesurer l’origine des salariés et s’en remet à l’Ined. Elle précise en revanche qu’elle «souhaite favoriser une immigration de travail et une installation provisoire en France» des immigrés, militant pour «des contrats de travail limités à 2-3 ans».

Parmi les méthodes testées par l’Ined, la première consiste à demander au salarié son pays de naissance, sa nationalité et celle des parents et des grands-parents, la deuxième à lui demander de déclarer ses origines parmi une liste pré-établie d’aires culturelles et une liste de nationalités. La troisième utilise «une déclaration ethnoraciale sur une liste inspirée du recensement britannique».

Près de quatre fois sur cinq, un employeur français préfère embaucher un candidat «d’origine hexagonale ancienne» plutôt que son collègue d’origine maghrébine ou noire africaine, selon le Bureau international du travail (BIT). L’ANDRH travaille au lancement «avant l’été» d’un «label diversité», qui pourrait être accordé après un audit aux entreprises qui le demandent. La mise en place de ce label avait été demandée fin 2005 par le gouvernement Villepin, et le ministère de l’immigration de Brice Hortefeux a ensuite confirmé le projet à l’ANDRH. Il sanctionnerait une attitude exemplaire en matière de discrimination sur l’origine mais aussi dans tous les domaines où le code du travail interdit de faire des différences entre les salariés: âge, handicap, orientation sexuelle, opinions politiques, syndicales ou religieuses.

http://www.liberation.fr/actualite/societe/318998.FR.php

jeudi, avril 03, 2008

Le président de la Halde mis en cause dans deux affaires


Le président de HALDE mis en cause dans deux affaires : Louis Schweitzerdoit en tirer les conséquencesLa Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité(HALDE) vient d’être épinglée dans 2 affaires qui éclaboussent directementson président et mettent en jeu son autorité. Une institution qui a pourmission de valoriser et diffuser des bonnes pratiques se doit d’êtreirréprochable, voire exemplaire, sur ses propres pratiques.
Le Canard enchaîné rapporte dans son édition du 2 avril que la HALDE a confié « dans des conditions de transparence relatives » un marché publicde 570 000 euros à l’un des membres de son propre comité consultatif, M.Jean-François Amadieu, via une société dont le gérant est… le père deJean-François Amadieu.Cette enveloppe de 570 000 euros devait financer une enquête censée être"la plus grosse opération de testing " jamais réalisée en France.
Or,souligne le Canard Enchaîné, cette enquête se révèle très critiquable surle plan méthodologique. Jean-François Amadieu l'a lui-même reconnu, endéclarant notamment : « J’ai peut-être commis beaucoup d’erreurs »Le CRAN rappelle que l’efficacité des testings est dérisoire. Ils sont parexemple inopérants pour évaluer des écarts salariaux. Les testings peuventservir à faire condamner un patron de discothèque ou un chef d'entreprise,au cas par cas, mais ils ne peuvent pas tenir lieu de politique publiquede lutte contre les discriminations.Les testings ne peuvent se substituer aux statistiques de la diversité.
Le président de La HALDE, Louis Schweitzer, est également mis en causedans une seconde affaire, en sa qualité d'ex-PDG et d'actuel président duConseil d’administration du groupe Renault.Le groupe Renault vient en effet d’être reconnu coupable en appel dediscrimination raciale.Un représentant du personnel a apporté des preuves qui indiquaient quel’un des plaignants, M. Daniel Kotor avait été traité de « singe » et de «bougre de nègre » par sa hiérarchie.Dans son arrêt, la Cour d’appel de Versailles a estimé que "Renault n'apporte pas la preuve qui lui incombe, que la différence de traitemententre M. Breleur et M. Kotor et les autres salariés est justifiée par deséléments objectifs étrangers à toute discrimination fondée surl'appartenance ou la non-appartenance vraie ou supposée de ces deuxsalariés à une ethnie, une nation ou une race".La société Renault a été condamnée à verser à M. Lucien Breleur 80 000euros de dommages et intérêts, à M. Daniel Kotor 60 000 euros, ainsi qu'àverser 8 000 euros à chacun de ces deux salariés au titre du préjudicemoral.Louis Schweitzer était le PDG du groupe Renault au moment des faits.Le CRAN exige la démission de Jean-François Amadieu du comité consultatifde la HALDE.Les très graves accusations portées dans l'affaire Amadieu, et lacondamnation du groupe Renault pour discrimination raciale, conduisent às'interroger sur la possibilité pour M. Louis Schweitzer de se maintenir àla présidence de la HALDE, sans entamer la crédibilité et l'autorité decelle-ci. Le CRAN déplore un immense gâchis et demande à Louis Schweitzerde tirer toutes les conséquences de cette situation.


