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dimanche, janvier 09, 2011

Appel pour une République multiculturelle et postraciale


Lilian Thuram, François Durpaire, Rokhaya Diallo, Marc Cheb Sun et Pascal Blanchard lancent L'Appel pour une République multiculturelle et postraciale, suivi de 100 propositions pluricitoyennes. En kiosque dès le 20 janvier 2010 en supplément au nouveau Respect Mag !

Cinquante ans après l’indépendance des Etats africains, il est temps de poser un juste regard sur un passé qui a des résonances contemporaines sur notre société. L’enjeu : que chacun se sente légitime dans le présent, puisse s’approprier une histoire commune.

Il y a cinq ans, les ‘événements’ dans les quartiers pointent déjà les clivages qui, aujourd’hui encore, menacent l’équilibre de notre société. La société française, riche de la pluralité de ses talents, s’est profondément renouvelée. Par contraste, les élites – politiques, économiques, culturelles – ne parviennent pas à intégrer cette nouvelle dynamique.

Il y a un an, jour pour jour, Barack Obama est investi 44ème Président des États-Unis. L’Amérique prouve alors que l’on peut transcender le poids des traumatismes. Les Français se réjouissent de constater les évolutions de la société américaine longtemps déchirée par les préjugés racistes et la ségrégation. Mais nos élites interrogent-elles leur propre faculté à dépasser le poids des héritages ?

Ce même 20 janvier 2009 est aussi le début de la crise politique qui touche les départements ultramarins d’Amérique et de l’Océan Indien. A cette occasion, les Français de l’Hexagone découvrent la situation des outre-mers, la crise sociale, politique et mémorielle qui les traverse.

La société française peine à intégrer sa dimension post-raciale et multiculturelle. Le débat sur « l’identité nationale » s’impose au pays. Notre mécanique se heurte à un défi majeur : comment ouvrir la République à tous les citoyens qui la composent?

François Durpaire, Lilian Thuram, Rokhaya Diallo, Marc Cheb Sun et Pascal Blanchard lancent mercredi 20 janvier l’Appel pour une République multiculturelle et postraciale, afin d’initier un mouvement citoyen en mesure de tracer la voie du changement. Forts de leurs héritages, les auteurs n’ont pas souhaité réunir des doléances, mais recueillir des propositions constructives, destinées à rapprocher la République de ses principes.

Les signataires de l’Appel ont demandé à 100 personnalités, scientifiques ou chercheurs, responsables politiques ou associatifs, acteurs de la société civile ou militants dans les domaines les plus divers, de formuler une proposition concrète pour irriguer de solutions pratiques une nécessaire réflexion sur notre société.

Les 100 propositions nourrissent l’idée que la « diversité », ne doit pas rester « une bonne intention » cantonnée à « un dossier à part », ou devenir « un terme à la mode », mais être envisagée comme une question propre à reconfigurer l’ensemble de la République, dans le sens du mieux-vivre ensemble.

L’Appel pour une République multiculturelle et postraciale suivi des 100 propositions pluricitoyennes sera diffusé en supplément à Respect Mag (numéro de Janvier/Février/Mars), en kiosque à partir du 20 janvier 2010.

Les 5 auteurs ont cosigné l'appel et ont réuni 100 personnalités pour 100 propositions :

Abdellah Aboulharjan, Souria Adele, Marijo Alie, Salah Amokrane, Clémentine Autain, Najat Azmy, Linda Baha, Bams, Sylviane Balustre d’Erneville, Nicolas Bancel, Pascal Bernard, Pascal Blanchard, Ben Salama, Nicole Bénessiano, Noria Belgherri, Suzanne Bellnoun, Esther Benbassa, Gilles Boëtsch, Pascal Boniface, Jean-Marc Borello, Ahmed Boubeker, Jeanette Bougrab, Nedjma Boutlelis, Olivia Cattan, Nicole Cyprien, Carole Da Silva, Karima Delli, Richard Descoings, Jean-Christophe Desprès, Bilguissa Diallo, Rokhaya Diallo, Nassimah Dindar, Mamadou Diouf, Disiz, Adoum Djibrine-Peterman, Faycal Douhane, Françoise Driss, François Durpaire, Romuald Dzomo Nkongo, Hakim El Karoui, Réjane Ereau, Mercedes Erra, Anne Esambert, Eric Fassin, Bétoule Fekkar-Lambiotte, Lionel Florence, Maud Fontenoy, Yannick Freytag, Armelle Gardien, Alain Gavand, Nacira Guénif-Souilamas, Mohamed Hamidi, Dawari Horsfall, Simon Houriez, Jean-Paul Huchon, Nicolas Hulot, Marc Jolivet, Anne Jaworowicz, Almamy « Mam » Kanouté, Sevgi Karaman, Bariza Khiari, Aminata Konaté, Eléonore de Lacharrière, Bruno Laforestrie,Amirouche Laïdi, George-Pau Langevin, Laurence Lascary, Luc Laventure, Anne Littardi, Naïma M’Faddel, Alain Mabanckou, Fadila Mehal, Laurence Méhaignerie, Nordine Nabili, Ousmane Ndiaye, Pascal Obispo, Alexandra Palt, Carole Reynaud-Paliguot, Valérie Pécresse, Alexis Peskine, Pascal Perri, Christophe Robert, Sonia Rolland, Ryadh Sallem, Marie-Laure Sauty de Chalon, Claudy Siar, Patrick Simon, Guillaume Silvestri, Etienne Smith, El Yamine Soum, Fodé Sylla, Christiane Taubira, Jean-Claude Tchicaya, Séverine Tessier, Benoît Thieulin, Louis-Georges Tin, Claudine Tisserand,Aurélien Tricot,Catherine Tripon,Françoise Vergès, Paul Vergès, Dominique Versini, Michel Wieviorka, Rama Yade.


