mardi, février 24, 2009

Les médias hexagonaux face à la crise en Guadeloupe

Vu de la métropole, la carte postale « Antilles » s’est donc déchirée. Les images d’Épinal de plages lagon, de cocotiers sous le soleil brûlant ont laissé place à des foules noires en colère. Ce qui explique que les journaux métropolitains ont d’abord fait la moue et accueilli le mouvement social en Guadeloupe avec des haussements d’épaules, voire des sourcillements un brin goguenards. Au début, la couverture médiatique s’est attardée sur les malheurs des touristes faisant les frais de la paralysie de l’île due à la grève. En témoigne ce titre, après 10 jours de grève, sur le site de la première chaîne française TF1 : Grève en Guadeloupe : l’industrie du tourisme bloquée. Si les malheurs des touristes retiennent l’attention, ceux des milliers de domiens font l’objet de remarques désobligeantes sur fond de rappel des conséquences financières pour l’économie de l’île. A l'image de ces titres du quotidien Figaro : Guadeloupe/grève : 100M€ de PIB perdus (13/02), Guadeloupe : la grève générale a déjà coûté 130 millions d’euros (02/02). On l’aura compris, ce qui intéresse, en premier lieu, les médias métropolitains, ce sont les malheurs du patronat local et les touristes. En revanche, gros coup d’éponge sur les raisons de la colère à savoir les prix trop élevés, les salaires trop bas sur fond de discriminations raciales.

Si les médias hexagonaux semblent au départ peu s’intéresser au sort des milliers de guadeloupéens dont 20 % vivant en dessous du seuil de pauvreté avec un taux de chômage quatre fois supérieur à celui de la Métropole, ils choisissent en revanche de se concentrer sur le cas Domota. A l'instar du quotidien du boulevard Haussmann qui le considère comme « L’homme qui veut mettre le feu à la Guadeloupe ». Ce titre choisi par le Figaro, dans son édition du 19 février, pour évoquer le combat de celui qu’on surnomme déjà là bas « le messie », ne souffre d’aucune nuance quant au traitement qui est fait par le journal de la crise qui embrase l’île depuis quatre semaines. Le combat du leader du LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) tout comme son charisme ne sont pas du goût de la feuille de chou. En témoigne cette description pour le moins troublante. « (Elie Domota) est un « Syndicaliste habile ».(…). Un homme qui se proclame pacifiste, mais sa rhétorique est bien celle d'un combattant d'une cause indépendantiste qui ne veut pas dire son nom ». Etrange analyse qui évacue d’un revers de la main la véritable toile de fond du mouvement qu’incarne celui qui représente aujourd’hui l’espoir de toute une île.

Mais, le quotidien conservateur n’est pas à son premier coup d’essai dans ses insinuations qui visent à stigmatiser le syndicaliste en un vulgaire indépendantiste. Déjà dans son édition du 16 janvier, le quotidien de droite avait tenté en vain de piéger le digne héritier des « Neg marrons ». Malgré un usage éhonté des questions insidieuses des journalistes « Vous dîtes toujours « la France » comme si vous n'en faisiez pas partie. C'est votre but, de ne plus en faire partie ? , Elie Domota ne s’est pas pour autant démonté. Bien au contraire, sa maîtrise du sujet et sa fidélité aux objectifs de la lutte du collectif qu’il dirige y sont pour quelque chose. Ces insinuations du quotidien du boulevard Haussmann dissimulent mal une volonté de décrédibiliser, voire délégitimer une lutte qui jette une lumière crue sur 400 ans d’ « exploitation outrancière » d’un peuple par une minorité (les Békés) qui contrôle toute l’économie de l’île.