Source, communiqué CRAN du 03 avril 2008

mercredi, avril 02, 2008

Renault reconnu coupable en appel de discrimination raciale





La cour d'appel de Versailles a reconnu mercredi Renault coupable de discrimination raciale envers deux ex-salariés, déboutés en première instance, qui estimaient avoir eu des carrières moins intéressantes que leurs collègues blancs à cause de leur origine.

"C'est la première fois que la justice pourtant très hésitante dans ce domaine, reconnaît Renault coupable de discrimination raciale", s'est félicitée Me Florence Laussucq-Caston, conseil des deux ex-salariés.

Le constructeur automobile a été condamné à verser à Lucien Breleur, employé comme électricien automobile de 1971 à 2003, 80.000 euros de dommages et intérêts et 8.000 euros au titre du préjudice moral.

Renault a également été condamné à verser à Daniel Kotor, ouvrier spécialisé puis agent administratif de 1983 à 2004, 60.000 euros de dommages et intérêts et 8.000 euros au titre du préjudice moral.

"La société Renault doit réparer le préjudice subi par M. Kotor et M. Breleur du fait de blocage de leur carrière et du maintien de leur rémunération à un niveau de ce qu'il aurait dû être", a estimé la Cour dans son arrêt dont l'AFP a eu copie.

La cour a en revanche débouté trois autres ex-salariés et un salarié.
Renault, dont l'ancien président Louis Schweitzer dirige actuellement la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), a réagi en expliquant que l'entreprise "avait toujours condamné le racisme sous toutes ses formes", et ne pratiquait "en aucun cas la discrimination raciale".

"Le groupe a pour objectif de faire progresser ses collaborateurs sans autre distinction que celle fondée sur leur mérite et leur réussite", a ajouté le groupe dans un communiqué en précisant que le constructeur automobile avait signé la Déclaration des droits sociaux fondamentaux avec les syndicats mondiaux de la metallurgie et ceux de Renault, ainsi que la charte de la diversité en France.

Soutenus par la CGT et le MRAP, les six plaignants, d'origine togolaise ou algérienne notamment, avaient été engagés entre 1966 et 1973 et réclamaient environ un million d'euros de dédommagement, car ils estimaient avoir été lésés dans leur carrière à cause de leur couleur de peau.

Dans son arrêt, la Cour a estimé que "Renault n'apporte pas la preuve qu'il lui incombe, que la différence de traitement entre M. Breleur et M. Kotor et les autres salariés est justifiée par des éléments objectifs étrangers à toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance vraie ou supposée de ces deux salariés à une ethnie, une nation ou une race".

"Il revenait à Renault de prouver que ces deux salariés pourtant bien évalués, motivés et bons équipiers, n'avaient pas été bloqués dans leur carrière à cause de leur origine", a expliqué Me Florence Laussucq.

"En l'absence de preuve, Renault est implicitement reconnu coupable de discrimination raciale", a-t-elle ajouté.
Après l'étude d'un échantillon d'évolution de carrière de dix salariés, il apparaît selon la Cour que "les autres salariés ont tous eu une évolution plus importante que celle de M. Breleur et Kotor", alors même que ces derniers étaient bien évalués.

