vendredi, mai 09, 2008

Les Noirs ne savent pas chanter…en chœur


OH LORD WE PRAISE YOU
envoyé par xbadboy


Les commémorations du 160e anniversaire de l’abolition de l’esclavage n’annoncent pas très bien la couleur. Et pour cause, les Noirs ont décidé ne pas chanter…en chœur. Par le passé, il eut des querelles byzantines sur les dates, qui se sont soldées au final par deux dates officielles, le 10 mai et désormais le 23 mai. D’une part pour satisfaire l’ego de certains, d’autre part pour bien montrer cette cacophonie si caractéristique des luttes noires. Aujourd’hui, la pomme de discorde semble être la destination. Mais tous ces Noirs, savent-ils au moins où ils veulent aller ? A croire, qu’ils sont venus sur terre uniquement pour amuser la galerie.

Depuis le réveil de la question noire en France, les querelles de chapelles ont redoublé de plus belle. Qui d’entre elles exécutera le meilleur Zouk ou Coupé-décalé sur la place publique pour plaire au Maître ? Entre noms d’oiseaux et doigts d’honneurs, les luttes négrières ont quelque chose d’amusant, mais surtout de consternant. D’un côté, il y a ceux qui sont impliqués dans une démarche de reconnaissance institutionnelle, et de l’autre ceux qui privilégient le terrain. Les premiers accusent les seconds d’êtres « de petits extrémistes de la cause noire », « empêcheurs de dîner en paix avec le maître », les seconds accusent les premiers d’être des « vendus ». Au-delà de l’anecdotique, ce que l’on constate c’est une absence de voix nègres au chapitres de grands chantiers qui intéressent la majorité des Nègres : le racisme, la discrimination, l’égalité effective, et toutes les injustices quotidiennes dont sont victimes les Noires en général. Et ce ne sont pas des exemples qui manquent où on a senti plutôt un black out, Huguette Nomo, Frédéric Dumesnil, Théodore Kambo et bien d’autres que j’oublie de citer. Loin noircir le tableau, toutes les associations (Cran, Coffad, MNH, Collectif DOM, ANC, et que sais-je d’autres etc…) ont à leur manière accompagné ce processus de visibilité des malaises noires. Certains dans un registre de soumission et de reconnaissance institutionnelle, d’autres sur la base d’une démarche terrain de refus de toute compromission. Mais la cacophonie pointe dans ce ciel bigarré de bonnes intentions.

On aurait pu croire que l’expérience d’un tort ou d’exposition à un tort spécifique et irréductible, qui plus est d’ordre racial, pouvait déboucher sur l’invention d’une identité noire capable de rompre avec les siècles de divisions qui ont marqué les luttes noires. Cette insoutenable légèreté de l’homme noir vis-à-vis de sa condition tend à postuler l’existence d’un atavisme victimaire qui le pousse à agir ainsi. Le souvenir des luttes passées ne semble résonner qu’en termes de vague fumée noire. Souvenons nous des personnages aussi illustres que Martin Luther King, Malcom X, Lumumba, Mandela, Marcus Garvey, Du Bois et bien d’autres, tous leurs sacrifices ont été brûlés sur l’autel des divisions internes contre-productifs. A maints égards, ce qui se dégage c’est en réalité l’absence d’une vision globale. Le Nègre n’a pas de vision globale de sa condition qui est liée elle-même à l’attribut de couleur sur la base duquel se fondent toutes les humiliations dont il est l’objet.

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