Si aux premières heures de la révolte, les médias hexagonaux ont préféré jouer au chat et à la souris, les jours qui ont suivi, avec le durcissement du mouvement, ont montré une volonté de couverture partagée entre mépris, déni et disqualification. A l’image de l’hebdomadaire l’Express qui parle du syndicaliste comme un « expert dans l’art de souffler le chaud et le froid ». Le black out des médias généralistes sur le mouvement social amène même le Nouvel observateur à ouvrir un débat sur ses pages : Le black-out scandaleux de la longue grève à la Guadeloupe. « L'attitude des médias dominants, vis-à-vis de l'énorme mouvement social à la Guadeloupe, n'est-elle pas un signe de discrimination coloniale ? » s’interroge l’hebdomadaire.
Si la majorité des journaux font l’impasse sur les causes du mouvement, on se contentera de quelques tentatives d’explication comme celle du journal Le Monde avec cet article de Jérôme Gautheret et Thomas Wieder intitulé « Quatre siècles d’incompréhension (19/02)». La feuille de chou multiplie aussi des articles avec une tonalité plutôt factuelle et descriptive de ce qui se passe sur l’île ( Acteurs syndicaux et associatifs sont partagés entre solidarité et inquiétude (18/02), "Depuis cette semaine, la Guadeloupe intéresse de nouveau la métropole (12 /02). Fidèle à sa tradition institutionnelle, le Journal ouvre ses pages à des spécialistes qui analysent ce soulèvement populaire inattendu à l’instar de l’analyse de Tiennot GrumbachSavine, « c’est tout un peuple qui se soulève (12 /02)». Dans le même sillage, c’est à un spécialiste que l’on doit cette analyse sur les causes profondes dans le quotidien Libération : « L’esclavage a été aboli, les départements ont été mis en place, mais personne n’a jamais touché aux règles de propriété en vigueur dans l’île. La Guadeloupe reste dans un système économique colonial et de monopole. Les plantations ont certes disparu mais les descendants des grands planteurs sont aujourd’hui à la tête des enseignes de la grande distribution ou des entreprises d’import-export. Ce qui n’est pas rien dans une île qui importe 90 % de ce qu’elle consomme. L’absence de concurrence se fait encore plus radicale aux Antilles ». En gros, précise le quotidien bobo franchouillard « la crise qui secoue la Guadeloupe tient à une économie locale bâtie sur de grands monopoles guère éloignée du vieux modèle colonial ».

Toutefois, le son de cloche de certains journaux est carrément injonctif. Guadeloupe: "Nous ferons respecter l'Etat de droit si besoin est", prévient Yves Jégo, peut-on lire sur le site du journal L’Express (15/02). Dans ce refrain médiatique hexagonal sur le coût de la grève et le désarroi des touristes, les revendications des grévistes sont reléguées au second plan : la baisse des prix de tous les produits de première nécessité et des impôts et taxes, la baisse "immédiate" de 50 centimes du prix des carburants, une augmentation salariale de 200 euros et le gel des loyers notamment ». En attendant un improbable dénouement…

mardi, février 17, 2009

A quoi ont servi les soins du French doctor aux hôpitaux malades du Congo et du Gabon ?

Dans le livre du journaliste Pierre Péan, "le monde selon K", on apprend que l'actuel ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, aurait touché des émoluments de la part des Chefs d'état congolais et gabonais pour une étude sur l'amélioration du système d'accès aux soins. Au regard de la situation plus que critique des hôpitaux dans les deux pays, on peut légitimement se demander à quoi ont réellement servi les soins du French Doctor ? L'ex-humanitaire et medecin a-t-il réellement adminisitré des soins aux hôpitaux mourants de Brazzaville et de Libreville?
Le Congo comprend un CHU, six hôpitaux généraux, 24 hôpitaux de base fonctionnels et 60 centres de santé. Malgré la retenue évidente d'un rapport commandé par le chef de l'Etat, la description des établissements ne donne pas envie de tomber malade. Au CHU, qui " devrait être le miroir de la santé au Congo ", les bâtiments sont " dans un état de délabrement avancé ", l'équipement lourd est " déficient ou peu performant ", l'équipement d'exploitation "vétuste et parfois inutilisable, les ascenseurs ne fonctionnent plus et l'absence en eau potable dans certains étages (maternité) est inacceptable, ne permettant pas les gestes élémentaires de l'hygiène". Des ordures sont stockées ici et là dans certains couloirs...

