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samedi, février 26, 2011

L’Occident est-il au pied du mur ?

Crise ivoirienne d’un côté, révolutions arabes de l’autre. Deux phénomènes politiques totalement inédits semblent annonciateurs de « quelque chose » dans le monde et conforter l’idée que nous nous trouvons à la croisée des chemins pour tous les peuples opprimés du sud encore sous le joug de la loi inique de la domination européo-etats-unienne. S’agissant de la première crise, tous les observateurs avaient parié sur la chute de Gbagbo, mais chaque minute qui passe montre le contraire. Et ce dernier semble résister malgré les gigantesques pressions de la communauté internationale. Quant aux révolutions arabes, inattendues, parties d’un banal fait divers, une verbalisation suivie d’une confiscation de marchandise, se terminent en départ précipité de Ben Ali, une des figures emblématiques des dictatures installées autour du pourtour méditerranéen au profit d’intérêts européo-etats-uniens. C’est dire combien l’exaspération couvait sous la cendre.
Mais ne nous réjouissons pas vite. Si l’Occident a semble-t-il donné l’impression qu’il ne maîtrisait ni ne comprenait pas grand-chose de ce qui se passait dans les endroits précités pourtant sous leur contrôle via des valets locaux, il va sans dire que ce dernier s’achemine vers une auto-critique de son positionnement dans le monde de plus en plus décrié.

La diplomatie des valets locaux

Pour assurer la pérennisation de son système de domination, l’Occident avait crée un système qui consistait à imposer aux peuples du sud des valets locaux chargés de protéger ses intérêts. Les exemples de Bongo en Afrique centrale, de Compaoré en Afrique de l’Ouest sont emblématiques. Or, il semble que ce système est en train de prendre l’eau. L’édifice perd ses fondations au fur à mesure que « la chape de plomb » jusque là invisible « du peuple » qu’il n’avait pas intégrée dans son système gagne du terrain. Des scénarii que de nombreux agents de renseignement déguisés en diplomates n’ont pu anticiper qui quadrillent les zones d’influence entrées en ébullition ces derniers temps. Pour autant l’Occident est-il au pied du mur ? En tous les cas, les chutes précipitées des dictatures du Maghreb le laissent penser. Hosni Moubarak, l’homme fort des américains et allié des Israéliens, est tombé aussi facilement qu’un fruit mûr sur un arbre, tandis que Ben Ali, désavoué par l’Armée, avant de prendre la fuite, est aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Quant à Kadhafi, qui avait renoué ses relations diplomatiques il y a peu avec toutes les puissances occidentales, est devenu l’homme à abattre, pressé lui aussi par des révoltes dans son pays « intouchable » qu’il dirigeait d’une main de fer.

L’Occident n’incarne plus l’ordre moral du monde
Jusqu'à présent le prestige de l’Occident s’était bâti autour de l’incantation des droits de l’homme et de la démocratie pour tous les peuples. Il était même devenu la référence incontestable en la matière. Seulement, tout ça n’était que du pipeau. Derrière les beaux discours, une hypocrisie sans nom sur fond d’arrogance et de mépris. C’est ainsi que la diplomatie française s’est contentée du silence devant des régimes corrompus du Maghreb qui par ailleurs devaient protéger ses intérêts contre le bien être de leurs peuples. De la même manière, celle-ci a soutenu via Elf le retour au pouvoir de Denis Nguesso en chassant un président élu démocratiquement Pascal Lissouba. C’est ainsi que l’Onu a soutenu l’assassinat de plusieurs fils d’Afrique (Lumumba, Sankara, Moumié, Biko etc.). Et le génocide rwandais nous laisse encore de marbre devant le cynisme des puissances occidentales. Aucune n’a osé agir. Dans un cas comme dans l’autre, les raisons invoquées tout aussi saugrenues les unes que les autres. Au Maghreb, le soutien des dictatures se justifiait par le dévouement de celles-ci à contenir la poussée islamiste. Résultat des courses, Aqmi y sévit. Vous avez dit dictatures « gendarmes » ? Quant au soutien des dictatures sous les tropiques, c’est essentiellement la captation des ressources minières. « Oui Missié Bwana » est un bon dirigeant s’il se montre docile et très très coopératif. Dans ce jeu amoral, immoral et cynique où docilité des dirigeants vaut critère de régime ami et acceptable, les peuples du sud y perdaient leur latin et même leur vie.

CPI et gel des avoirs des dirigeants en disgrâce ou déchus ?
Les autres recettes qu’affectionnent ce système c’est le chiffon rouge de la CPI, du gel des avoirs etc. La première à savoir la CPI est sans doute la plus injuste et cynique tant elle a d’abord été pensée pour intimider les dirigeants récalcitrants du sud. A ce jour, cette cour internationale n’a jamais inquiété un seul dirigeant occidental. Les mensonges de Bush sur l’Irak seront-ils un jour punis ? Les assassinats politiques des dirigeants indépendantistes en Afrique seront-ils punis ?. La responsabilité de l’Onu dans le génocide rwandais sera-t-elle questionnée un jour ? En tout cas on attend toujours. Tous ces faits tendent à prouver que l’Occident n’est plus crédible, y compris ses institutions internationales (ONU, notamment). Quant au gel des avoirs, on nage en plein délire. Ridicule et risible, cette sanction n’a pas déstabilisé ni Robert Mugabé ni Omar el Bechir.