Un représentant du personnel avait par ailleurs versé au dossier une attestation qui rapportait que M. Kotor avait été traité de "singe" et de "bougre de nègre" par sa hiérarchie.
En décembre 2005, le conseil des prud'hommes de Boulogne-Billancourt avait débouté ces six salariés dont ces deux demandeurs estimant qu'"il n'y avait pas de fait relatif à une discrimination raciale".

source (AFP) Par Raphaëlle PICARD

dimanche, mars 09, 2008

Racisme au travail : ruses et astuces des Néoracistes


Paranos, fainéants, victimisation…tout un imposant arsenal théorique, argumentaire et rhétorique existe aujourd’hui pour disqualifier les résistances qui se développent face au racisme. Et le monde du travail ne semble pas à l’abri de cette mode qui trouve ses fondements dans la théorie de la « déculpabilisation », appelée aussi « mauvaise conscience ». A travers elle, on tente de justifier l’injustifiable. « Dans tous les cas », souligne Pierre Tévanian[1], « ce qui est nié est l’existence de processus sociaux de production des discriminations, en toute légalité, et par les institutions de la République elles-mêmes, masqués par un principe officiel de non-discrimination, rituellement proclamé mais quotidiennement bafoué ». A l’image de ces logiques de discrimination raciale qui interviennent au moment de la prise de fonction de la personne discriminée.
Si certaines pratiques de discrimination avant le processus d’embauche (discrimination par le patronyme, le lieu de résidence, filtre téléphonique, Sigles BBR…) sont connues, la réalité des pratiques après l’embauche est en revanche mal maîtrisée. Bien que moins connues, ces formes post-embauche de discrimination qui peuvent parfois prendre une tournure violente à l’image du cas Théodore Nkambo, s’expriment à travers de nombreuses pratiques allant de la simple blague de mauvais goût au harcèlement moral et racial de la victime. Une double violence, à laquelle en général la victime n’est pas préparée ; et si elle n’est pas sanctionnée, peut compromettre sérieusement la carrière de celle-ci. Malgré l’absence de chiffres officiels, de nombreux témoignages permettent d’apprécier l’ampleur du phénomène.


Dans le procès OSRAM, Théodore Nkambo, camerounais d’origine, victime de racisme dans son lieu de travail, vient d’être honteusement renvoyé à son cher martyr d’immigré indésirable. La justice a choisi son camp : protéger non pas la victime mais les bourreaux. Ceux qui ont érigé le racisme envers les personnes marquées du sceau de la différence culturelle en règle de vie professionnelle. Si le déni, l’hypocrisie, la loi du silence au sein du corps professionnel est souvent avéré, les séances au prétoire ne garantissent pas non plus une réhabilitation de la personne confrontée à ces pratiques. A celle-ci, on oppose souvent, l’insuffisance de preuves, ou encore l’insuffisance professionnelle parfois après plusieurs années de bons et loyaux services dans l’entreprise, pour justifier le délit. De l’ethnocorporatisme à l’ethnonationalisme, il existe une palette de motivations à l’origine de ces pratiques qui s’incarnent en règle général dans un jeu sournois, insidieux de nuisance professionnelle avec l’objectif non avoué d’obtenir le départ ou la démission de la personne.

