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mercredi, février 15, 2012

Alain Mabanckou et son étonnant « verbe cassé » sur les Noirs de France

Ecrivain multi-récompensé, Prix Renaudot 2006 et aujourd’hui fierté française en Amérique où il enseigne, Alain Mabanckou, d’origine congolaise, est aujourd’hui une icône de cette « France noire » qui a décidé de briser le mur dressé entre elle et la République. En parlant de mur, il y a en un qui tient particulièrement à cœur à l’écrivain franco-congolais et qu’il a décidé de faire tomber d’un trait de plume : le sanglot de l’homme noir. Comprendre, les pleurnicheries et jérémiades inutiles qu’entretiendraient les Noirs au sujet de leur passé colonial et esclavagiste. Pour l’écrivain, les Noirs doivent cesser de se plaindre des humiliations du passé qui leur ont été infligées. En gros, les Noirs doivent cesser de pratiquer le culte de la victimisation, cette forme d’autoflagellation qui confine à l’inaction et à l’immobilisme. Ce discours a provoqué un véritable tollé au sein de la négrosphère hexagonale. Plusieurs personnalités, parmi lesquelles l’historien de la diversité François Durpaire, ont tenu à manifester leur désaccord par rapport à un discours qu’ils jugent caricatural et stigmatisant. Sur le plateau d’Avant-premieres du 26 janvier 2012 sur France 2, l’historien a eu à rappeler son opposition à l’écrivain qui ne s’est pas du tout démonté et a réitéré son analyse pour le moins suranné.

En effet, ce discours de Mabanckou, aux effluves nietzschéens, sommant aux Noirs d’oublier leur histoire, est d’autant plus étonnant qu’en 2012, l’on n’a nulle part vu des Nègres en train de se lamenter sur leur passé. D’où vient cette obsession de Mabanckou sur les Noirs de France et leur passé ? L’écrivain serait-il en train de confondre 2005 et 2012. En effet, en 2005, un débat avait surgi sur le passé de la France dessinant deux Frances, celle des bâtards de la république (les descendants de colonisés) et celle des enfants légitimes (les français de souche). Ce débat, qui avait eu le mérite de soulever d’importantes questions quant à la prise en compte de l’histoire des bâtards dans le récit national, s’est achevé avec la première journée commémorative de l’esclavage le 10 mai 2006 décidé par Jacques Chirac sous l’effet des émeutes de l’automne 2005. Ainsi, l’on reste un peu ba.ba quant à la verve nostalgique de l’écrivain qui passe pour Monsieur contre-temps à défaut d’être la plume de la prise de conscience.

Dans le même registre de l’autoflagellation, l’écrivain n’y est pas encore allé de main morte sur l’hypothétique communauté noire dans la préface qu’il lui a consacrée dans le livre collectif éponyme goupillé par l'historien Pascal Blanchard. Pour rappel, ce livre retrace la saga de ces citoyens bâtards dans la société française depuis le 17ème siècle à nos jours. A bien des égards, cette préface aurait pu être rangée dans le placard de mauvaises plaisanteries. Mais son ton particulièrement consternant, dégoulinant de poncifs regrettables, ne nous pas échappé tant il rappelle un peu le discours que tenaient les « House Negros » dont parlait Malxom X par opposition aux « Field Negros ». L’expression n’est pas de nous, mais c’est le qualificatif que François Durpaire a utilisé au sujet de ce discours pendant leur confrontation sur le plateau d’Avant-premières. Voici ce qu’écrit l’une des belles plumes au demeurant de cette nouvelle génération d’écrivains francophones. Jugez-en par vous-même :

« La composition hétéroclite de la France noire m’a toujours conduit à réfuter l’idée l’existence d’une « communauté noire » française. Une telle communauté aurait nécessité une histoire commune ou du moins une idée centrale qui, si elle était foulée par la République, donnerait au groupe le sentiment de marginalisation ». Or qu’y a-t-il de commun, en dehors de la couleur de peau, entre un Noir en situation régulière qui étudie à Sciences-Po, un sans-papiers d’Afrique de l’Ouest, un réfugié haïtien ou un Antillais de couleur qui, normalement, vient d’un département considéré comme une portion du territoire français ? Rien. En général, ils ne se connaissent d’ailleurs pas et placent leurs rapports sur les vestiges des préjugés nés du monde occidental et qui ont justifié l’esclavage ou la colonisation. En France, le sénégalais, le Réunionnais et le Congolais sont des étrangers entre eux, ne parlant pas une langue commune venue d’Afrique mais le français. Et il en va ainsi de la plupart des Africains. Fiers d’être des sœurs et des frères noirs, fiers de venir du « berceau de l’humanité », d’un peuple qui a « beaucoup souffert », tout laisserait à penser qu’en France ils seraient dans une communauté très soudée. Grave erreur. Ils ne peuvent fonder leur lien sur l’histoire de l’esclavage (ou celle de la colonisation) parce que la plupart des sociétés ont subi ces dominations – faut-il d’ailleurs rappeler l’esclavage fait par des Noirs contre les Noirs ? La race noire ne pourrait donc revendiquer éternellement le funeste monopole de la victime. Pour que l’esclavage eût été le moteur d’une communauté en France, encore eût-il fallu que les Noirs aient pour la plupart échoué dans ce territoire par le bais de ce trafic. Ce qui n’est pas le cas. » Alain Mabanckou préface de la France noire de Pascal Blanchard. P. 7