Le temps cyclique de la domination est-il fini ?
Sûrement pas. Peuple affamé n’a point d’oreilles. La crise ivoirienne et les révolutions arabes n’accoucheront pas de grands changements. Des relais locaux continueront toujours le sale boulot. Car la question n’est pas seulement le soulèvement ou la résistance. Pour faire tomber les siècles de domination, il faut de la patience, de l’unité et de l’organisation. Aujourd’hui, un vent de liberté semble souffler sur les terres d’Afrique, à condition que les africains saisissent cette opportunité pour tout remettre à plat. L’Occident n’est pas seulement présent à travers les représentations diplomatiques. Il est aussi présent à travers des multinationales qui ont un poids tout aussi énorme que les Etats. Le cas de Elf, et sans oublier les empires américains qui contrôlent les circuits des matières premières sont là pour nous le prouver. Sans oublier la Chine dont le silence dans la marche du monde traduit tout aussi une stratégie de domination.
L’Afrique est à la croisée des chemins. Elle doit saisir cette opportunité pour penser un nouveau modèle de développement qui ne soit pas celui des pays occidentaux basé sur la prédation des richesses géologiques des autres pays, la destruction de la planète et le mépris des non-occidentaux. L’Afrique grâce au talent conjugué de ses dignes fils et filles peut montrer un autre chemin au monde basé sur le respect à la fois de l’environnement et de l’Autre.

mercredi, janvier 26, 2011

La rue arabe en ébullition montre le chemin aux peuples d’Afrique noire

Après la Tunisie, à qui le tour ? L’Egypte est en train de suivre le chemin tracé par son voisin. L’impatience légitime des peuples arabes cadenassés depuis de longues années par des régimes autoritaires, corrompus, népotistes, s’est transformée en lueur d’espoir. Ces révolutions arabes qu’aucun pays impérialiste, à l’exception des Etats-Unis, n’a eu le temps de prendre la mesure, sont en train de modifier considérablement le visage du Maghreb. Et de l’Afrique, on peut l’espérer. S’il est encore difficile de présumer de quoi que ce soit, il va sans dire qu’elles sont annonciatrices de profonds changements. L’aval des Etats-Unis est sans doute pour quelque chose. Mais déjà plusieurs éléments permettent de comprendre ces révolutions.

Les régimes autoritaires ne sont plus une garantie pour contenir la poussée islamiste

Les pays occidentaux avaient fait le pari sur le soutien aux régimes corrompus en échange de la lutte anti-terroriste. Or presque 10 ans après les événements du 11 septembre 2001, les états majors de ces pays en sont réduits à constater que les foyers terroristes se multiplient et sont loin de s’éteindre. Bien au contraire. Les Etats-Unis l’ont bien compris. L’islamisme radical a un allié qui est la dictature. Il se nourrit incontestablement de l’autoritarisme des régimes au sein duquel il prospère au lieu de le contenir. Certains pays continuent de penser le contraire. A l’instar de la France qui a cru bon de renouveler sa confiance au dictateur déchu Ben Ali alors que ce dernier était acculé dans ses derniers retranchements.
Après les échecs cuisants des pays occidentaux de venir à bout du terrorisme islamiste, et après avoir payer un lourd tribut sur les terres afghanes, il semble que ces derniers soient revenus à la raison démocratique. L’idée que la démocratisation dans les pays concernés pourra endiguer la poussée islamiste fait donc son chemin. Car on peut se demander, qu’arrive-t-il à un jeune sans travail et à qui on dit de la fermer alors que sa bouche a faim ? Au pire il se remet à Dieu.

L’autoritarisme ne fait pas bon ménage avec la pauvreté

Les dictateurs ont tendance à l’oublier même soutenus par des puissances extérieures, il y a un temps pour le peuple. Et ce temps, c’est celui de la colère. Il est vrai que le dynamisme économique de façade de beaucoup de pays du Maghreb nous avait presque laissé sans voix sur fond d’immobilisme politique. L’on se disait finalement que le modèle chinois (libéralisme économique à la sauce autoritaire) pouvait être exportable. En réalité, ce n’était qu’un mirage. Un songe dans une longue nuit blanche.

Ces révolutions arabes : un modèle de lutte pour les peuples sud-sahariens

Les Africains qui souffrent des quatre coins du continent doivent s’inspirer de la rue arabe. Il est possible de chasser les dictateurs qui s’enrichissent sur leur dos en pillant, bradant sans relâche nuit et jour les ressources de leurs pays. Au profit de leur petit clan familial. Ceci dit, les dictatures du sud de l’Afrique ont encore de la marge. Les jeunesses arabes sont cultivées, disposent des ressources intellectuelles et ont accès aux technologies modernes de communication. Ce qui n’est pas le cas des jeunesses africaines, pauvres, sans ressources intellectuelles et végétant dans une sorte de misère technologique. L’état des universités arabes n’est pas comparable avec celui de beaucoup de pays sud-sahariens. A l’image du Congo Brazzaville où les dirigeants de ce pays ont délibérément assassiné l’un des outils de formation de la jeunesse.