L’ethnocorporatisme : « j’ai du mal avec ces gens là … »

« On est mieux entre nous, j’ai du mal avec ces gens là… ». L’ethnocorporatisme, version pratique de la préférence nationale, c’est l’ensemble d’attitudes et de pratiques discriminatoires qui permettent de justifier l’inacceptable. Appliqué à la politique, il donne le raisonnement sarkozien suivant : « j’irai les chercher, quoi qu’ils aient fait ». Le sous entendu dans cette phrase c’est de dire, je les défends parce qu’ils sont blancs comme moi, criminels ou pas. L’ethnocorporatisme pourrait s’entendre comme le fait de promouvoir des rapports sociaux sur la base d’une vision racialiste, culturaliste. L’invocation des origines culturelles, nationales est souvent le moteur des personnes que nous appellerons volontiers de néo-racistes en raison du contexte socioculturel et politique des rapports postcoloniaux entre dominants et dominés. Le néo-raciste vit mal la présence dans l’entreprise d’un collègue noir par exemple qu’il juge incongru, injuste, illégitime. Il pense que le collègue de travail noir ou autre a pris injustement la place d’un français de souche. Le néo-raciste a fait sien le slogan frontiste « la France aux français ». Il en est même imprégné de façon irrémédiable. Le néoraciste est torturé par l’idée de devoir travailler avec une personne différente par sa culture ou sa couleur de peau. S’il est supérieur hiérarchique, son horizon indépassable d’appréciation des qualités de son collègue reste les références à sa culture, à sa couleur de peau. Le collègue devient un objet racisé sur lequel va être posé non pas un regard objectif sur la qualité de son travail, mais un ensemble de représentations stéréotypées confinant en tous points à une forme de prophétie auto réalisante.

Solidarité ethnique

Un fonctionnaire raconte avoir été victime d’un odieux chantage de la part d’un collègue blanc qui simulait un détournement de chèques afin de l’accuser lui (on sait que les Noirs sont voleurs). Le supérieur hiérarchique était au courant de ces pratiques, mais au nom de la solidarité ethnique entre blancs, il fermait les yeux au lieu de dénoncer et sanctionner l’auteur des faits. Ce type de néoraciste se retrouve souvent dans les administrations publiques où le tri sélectif étatique par les concours (l’anonymat est la règle dans certains concours de catégorie B OU A) ne permet pas d’éliminer les candidats qui ne sont pas BBR. « Tu as réussi a échappé au filtre étatique par le concours, l’administration (sous entendu le personnel t’attend au tournant ». C’est le discours du néoraciste dont l’attitude va souvent consister à guetter la moindre faille ou à organiser le système de faille compromettant afin de rendre crédible sa compagne de nuisance. Après 7 années de bons et loyaux services dans une entreprise de BTP, M.L., irréprochable dans son travail, s’est quand même vu licencié pour faute grave. Le Chef d’entreprise ayant prétexté la violence de ce dernier à son endroit (les Noirs sont violents). La plainte aux prud’hommes révélera que les accusations de violence étaient infondées. Le néoraciste trouve toujours un argument pour justifier son comportement. Un chef de personnel justifie de ne pas accorder une promotion à D.X. en raison de sa couleur de peau. Les postes à responsabilité étant de postes où il faut entrer en contact avec le client. Pour la petite histoire, D.X formait des nouveaux recrus qui voyaient leur statut évolué en peu de temps. Le cas de Laurent Gabaroum, est à ce titre éloquent, ce franco-tchadien, surdiplômé et plusieurs années de « boîte » à son actif, qui a vu sa carrière bloquée chez Renault.

« On est chez nous, entre nous… », les « petits meurtres entre collègues »

Les employés d’origine extra-européenne ou non blancs sont parfois l’objet de délires et de fantasmes. Ainsi un supérieur hiérarchique justifia la mauvaise note qu’il attribua à un collègue noir parce que celui-ci l’aurait pris pour un raciste. Une confrontation fut donc organisé au sommet entre l’employé et le supérieur hiérarchique. A la question de savoir, pourquoi avez-vous mal noté Monsieur X alors que son dossier fait état d’une personne sérieuse, rigoureuse et consciencieux dans son travail et toujours bien notée : l’intéressé rétorqua : « je croyais qu’il me prenait pour un raciste au vu de son attitude ». Et le collègue noir de dire « Ah bon, donc sur la base de votre imagination vous vous êtes mis dans la tête que je vous jugeais raciste, avez-vous des preuves de ce que vous avancez ? Le néoraciste fut démasqué. En réalité la question de l’attitude est plus profonde. Il est question que la personne discriminée adopte un comportement qui rassure les fantasmes du néo. « Il est sympa, on rigole bien avec lui ». Il est vrai que le Noir rigolard arborant en permanence un sourire niais à l’image du joyeux batteur de tam-tam rassure le discriminant parce qu’il correspond à un des stéréotypes liés à sa couleur de peau.