A l'hôpital Blanche Gomes, qui " devait servir de vitrine au pays en matière de santé de la mère et de l'enfant " et contribuer ainsi à la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, les locaux, et plus particulièrement le bâtiment principal de quatre étages, '' sont dans un état de délabrement inimaginable (fenêtres cassées, ascenseurs en panne, absence d'eau, d'électricité...) " L'équipement est " déficient (absence d'échographie, d’oxygène, d’aspirateur, d’une seule couveuse) », tandis que les lits sont « vieux et rouillés ». L’absence de maintenance et de d’hygiène sont « visibles partout ». Pourtant, s’étonnent les rapporteurs, un financement de la BADEA et du Congo-B à hauteur de 13 millions $, a été affecté à cette structure sanitaire en 2006 pour la réhabiliter et ouvrir 100 lits supplémentaires, A peu près les mêmes constatations pour les hôpitaux de Makélékélé et de Talangaï. En revanche, les structures privées (telles que la clinique Cogemo, le centre des Brasseries du Congo et le centre médico-social évangélique de Mayangui) sont bien organisées et bien équipées. Aussi, le personnel soignant démotivé des hôpitaux d'Etat va souvent pratiquer "en complément" dans ces structures privées. Maternité Blanche GOMEZ

Pour la mise en place d'un système d'assurance maladie au Congo-B, IMEDA liste une dizaine de conditionnalités qui débutent par "la volonté politique et l'implication réelle de l'État" et se terminent par les mesures qui pourraient " redonner confiance à la population dans son système de santé ". Un an et demi après la rédaction de ce rapport et sept mois avant l'élection présidentielle de 2009, qu'est-ce qui a changé ?
Avant qu'il ne devienne le ministre français des affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner avait proposé au président Denis Sassou Nguesso la création d'une "assurance maladie" au Congo-B. C'est dans ce cadre qu'une étude sur le système de santé congolais avait été réalisée via la société IMEDA (Global Médical Alliance), dont le gérant était Eric Danon, un diplomate alors en disponibilité, actuel ambassadeur à Berne après quelques mois passés à Monaco.

Réalisé par la Dr Isabelle Stroebel et le Dr Jean-Elle Malkin, ce rapport a été avalisé en juillet 2007 par le ministère de la santé. La pauvreté "monétaire" touche plus de 50% de la population tandis que le paludisme constitue toujours la principale cause de mortalité, avec la tuberculose. D'emblée, les rapporteurs relèvent que le développement d'une assurance maladie devra "prendre en considération" que 9,5% de la population active travaillent dans le secteur public, 13,4% dans le secteur privé... et 77,1 % dans le secteur informel !


N.B.

© " La Lettre du Continent " (11/12/08). publié par Mwinda http//:www.mwinda.org. (sources)

lundi, février 16, 2009

Haïti : ils en sont réduits à manger de la boue

En ce début d'année 2009, ce sont les images terribles et effrayantes venues de la première république noire qui retiennent notre attention. Haïti, le pays de Toussaint Louverture, jette ses fils et filles dans l'enfer de la boue. Cette fois ci il n'est plus question "des tonton macoutes" ou encore de "duvaliérisme". L'enfer qui frappe nos frères haïteiens est celui de la faim, la seule chose qui leur reste à manger, c'est la terre. La honte de toute une nation, le desespoir de tout un peuple.

"Quand il n’y a rien à manger, il y a encore de la terre. Le mélange, avec un peu d’eau, du sel et de la matière grasse végétale, donne une masse boueuse lisse. Découpée en rondelle plate et séchée au soleil, elle devient une sorte de « biscuit », « pas appétissant et qui donne des maux de ventre », disent ceux qui en dégustent. Mais c’est bien le seul repas que prennent des milliers de Haïtiens trois fois par jour depuis quelques semaines. Autant dire que Haïti n’en finit pas sa descente aux enfers"


