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samedi, juillet 18, 2015

Comment les mafias détruisent la planète

"Ecomafia". Le mot sonne comme un nom de jeu vidéo, mais la France doit le prendre au sérieux et l'ajouter à son vocabulaire juridique. Car c'est bien d'écologie qu'il est question ici, et d'organisations criminelles, italiennes ou pas. Comment qualifier autrement le trafic d'espèces protégées et ces filières dont les gains se chiffrent parfois en millions d'euros ? Que dire d'autre du business des bois rares arrachés aux forêts d'Afrique ou d'Asie, ou de celui des déchets dangereux, ces produits chimiques et autres poisons enfouis dans des décharges ou transportés vers des contrées peu regardantes? Même le sable maritime, utilisé par milliers de tonnes sur les chantiers, fait désormais l'objet d'un pillage mondial.Ces phénomènes ne sont pas nouveaux, mais ils n'ont jamais menacé à ce point la planète. Le juriste Laurent Neyret, auteur d'un rapport sur le sujet remis en début d'année, y voit une explication très simple : "Les profits engendrés par les crimes environnementaux sont très élevés en comparaison de la faiblesse des poursuites et des sanctions applicables en la matière." A lui seul, le commerce illicite d'espèces sauvages dégagerait un chiffre d'affaires annuel estimé à 17 milliards d'euros, ce qui en fait le quatrième trafic du monde après ceux de la drogue, des produits contrefaits et des êtres humains. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), 440000 tonnes de plantes médicinales et 100millions de tonnes de poissons en font les frais chaque année. Un marché dopé par l'essor économique de certains pays d'Asie, la Chine en tête, où la demande des consommateurs ne cesse d'augmenter.Parler de "mafias" n'a rien d'excessif. Les services spécialisés de 62 pays le savent, eux qui ont lancé au printemps une opération baptisée "Cobra III", au cours de laquelle ils ont confisqué 12 tonnes d'ivoire d'éléphant et 119 cornes de rhinocéros. A cette occasion, les douanes thaïlandaises ont saisi 4 tonnes d'ivoire dissimulées dans des conteneurs en provenance de la République démocratique du Congo (RDC) et en partance pour le Laos, puis 511 défenses cachées dans des sacs de thé arrivés du Kenya et destinés, eux aussi, au Laos. Sous la houlette d'Europol, l'Office européen de police, 25 pays du Vieux Continent ont pris part à l'offensive, récupérant au passage 139 kilos de corail, 10 000 hippocampes séchés, 1 230 tortues vivantes, 92 kilos d'ivoire (dont 50 en France), 5 cornes de rhinocéros, et 5 tonnes de bois. Au total, 300 trafiquants ont été arrêtés.Interpol, organisation de coopération policière à l'échelle planétaire, n'est pas en reste. Ses fichiers proposent une saisissante galerie de portraits : des suspects aux CV de caïds, traqués dans le cadre d'une autre opération, "Infra-Terra", mise en route en octobre 2014. A l'époque, 139 délinquants, recherchés dans 36 pays, sont visés. Un appel est lancé pour les localiser. "Si vous disposez d'informations concernant ces personnes, prière d'envoyer un courriel à notre unité de soutien aux enquêtes sur les malfaiteurs en fuite", prévient le site d'Interpol. Dans le lot, neuf cibles prioritaires, soupçonnées de crimes graves contre la faune ou la flore. Depuis, plusieurs noms ont été rayés de la liste, dont ceux de deux boss supposés de l'ivoire : le Zambien Ben Simasiku et le Kényan Feisal Mohamed Ali. Citons aussi l'arrestation en Malaisie d'un trentenaire népalais, Rajkumar Praja. Condamné dans son pays à quinze ans de prison, il était en cavale depuis deux ans. Sa spécialité : la corne de rhinocéros, dont la poudre est si prisée en Asie que son prix dépasse celui de l'or (voir l'encadré page 35).