S’il y a parfois ce type de dénouement, la majorité des actes de discrimination subit l’omerta administrative, cette loi du silence qui condamne la victime au placard et à l’isolement et réconforte le bourreau dans ses forfaits quotidiens. En général le néoraciste sait que s’il est démasqué il risque gros. Il sait aussi compter sur le silence des autres collègues blancs ou de la hiérarchie qui le protégera ou le réconfortera quoi qu’il arrive. Pour cela, il organise un système de solidarité ethnique en faisant courir des bruits et des rumeurs sur l’employé non BBR afin d’obtenir du soutien ou de l’approbation pour ses actes. Et c’est là qu’intervient la solidarité ethnique. Si le bourreau jouit d’une bonne position hiérarchique, les collègues de travail adoptent soit le silence ou deviennent des co-auteurs des forfaits afin d’être bien vus. C’est le fameux parapluie ethno corporatiste. Les liens de race contre la loi, la justice, le droit. Le fameux « on est chez nous, entre nous ». Certains collègues saisis par le doute de ces rumeurs tentent d’agir parfois en organisant en sourdine de contre-enquêtes. On piège ainsi la personne visée par des « petits services ». Ce sont des « petits meurtres entre collègues » qui visent à vérifier les fantasmes du néo. « L’aide » des collègues « amis » peut aller du sabotage à la rétention d’information en passant par le « contrôle » et le « renseignement » des faits et gestes de la victime. Le seul exemple connu à ce jour où les collègues blancs ont manifesté de la solidarité envers un collègue noir discriminé est celui de Thierry Badjeck, licencié le 16 juin 2006 de son entreprise ADP pour avoir traîné en justice cette institution pour discrimination dans l’attribution d’un poste de cadre[2].

Et l’Administration, les syndicats ? « Tu dois subir jusqu’à crever, si t’es pas content, tu dégages ».


« Avez-vous déjà vu une personne piégée dans le marigot demander de l’aide à un crocodile ? ». Le dicton africain résume assez bien le jeu qui s’instaure entre la victime et le système hiérarchique censé le protéger. La France est un pays organisé en système de réseaux : réseaux professionnels, réseaux amicaux, réseaux familiaux, réseaux syndicaux, réseaux maçonniques etc. Une sorte d’institutionnalisation informelle du népotisme ou du clanisme. Les personnes mises en cause bénéficient souvent de solides appuis au niveau syndical et hiérarchique. Dans une stratégie cousue de fil blanc consistant à ménager le chou et la chèvre, les organisations syndicales tout comme l’Administration ont tendance elles aussi à faire prévaloir les liens de race. Il n’est pas besoin de citer des exemples pour prendre la mesure du phénomène. Et pour preuve, dans le procès de Thierry Badjeck contre l’Aéroport de Paris, les syndicats ont brillé par leur absence de soutien. Le syndicalisme français n’est rien d’autre que la continuation de l’administration sur le registre contestataire, mais il obéit aux mêmes règles et procédés que celle-ci. A propos de l’Administration, la discrimination ou le racisme, c’est la maladie honteuse, la MST dont elle ne veut pas s’avouer contaminée. Elle préfère le silence de la personne à sa parole. Surtout pas de vagues ou sinon c’est le suicide professionnel. En gros tu dois subir jusqu’à crever, si t’es pas content, tu dégages. D’où le recours fréquent au licenciement comme solution pour mettre fin aux conflits liés au harcèlement racial, discrimination et racisme.