vendredi, février 13, 2009

Black Bazar : Mabanckou lave le linge nègre en public

L’autoflagellation est un sport en ce moment très prisé par les blacks de la place parisienne. Un sport qui, paraît-il, rapporte gros. Les gains peuvent aller du strapontin médiatique convoité à la renommée qu’octroient seuls les tenants de la bien-pensance hexagonale dont la vision idiosyncrasique de la France n’est plus à démontrer. Fini les terrains de foot, les pistes d’athlétisme et de danse, les rings de boxe, c’est dans le monologue de l’auto flagellation que les blacks de France, comme on les surnomme désormais au pays des droits de l’homme, s’illustrent. Un curieux retournement de l’histoire à même de remuer les cadavres de nos illustres combattants de la cause nègre depuis la nuit des temps (de Henri Sylvester à Nelson Mandela en passant par Aimé Césaire, Malcom X, Cheikh Anta Diop, Marcus Garvey, Steve Biko et j’en passe). Quelle mouche tsé tsé de la brousse africaine a pu donc piquer nos frères exilés qui semblent avoir oublier le chemin si difficile parcouru pour obtenir la problématique réhabilitation des descendants de Cham ? Les dieux leur sont-ils tombés sur la tête ? Qu’arrive t-il à la négrogeoisie parisienne ? Certains devenus bourguignons en veulent à mort au tubercule manioc, d’autres en revanche excellent dans l’autodérision ou encore l’art de la division communautaire, le sésame, paraît-il, pour intégrer les allées très sélectives du microcosme politico médiatique franchouillard.

L’heure est grave. Comme le dit l’adage Kongo, le pelage du rat de brousse est désormais cuit. Et chose curieuse, Monsieur Mabanckou, ivre sans doute de son succès (Renaudot 2006), s’est mis lui aussi à pratiquer ce sport très à la mode parmi ceux qu’il est convenu d’appeler les « bountys ». A sa façon, il nous livre dans son dernier opus au titre évocateur « black bazar », sa vision parisienne de la négraille qui a échoué au bord de la seine pour le meilleur et pour le pire. L’enfant noir de Brazzaville n’étale pas seulement le bazar, mais il en rajoute, il enfonce le clou en pratiquant, grosso modo, du black mic mac. Cette fois ci il a vraiment « cassé le verre » au nom du drapeau tricolore « bleu blanc rouge ». Tel un oiseau de mauvais augure, il dessine naïvement les contours du quotidien des enfants de Kemet dans la ville lumière à travers quelques faits marginaux et anecdotiques (la SAPE, Produits éclaircissants etc.…) d’une poignée d’irréductibles de Congo Brazza et de Kinshasa. Cette ethnologie de bas étage à la sauce hexagonale a un arrière-goût hégélien tant la responsabilité historique d’homme semble hors de portée des Nègres. Pourtant ce ne sont pas les exemples de responsabilité qui manquent dans ce quotidien fait d’humiliations incessantes, depuis les tirailleurs sénégalais aux Sans papiers, et ce malgré, les compromissions des uns et la trahison des autres.

De quoi s’agit-il au juste ? En effet, notre sociologue des pratiques africaines de Paris dresse en quelque sorte un nouveau portrait du colonisé ou du néo-colonisé. Une sorte d’exploration des aventures ambiguës des africains de la capitale gauloise au travers de la vie truculente d’un dandy originaire du Congo Brazza. Notre parisien est un amoureux des cols italiens à trois ou quatre boutons, qu’il aime ressentir autour de son cou. Sa panoplie vestimentaire se conjugue en costards cerruti 1884, veste de Gianni Versace etc. à laquelle s’ajoute des weston en croco ou en lézard, des bowen et autres chaussures anglaises etc... En gros, c’est un Sapeur car il fait partie de la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes (SAPE). Son credo pourrait se résumer ainsi « dis mois comment tu noues ta cravate je te dirais qui tu es). Sa bande d’amis (Paul du Grand Congo ou Roger le franco ivoirien etc.…) croisés au Jip’s, un nganda afro-cubain de la place, l’a surnommé « Fessologue » à cause de son obsession pour les derrières des filles. Notre immigré est ainsi capable de lire la psychologie d’une fille rien qu’en regardant les mouvements de son popotin.