La difficulté? Remonter jusqu'aux donneurs d'ordres

Le trafic d'animaux a longtemps été traité avec dédain, jusque dans les rangs judiciaires. On y voyait une simple magouille de touriste prêt à glisser une tortue dans son sac à dos. Ces pratiques-là persistent, mais d'autres filières s'activent, plus professionnelles. Aux Etats-Unis, les autorités ont déclenché dès 2011 une opération d'infiltration des réseaux de trafiquants de cornes de rhinocéros et d'ivoire d'éléphant (30 arrestations, 20 condamnations). A leur actif, notamment, l'interpellation de deux commerçants de Los Angeles dont le magasin renfermait des dizaines de cornes, des diamants, de l'argent liquide... Montant total de leurs exportations vers l'Asie du Sud-Est sur la période 2009-2012 : 2,2 millions d'euros.En Amérique du Sud, les techniques des passeurs d'oiseaux n'ont rien à envier à celles des "mules" de la cocaïne. En avion, ils portent autour du torse une gaine sur laquelle sont fixés de minirécipients, tels des boîtiers pour pellicules photo, où sont rangés les oeufs. S'ils convoient des animaux vivants, ils remplacent les boîtes par des alvéoles confectionnées avec des bas de Nylon. "Ils peuvent transporter jusqu'à 40 petits volatiles, en leur nouant le bec", précise un enquêteur. La principale difficulté, pour ceux qui les traquent, est de remonter aux donneurs d'ordres. Du braconnier au revendeur, les intermédiaires peuvent être multiples et sont aussi prudents que des narcos mexicains. Ils savent jouer sur tous les leviers, de la menace à la corruption, et se moquent que certaines espèces puissent transmettre des maladies à l'homme ou aux animaux d'élevage.Plusieurs pays, un temps accusés de passivité ou de complaisance, ont pris la mesure du danger et se mobilisent, comme le Kenya, la Tanzanie ou l'Ouganda. Même la Chine et la Thaïlande, pays "importateurs", durcissent le ton. "Des efforts importants sont en cours, admet Stéphane Ringuet, responsable du programme 'Commerce des espèces sauvages' au sein de WWF France, mais il faut intensifier la lutte contre les gros bonnets et agir auprès des consommateurs, en particulier en Asie, pour tenter de changer les comportements." De la même façon, l'Agence française de développement (AFD), une institution financière publique, mène des actions de sensibilisation et d'aide auprès des populations rurales susceptibles de servir de petites mains aux maîtres du trafic.

Les zones de guerre africaines, terrains de chasse pour les trafiquants

Ces bonnes volontés se heurtent à la fois aux limites du droit international et aux réalités géopolitiques. Ainsi, en Afrique, les zones de guerre sont autant de terrains de chasse pour les trafiquants. Dès 2013, les signataires de la déclaration de Marrakech, un plan d'action en dix points, s'en inquiétaient. "Il ne s'agit plus d'un simple phénomène local, écrivaient-ils. Des réseaux criminels internationaux contrôlent ce trafic et les bénéfices servent parfois à acheter des armes et à financer des conflits civils ou le terrorisme." Une allusion, notamment, aux islamistes chebab somaliens et à l'Armée de résistance du Seigneur en Ouganda.Les obstacles sont également nombreux sur un autre front de la criminalité environnementale : le trafic de déchets toxiques. Là aussi, la menace est planétaire. Ainsi, des millions de tonnes de déchets électriques et électroniques - dont la convention de Bâle (1992) interdit le transport - sont discrètement convoyés chaque année vers la Chine. Une fois sur place, ils sont en partie recyclés, en partie détruits, au mépris de toutes les règles sanitaires. Au passage, divers intermédiaires raflent le jackpot.La France est-elle à l'abri de telles pratiques et des risques de pollution ? Rares sont les affaires qui y défraient la chronique. En 2010, les gendarmes découvrent, dans une entreprise de recyclage de Vitry-le-François (Marne), un trafic de produits électroniques usagés vers l'Asie et le Moyen-Orient. En deux ans, 3 000 tonnes ont pris ce chemin. L'année suivante, un contrôle de conteneurs sur le port de Strasbourg révèle une cargaison de vieux pneus en partance vers le Cameroun et une autre de déchets automobiles, vers le Maroc. "Notre territoire est peu touché par les écomafias, relativise le colonel Manin, patron de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp). En matière de déchets toxiques, nous sommes essentiellement face à une forme de délinquance en col blanc : des patrons qui transgressent les règles pour faire des économies, voire pour assurer la survie de leur entreprise."La police italienne connaît bien ces pratiques consistant à se débarrasser à bas coût des détritus toxiques. La mafia napolitaine, la Camorra, s'est longtemps fait une spécialité de leur évacuation vers des décharges sauvages ou de lointains dépotoirs. Mais les experts que L'Express a interrogés sur place sont formels : l'Italie n'a pas le monopole de ces pratiques. Ainsi, l'ONG locale Legambiente assure que le port européen d'où partent le plus de déchets interdits est non pas italien, mais néerlandais (Rotterdam)."Les enquêtes judiciaires prouvent que c'est un problème mondial, confirme le général Sergio Costa, spécialiste de ces questions à Naples. Je songe à la Corne de l'Afrique, à la Chine, aux Balkans, aux décharges douteuses de Roumanie ou d'Ukraine. Il faudrait uniformiser le droit international. Regardez au niveau européen : nous n'avons pas tous la même définition du crime organisé! Or c'est essentiel.Car, si moi, en tant qu'Italien, je sais ce que signifie le "crime organisé" puisque je le vis au jour le jour, c'est différent pour vous, Français. Disons que vous "l'imaginez"... Comme vous n'avez pas les codes pour comprendre, les choses vous passent sous le nez. Selon moi, vous êtes en retard. Ce n'est pas une accusation, juste un constat."Ce retard empêcherait les autorités françaises, et celles d'autres pays, de voir une réalité inquiétante : des filières sophistiquées, complexes, brouilleuses de pistes, capables de jongler avec les permis, les frontières, les virements."Pensez-vous qu'à l'heure où il suffit d'un clic pour transférer des millions d'euros, l'argent sale gagné en Italie est réinvesti seulement ici ? C'est ridicule. La dernière génération de mafieux est présente dans l'économie légale." Dans son rapport annuel, publié le 30 juin, Legambiente souligne également cette capacité des clans à s'immiscer partout. Pour cette ONG dont les travaux font référence, ils sont "toujours plus internationaux et modernes, opérationnels sur tous les fronts", bref ce sont désormais des "professionnels de l'écomafia".
 