Et la médecine du travail ?

Aujourd’hui la médecine professionnelle semble prendre réellement en compte cette souffrance de la personne discriminée en raison des compagnes de sensibilisation. Il arrive parfois que certains médecins professionnels tirent la sonnette d’alarme, mais cela ne résout jamais le problème puisque les personnes en cause ne sont et ne seront jamais sanctionnées.


Et la victime dans tout cela : le combat de David contre Goliath


Avoir le cul entre deux chaises, c’est jamais chose facile dans une vie. Entre protéger son emploi et se lancer dans une bataille interminable contre l’injustice et le respect dans laquelle l’on ne sera pas forcément entendu et gagnant relève d’un exercice d’équilibriste. Mal armées et outillées au niveau de leurs droits, les personnes parlent peu et adoptent une position de victime qui du coup conforte le bourreau. Mais c’est surtout la violence des pratiques qui désarment les personnes sur fond de haine raciale injustifiée. Il s’agit presque d’un viol tant il y a à la fois le déni et le mépris de la personne sur fond d’aryennisme. On peut dire que le racisme et la discrimination dans les entreprises se nourrissent aussi bien du silence des victimes que de la surdité du personnel. Que faire ? On évitera ici un catalogue à la Prévert des démarches à entreprendre dès le moindre incident. Toutefois, on peut recommander aux victimes d’éviter impérativement de rester isoler, consigner par écrit tout acte et avertir par courrier recommandé la hiérarchie dès le moindre écart avéré tout en s’avisant auprès d’un spécialiste le caractère raciste des faits en cause. Elles ne doivent pas oublier que c’est par la tête qu’on achève le serpent.


Et les organisations antiracistes ?


Toutes les études montrent en France que les organisations antiracistes ont échoué dans leur lutte contre le racisme et les discriminations, malgré les moyens colossaux dont elles peuvent bénéficier de la part des pouvoirs publics et le soutien des médias. Réduites aux rôles de plateformes de lancement de carrières politiques, elles sont progressivement devenues de tonneaux vides en raison du bruit qu’elles provoquent dans leurs actions. Celles-ci ne sont malheureusement pas aussi exemptes de hiérarchisation tant elles montrent une différence de traitement, d’empressement, de condamnation en fonction des affaires. Le déclin de l’action anti-raciste s’explique aussi par l’instrumentalisation communautariste de certaines associations.


La Halde et les nouvelles associations communautaires


La faillite du combat antiraciste a précipité l’émergence et la visibilité des associations d’essence communautaire. Pour autant la donne a-t-elle changé ? Ces associations disposent-elles d’expertise viable et crédible en matière de discriminations à l’emploi. Rien n’est moins sûr. Bien qu’il faille reconnaître leur bagout pour leur propre médiatisation, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, il faut bien se rendre à l’évidence qu’il y a loin entre la dénonciation incantatoire et les actions concrètes (celles qui consistent par exemple à se porter partie civile ou à soutenir les personnes victimes). Toutefois, gardons nous de jeter la pierre, car ces associations sont encore jeunes et c’est l’avenir qui fera leur réputation. Quant à la Halde, instrument de sanction et de prévention, son rôle de bureau d’enregistrement des plaintes est déjà une bonne chose pour les victimes, mais son fonctionnement rappelle trop celui des organisations anti-racistes dont les slogans sont restés de vœux pieux.

article de Welobo






[1] Pierre TEVANIAN, La République du mépris, La découverte, 2007.
[2] Article afrikara du 21 juillet 2006, Discrimination aux ADP ? Historique, un Noir concerné et trois collègues blancs solidarisés accusent !

lundi, mai 21, 2007

CV anonyme : qu’est ce qu’elle a ma gueule ?