Mais notre « plume d’origine contrôlée » ne s’attarde pas seulement sur l’aliénation vestimentaire de ses compatriotes. Il nous apprend aussi dans cette dernière livraison au ton ironique que les Nègres de France ne sont pas tous pareils (franchement il n’y a pas de quoi fouetter un chat). Les blancs non plus ne se ressemblent pas tous, heureusement d’ailleurs, il y a des blonds, des bruns, des roux, des racistes et même des antiracistes). Que certains africains recherchent le « teint jaune papaye » pour ressembler au maître en se décapant la peau à l’aide de produits éclaircissants (rien de nouveau sous le soleil). D’autres, en revanche, cultivent le ressentiment, à cause de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation, à l’instar de Hippocrate, un antillais, voisin de pallier de notre immigré fessologue.

On est loin donc des centres de rétention avant le voyage sans retour, des hôtels insalubres qui crament nos enfants, des taudis de banlieue dans lesquels croupit cette négraille dont Monsieur Mabanckou se veut le porte parole aux yeux de ses nouveaux amis du sérail médiatico-littéraire. On est aussi loin de ces combats pour la dignité que mènent ces hommes et ces femmes venus des Antilles ou d’Afrique qui ensemble poursuivent le message de leurs illustres prédécesseurs. Monsieur Hippocrate, l’antillais du roman de Monsieur Mabanckou n’est pas représentatif de tous les antillais. Après le livre scandale de Olivier Pétré Grenouilleau, nombreux sont les africains et les descendants d’africains qui ont compris la stratégie pour diviser de l’ancien colonisateur. Le discours de Monsieur Hippocrate est aujourd’hui anecdotique, voire insignifiant au regard des combats menés par les dignes fils de Kemet. Fini de jouer au Nègre. Dignité, respect, réhabilitation, unité, sont les maîtres mots des descendants de cham, militants ou pas. L’esclavage, la colonisation, jadis sujets à caution, sont moins de pommes de discordes aujourd’hui que de mangues communes de réflexion parmi les descendants de Cham.

Il semble que Monsieur Mabanckou, dont le talent d’écriture est sans doute indéniable pour avoir obtenu le Renaudot, s’est trompé d’époque. Sans doute pressé par son éditeur. En effet, pendant les années 70-80, la réalité pouvait se confondre, à s’y méprendre, avec le décor qu’il plante du quotidien africain dans ce récit. Mais de l’eau de la Seine a bien coulé sous le pont Mirabeau depuis. La France a changé et les congolais aussi. Aujourd’hui, ces derniers dans leur immense majorité veulent « se caser », c'est-à-dire, s’intégrer dans le décor franchouillard, seule une poignée d’irréductibles continue de squatter les lieux mal famés de Château rouge, Château d’eau, pour aller y dénicher un compatriote ou quelques produits locaux que chinois et hindous vendent désormais un peu partout. De Paris à Limoges, le foufou se vend partout, le client est le même, mais le vendeur ne parle plus la même langue que lui. Le métro boulot foufou est terminé, désormais, c’est RER boulot dodo. Weston, costume Ungaro, cerruti 1884, chaussettes jacquard etc… ont rejoint les placards « éthiopiques » des HLM de banlieue. Les réveils à 4h du matin sont passés par là. L’aliénation vestimentaire ne semble désormais plus qu’être le fait d’une petite minorité.

En attendant le vote de bêtes sauvages de la place, le nouveau récit de Monsieur Mabanckou étonne les Dieux tant « l’aventure ambiguë » du fessologue est à mille lieux du quotidien aujourd’hui de l’africain de Paris. Tels des astres éteints, les amis du fessologue sont aussi des espèces en voie de disparition dans une France où l’amateurisme immigré n’est plus permis. Si « ce n’est pas trop sorcier pour un nègre de jouer au nègre », c’est carrément même suicidaire de le faire. Lois pasqua, ministère de l’immigration et de l’identité nationale, tests ADN, Charters, sont devenus des fardeaux qui alourdissent le quotidien si complexe des africains. C’est une vie et demie où la volonté de s’en sortir a pris le pas sur les extravagances mondaines.