Anne Vidalie , Philippe Broussard
Source : L'Express.fr
 

samedi, décembre 05, 2009

Copenhague : un sommet pour les riches sur fond de conscience tranquille du Citoyen du Nord.

Au moment où s’ouvre à Copenhague, le sommet mondial sur le Climat, quelque part en Afrique des multinationales occidentales sont à pied d’œuvre. Celles-ci sont engagées dans l’exploitation frénétique et sans conditions des ressources énergétiques du Continent noir, ceci dans le mépris total des règles élémentaires de respect de l’humain et de l’environnement. Les cris d’orfraie de certains responsables européens et des différentes organisations mondiales engagées dans la lutte verte ressemblent bien au bruit que fait le tam tam dont, on sait, le cul complètement à l’air.
Ainsi, depuis plus de dix ans, la RDC, l’ex-Zaïre, est un pays à feu et à sang au nom du bien être des citoyens du Nord. Si ce n’est pas le coltan qu’il faut aller y chercher (utilisé dans la micro-informatique), c’est un autre minerai qu’il faut à tout prix arracher à la terre congolaise qui n’est plus qu’un champ de ruines et de cadavres en putréfaction. Pas plus loin de Kinshasa, la terre aussi se venge jetant des millions d’Africains sur les routes de l’exode. La sécheresse pointe son nez sur la Corne de l’Afrique (23 millions de personnes menacées de famine, nous en parlions ici), alors que le lac Tchad, un des principaux du Continent, compte désormais ses gouttes d’eaux. Dans le même temps, Chinois et Français, s’attaquent aux arbres du deuxième poumon de la planète après l’Amazonie, à savoir, la forêt équatoriale qui est aussi l’habitat des Pygmées. Au nom de la croissance et de la course effrénée au monétarisme. Et pendant ce temps, le citoyen du Nord pense à remplir son caddie en prenant les deux roues pour bien se faire voir…et le dirigeant corrompu du sud à s’en mettre plein les poches avant de s’exiler dans un paradis fiscal avec sa dixième épouse au postérieur bien chargé tel un « pousse pousse » rempli de marchandises.

L’esprit de clocher, ne pas voir plus loin que les seules frontières de l’Occident, domine la vision des pays riches qui ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes. Mais il y a aussi un au-delà de l’Europe, des Etats-unis. Cet au-delà se nomme l’Asie, l’Afrique, l’Amérique du sud. Dans ces parties du monde, des hommes et des femmes sont les premières victimes au quotidien de la folie de l’homme moderne vanté par les publicités mercantiles lénifiantes qui le poussent à toujours plus de consommation. Toujours dans la démesure, et en instaurant une société du caddie. Remplir le caddie, voilà à quoi se résume la vie de ce citoyen du Nord qui trouve désormais le bonheur non plus dans le pré, mais dans la forêt interminable des gadgets à consommation.