Des minorités visibles aux citoyens anonymes
Décidément, le processus d’émergence publique des minorités visibles, né des humiliations persistantes et du racisme, ne semble pas amener les politiques français à entrevoir des alternatives pratiques et efficaces sur la question du « vivre-ensemble ». Bien au contraire. Avec les récentes émeutes urbaines, l’Autre, que l’on avait longtemps refoulé dans l’inconscient collectif national, a refait surface sur la place publique. Avec son cortège de maux, mais aussi de mots pour interroger le projet d’intégration républicaine. Dans son irruption soudaine et violente sur la place publique, cet « Autre », ce lointain pourtant devenu si proche, est arrivé avec une question fondamentale à laquelle ne peut résister toute analyse un tant soit peu sérieuse : suis-je un Français à part entière ? Ce à quoi l’un des premiers représentants de l’Etat en l’occurrence Monsieur de Villepin a répondu par un « oui mais » à travers sa proposition de CV anonyme pour lutter contre les discriminations à l’embauche.
Vous souffrez de discrimination à l’emploi à cause de votre nom, votre couleur de peau, votre adresse, une solution s’offre vous : restez anonyme. Ainsi en a décidé le Premier ministre en proposant de généraliser le Curriculum vitae anonyme. Face aux discriminations, ayez donc recours à l’anonymat, vous qui n’avez pas le bon faciès, qui habitez les quartiers périphériques de la République et portez des patronymes qui font sourire les patrons. C’est le seul moyen pour vous d’échapper à la corbeille.
A la stigmatisation, les pouvoirs publics ont donc décidé de répondre par la stigmatisation. Sans même se soucier de ce que peut représenter pour un individu le renoncement à son identité patronymique, spatiale, géographique, territoriale. Pour Dominique de Villepin, même s’il n’est pas le précurseur de cette trouvaille un brin fantaisiste, il faut donc se renier pour accéder à la visibilité sociale à laquelle aspire tout demandeur d’emploi. Ce n’est donc pas aux entreprises de faire des efforts mais d’abord aux personnes qu’elles ne veulent pas recruter. Ce n’est pas aux employeurs d’abandonner leurs pratiques de recrutement au faciès, mais aux demandeurs de faire la preuve de leur désir d’intégration « professionnelle » en refoulant dans l’anonymat leur différence. Au prix donc d’un effacement de soi, d’une renonciation de soi. Cette curieuse façon de régler les problèmes est symptomatique de cette arrogance au sommet de l’Etat consistant à minimiser les souffrances individuelles des populations « périphériques », c'est-à-dire marginalisées en raison de leurs origines ethno-raciales. On peut comprendre le souci du Premier ministre de ne pas heurter une certaine vieille France attachée à ses habitudes d’un autre âge consistant à interpréter la compétence d’un individu en fonction de son taux de mélanine. Mais est-ce vraiment valoriser ces populations stigmatisées en leur intimant l’ordre d’abandonner leurs multiples identités ? Et ne serait-il pas plus utile de contraindre les entreprises à diversifier leur recrutement ?
Il ne fait aucun doute que cette approche du Premier ministre traduit une certaine frilosité à aborder frontalement la question des discriminations. Mais elle témoigne aussi d’une vision politique d’arrière-garde qui se refuse à envisager ou à penser la pluralité de la France. Le CV anonyme vient nier la pluralité des expériences sociales et professionnelles et autorise la continuation du modèle actuel de reproduction sociale. Le CV anonyme, en rendant possible l’intériorisation de sa condition, voire de sa sous-condition de « citoyen périphérique », signe l’impuissance de l’Etat face au racisme et donne le champ libre aux pratiques discriminatoires de se perpétuer.