jeudi, septembre 17, 2009

Ecole : enfants d’immigrés par ici la sortie


« Entre les mûrs », « La journée de la jupe », plusieurs films récents ont tenté de nous offrir une photographie pour le moins inquiétant de ce qui est l’école en banlieue avec ses élèves intrépides, perturbés, démotivés, incultes et violents. Le prof apparaissant en héros, un peu à l’image du missionnaire du XIX ème siècle qui allait à l’assaut de l’Afrique pour le sortir de la barbarie, « la fameuse mission civilisatrice ». Devant ce tableau idyllique qui n’échappe pas aux images d’Epinal qui collent à la peau des quartiers périphériques, le manichéisme nous tend presque les bras. D’un côté le professeur, ce messie avec son catalogue de bonnes intentions, qui se pose en victime et de l’autre des sauvageons « en mal de France » décrits comme des êtres indéfiniment irrécupérables et des empêcheurs de tourner en rond. Et si ce portrait dichotomique de la périphérie urbaine n’était qu’un conte de fée qui voulait généraliser des cas particuliers ? Des cas particuliers qui se résument aux rôles de caïds que veulent bien camper certains jeunes nourris au lait du laxisme et de la démission parentale. Mais aussi au poison de la République qui a fait de sa devise « Egalité, fraternité », un beau slogan creux.
IL n’a pas échappé à plus d’un que ce que les jeunes de banlieue veulent c’est s’en sortir. Et ils sont nombreux. Tous ne veulent pas jouer aux caïds, squatter les halls d’immeubles, s’ériger en bourreaux de leurs cadettes. La fille voilée bosseuse et le grand frère macho branleur, disons, c’est un peu fort le café. Tous ne veulent pas ressembler aux « caille-ra » comme ils disent eux-mêmes. Et si l’école de la République n’était pas cette victime que l’on nous présente souvent ? Et si c’était l’école de la république qui fabriquait du « caille-ra » ?.
Plusieurs témoignages de parents aujourd’hui parlent de l’école comme d’une véritable machine à broyer des talents, des individualités dont l’unique voie de sortie se résume à la voie professionnelle. Ainsi de nombreux jeunes ont été ainsi poussés vers la sortie en dépit de bons résultats scolaires. CAP coiffure, médico-social, BEP attaché commercial, Brevet de technicien de surface et de manutentionnaire…, voilà l’éventail des possibles du banlieusard en termes d’orientation dès la troisième.
Dans ce couloir prématuré de la survie professionnelle du banlieusard, les conseillers pédagogiques d’orientation jouent un rôle capital. Ils sont un maillon important dans cette machinerie à broyer la réussite du banlieusard. La fille d’une amie, qui veut devenir médecin, s’est vue ainsi proposer à la fin de la troisième avec insistance par la conseillère d’orientation le CAP médico-social alors qu’elle venait de réussir brillamment son brevet avec mention. Au grand étonnement des parents et du professeur principal. Heureusement, les recommandations de notre chère conseillère ont essuyé un refus catégorique des parents qui avaient eu vent de ces pratiques dans les banlieues. Mais tous les enfants d’immigrés n’ont pas la chance d’avoir des parents bien informés. Hélas, l’école de la République que l’on présente souvent comme une victime de la loi des caïds des banlieues est en réalité elle-même une machine à kärcheriser les bancs d’école. En guise de conclusion, voici le témoignage accablant d’une des meilleures journalistes françaises qui a failli faire les frais des méthodes de l’école républicaine…Bonne rentrée à tous.