lundi, février 13, 2012

Diaspora : certains afro-américains refusent le terme africain-americain

C’est un article publié par le site afro-américain Blacknews.com daté du 7 février qui apporte cette révélation sous le titre "African American, Black American or Just American?". Certains afro-américains rejettent le terme africain-americain. Un sentiment grandissant parmi certains citoyens afro-américains depuis l’élection de Barack Obama. Selon le tabloïd en ligne, ces derniers rejettent l’appellation africain-américain parce qu’ils la jugent étrangère voire éloignée quant à la réalité de leur vécu en tant que citoyen américain et ils disent préférer le terme « black » utilisé pour qualifier les captifs africains pendant l’esclavage. Celui-ci, d’après eux, est le plus approprié pour les définir. Comment expliquer ce retour en arrière ? Quelles sont les raisons qui expliquent le rejet de l’ethnonyme « africain-américain » ? Un terme qui représentait encore, il y a quelques années, un consensus parmi l’élite noire des Etats-Unis qui avait choisi de le populariser, dans les années 80, au détriment de black american pour rappeler le lien qui unit les afro-américains à la terre-mère l’Afrique, le continent de leurs ancêtres.

Un débat relancé par l'éléction de Barack Obama

Le débat sur l’appellation des afro-américains a surgi dans la sphère publique états-unienne au moment de l’élection de Barack Obama. L’actuel président américain avait fait l’objet de critiques de la part de certains afro-américains qui le jugeaient peu représentatif des africains-américains et le considéraient alors comme un immigré africain. En effet, le président démocrate est né d’un père immigré kenyan et d’une mère blanche américaine. Théoriquement, il n’est pas africain-américain au sens orthodoxe du terme, c'est-à-dire, qu’il n’est pas en tant que tel un descendant d’esclave. Pour certains intégristes afro-américains, l’appellation africain-américain doit être exclusivement réservée aux descendants d’esclaves. D’où la polémique qui avait refait surface pendant la campagne du candidat démocrate devenu président qui avait préféré, à l’époque, se situait au dessus de la mêlée. Pourtant métis, il fera son coming out sans problème, montrant sa carte d’identité avec la case cochée « blackamerican ». Le débat était clos. C’est clair que l’actuel occupant de la maison blanche n’a aucun problème avec son identité qu’il assume parfaitement, mais préférant, en fin tacticien politique, de choisir la ligne au milieu. Parler non pas aux Noirs mais à l’Amérique. La suite nous la connaissons.


Le retour au mot black

L’élection de Barack Obama, qui semble-t-il a inauguré l’ère post-raciale aux Etats-Unis, est allée de pair avec l’attachement de nombre d’Afro-américains à leur pays d’adoption. Comme si cette élection avait enterré les années de divorce, la hache de guerre entre afro-américains et un pays qui, il y a juste cinquante ans, se montrait encore hostile à leur égard. Et c’est pas fini, car l’Amérique n’a pas totalement enterré ses vieux fantômes. Dans certaines villes du sud, le Nègre est encore accueilli par des pancartes un peu spécial « Nigger out ». C’est dans cette ambiance aux effluves soit disons postraciales, que certains afro-américains se mettent à prendre leurs distances avec l’Afrique. Ils veulent juste qu’on les appelle « Américains » sans plus ou encore « black », un terme plus neutre. Ils disent ne pas renier leur héritage africain, mais rappeler cet attache dans leur ethnonyme n’est pas justifié tant leurs vies, leurs parcours paraissent très éloignés de ce continent qu’ils ignorent. Parmi les témoignages que rapporte le tabloïde virtuel, citons celui de :
Shawn Smith « “I prefer to be called black,” said Shawn Smith, an accountant from Houston. “How I really feel is, I’m American.”“I don’t like African-American. It denotes something else to me than who I am,” said Smith, whose parents are from Mississippi and North Carolina. “I can’t recall any of them telling me anything about Africa. They told me a whole lot about where they grew up in Macomb County and Shelby, N.C.
Gibré George, an entrepreneur from Miami, started a Facebook page called “Don’t Call Me African-American” on a whim. It now has about 300 “likes.”
“We respect our African heritage, but that term is not really us,” George said. “We’re several generations down the line. If anyone were to ship us back to Africa, we’d be like fish out of water.”
Joan Morgan « That act of calling me African-American completely erased their history and the sacrifice and contributions it took to make me an author,” said Morgan, a longtime U.S. citizen who calls herself Black-Caribbean American. (Some insist Black should be capitalized.)

Au regard de ces témoignages, il semble que cette tendance, même s’il ne touche qu’un certain nombre d’afro-américains soit le signe de quelque chose de beaucoup plus profond qui secoue les populations noires américaines. En effet, ces témoignages relèvent ce que l’on nomme en sociologie par le terme de stratégies de distinction sociale. A mesure que l’Amérique devient aussi une terre d’immigration qui réussit aux récents immigrés africains, certains afro-américains de longue date sont tentés par ce type de comportement pour se distinguer de ces citoyens récents n’ayant aucune attache historique avec ce pays. Il s’agit de se protéger par rapport à ces derniers, de revendiquer un statut de citoyen de longue date. Cette attitude n’est pas très éloignée de celle de certains afro-caribéens en France qui refusent d’être associés à l’Afrique coûte que coûte.

mercredi, septembre 15, 2010

Etats-unis : la diversité française s'invite au Black caucus


L’Agence COM 12, en partenariat avec l’agence américaine Wilson Global Communication, l’Association d’étudiants de Sciences Po Paris « Alliance pour le Développement et l’Education en Afrique » (ADEA), le Constituency For Africa USA et Kbey & Partners organisent un voyage d’étude du 15 au 19 septembre 2010 à Washington DC. L’ambition de cette étude est d’établir un dialogue transatlantique sur les questions des minorités dans la sphère politique et économique. Des échanges et rencontres auront lieu avec des parlementaires américains autour des thématiques suivantes : discrimination, diversité, minorités, place de la femme dans la société et l’éducation.