Etre au chômage, c’est déjà vivre dans une forme d’anonymat social à laquelle est condamné tout demandeur d’emploi. Le chômage est souvent vécu comme une expérience violente à la fois socialement et psychologiquement. Pour beaucoup, il est synonyme de remise en cause de soi et parfois de rupture avec le monde… pas seulement actif. La lettre tout comme le CV agit comme un moyen de visibilité sociale. Plus qu’un passeport pour l’emploi, ils participent à la valorisation sociale de l’individu à travers les éléments identitaires et professionnels qu’ils recèlent.
Ainsi, le coup de chiffon sur son identité patronymique ou territoriale, loin de rayer la violence symbolique et culturelle que constituent les discriminations, l’y incite. Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’il est question des discriminations de type raciale, véritable plaie de la société française, dont les ressorts intimes semblent visiblement échapper à Monsieur de Villepin. Il est plus facile de contourner le problème par un CV anonyme que de s’attaquer véritablement au mal. Les préjugés raciaux dont souffrent par exemple les Noirs sont un héritage de l’histoire. Les stéréotypes sur les populations noires sont d’abord marqués du sceau de l’histoire coloniale et esclavagiste. La persistance de la vision caricaturale des populations noires pose, ainsi, le problème de la vérité historique de leur présence sur le sol français. On ne peut donc dissocier la lutte contre les discriminations qui touchent les Noirs avec la question de l’histoire et de la mémoire. L’une ne va pas sans l’autre. Une vraie politique contre les discriminations commence par le respect de l’Histoire et de la mémoire de ceux que l’on continue à traiter comme des enfants illégitimes, des fils indignes de la République.
Récemment avec la crise des banlieues, certains intellectuels et hommes politiques de droite, à court d’arguments et sans doute dans une logique de surenchère ont brandi une grille de lecture ethnique pour expliquer la révolte des jeunes de banlieues. Chacun y allant de son couplet, la polygamie et la culture africaine ont été présentées impunément par les uns et les autres comme la cause des émeutes. Un comble. En choisissant de décrire à gros trait cette réponse urbaine, apolitique, des jeunes des cités, ces acteurs de la scène politique, médiatique et intellectuelle hexagonale, ont voulu ainsi marquer au fer rouge, en prenant à témoin les « français de souche », les populations d’ascendance africaine dont les revendications légitimes pour « plus d’égalité » embarrassent depuis quelque temps une partie de l’establishment français. Il ne fait aucun doute que cette rhétorique de stigmatisation et de diabolisation des cultures africaines participe un peu plus à la criminalisation des populations noires dont le seul tort est de ne pas avoir le phénotype idéal. Aussi cette incapacité du discours public et médiatique à sortir de la stigmatisation reste-t-elle la preuve d’un manque de vision politique face à la différence qui interroge, au regard des discriminations persistantes dont elle est l’objet, le projet républicain.
Face à ce tango discursif des politiques, un seul pas en avant mais deux autres en arrière, difficile de croire qu’il peut en être autrement en France pour les populations d’ascendance immigrée. Par ce CV anonyme, Monsieur de Villepin n’incite pas à un changement des mentalités. Bien au contraire. Il encourage tous ceux qui violent impunément la loi à le faire encore et davantage. De plus le caractère non obligatoire et catégorisant de ce CV anonyme ne peut que laisser perplexe. Ce qui jettera encore la suspicion sur les candidatures sans état civil. On sait tout aussi parfaitement que ce n’est pas le nom qui est visé, ni le quartier lorsqu’il y a discrimination. Mais l’individu lui-même. C'est-à-dire un ensemble de caractéristiques psychologiques et culturelles que l’imaginaire collectif attribue à son groupe. Le CV anonyme en rendant anonymes les talents de la diversité fait reculer le combat de l’égalité pour tous. Il va même à l’encontre du processus de visibilité sociale que tous les acteurs de terrain appellent de leurs vœux. Les talents de la diversité ont besoin d’être soutenus, surement pas d’une énième stigmatisation sous la forme d’étiquette d’anonymes.

A. M.