Sauf que tout cela a un prix. Consommer plus ne va pas sans la destruction de la planète. Consommer plus ne va pas sans l’exploitation des plus démunis. Consommer plus ne va sans le massacre de l’Autre. Consommer plus ne va sans le maintien des dictatures et des fausses démocraties. Consommer plus ne va pas sans l’instauration d’un pseudo commerce équitable inéquitable qui profite toujours aux mêmes. Consommer plus ne va sans imposer des règles injustes au niveau du commerce international comme les APE (Accords de partenariat Economique EU et pays ACP). Ainsi de suite…

Le vélo c’est bien, mais il ne résoudra pas le problème. Le recyclage des déchets c’est bien, mais celui-ci non plus ne le résoudra point. Les énergies renouvelables ou énergies propres produisent aussi autant de déchets et de nuisances. Les solutions sont donc globales. Les pays du Nord doivent réapprendre à leurs citoyens à vivre dans le souci de leur voisin du sud. A moins gaspiller, à moins dépenser, à partager. Ils doivent cesser de ne penser qu’à eux. A leur petit bonheur d’enfants gâtés nourris à la petite cuillère du consumérisme sauvage. Ce sont leurs excès qui sont en partie responsables de la destruction de la planète. La lutte pour la sauvegarde de la planète ne peut se faire sans stopper l’obésité économique des pays du Nord.


http://www.boosterblog.com

samedi, novembre 28, 2009

Brader l'Afrique, une plaisanterie enfantine qui devient réalité


Lorsque nous étions mômes avec mes frères et sœurs, nous plaisantions souvent sur l’idée de « vendre l’Afrique » à des Américains qui pourraient, grâce à leur intelligence et leur argent, la transformer en une « Amérique bis ». Bien évidemment nous étions des gosses et déjà nous étions conscients de l’état dans lequel nous vivons au pays et nous savions que la situation des autres pays africains n’était guère enviable. La médiocrité des politiciens, la dictature et l’absence de perspectives faisaient de nous de potentiels afro-pessimistes. 15 années passées hors de mon pays d’origine, je constate avec amertume que la plaisanterie enfantine est en train de faire son chemin. Ce que nous avions en quelque sorte prédit et envisagé sur le ton de l’autodérision et sur le compte de notre fatalisme devient réalité. Nous savions déjà que les dirigeants africains étaient des incapables. Pas tous, mais ils le sont dans leur immense majorité. De l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique Australe, ils bradent tous la terre comme quelques roitelets l’avaient fait cinq siècles auparavant. Alors que des millions de jeunes africains sacrifient leur vie en tentant de gagner l’Europe. Comme si l’Océan atlantique et la mer méditerranée n’avaient pas assez pris de vies africaines. Pour combien d’années allons- nous encore supporter la connerie de ces fils de p… ? Lisez plutôt le texte ci-après. Edifiant.


La multiplication d’achats ou d’affermages de terres africaines provoque des inquiétudes à travers le continent comme en dehors de l’Afrique. Le phénomène a fait les gros titres de la presse qui le dénonce sans ménagement.
Cette levée de boucliers s’explique par l’histoire du continent où les puissances coloniales et les colons étrangers s’emparaient arbitrairement des terres africaines et déplaçaient les populations qui y vivaient. Mais des considérations pratiques ont aussi une grande importance. Nombre de ces transactions se font sans contrôle, sans transparence, en l’absence de toute réglementation et sans garanties pour l’environnement ni pour la protection des petits paysans contre la perte de leurs droits d’usage coutumiers sur ces terres.
Des millions d’hectares en jeu

L’importance des surfaces concernées a aggravé les inquiétudes. Le projet d’affermer 1,3 million d’hectares à la société sud-coréenne Daewoo a été un facteur clé dans la mobilisation qui a abouti à l’éviction du président malgache Marc Ravalomanana au mois de mars. Au Kenya, le gouvernement peine à surmonter l’opposition locale à la proposition de donner au Qatar le droit d’exploiter 40 000 hectares de terres dans la vallée de la rivière Tana en échange de la construction d’un port en eau profonde. L’Afrique est particulièrement ciblée par cette explosion de l’investissement agricole, car elle est perçue comme disposant de vastes ressources en terres et en main-d’œuvre, bon marché et disponibles, comme d’un climat favorable.
Une étude récente de l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), estime que cinq pays (Éthiopie, Ghana, Madagascar, Mali et Soudan) ont à eux seuls cédé l’exploitation de près de 2,5 millions d’hectares de terres agricoles africaines à des entreprises étrangères. Des entreprises chinoises seraient en train de négocier des contrats portant sur 2,8 millions d’hectares en République démocratique du Congo (RDC), surfaces qu’elles destinent à des plantations de palmiers à huile, et sur 2 millions d’hectares en Zambie destinés à la culture du jatropha, une plante utilisée dans la production de biocarburant. Le Soudan a pour sa part accepté d’affermer 690 000 hectares à la Corée du Sud pour cultiver des céréales. Des sources suggèrent que l’exploitation de près de 6 millions d’hectares de terres agricoles a été ou est potentiellement assignée à des entreprises étrangères, ceci sans compter la proposition faite par la RDC à un syndicat d’agriculteurs sud-africains de leur affermer 10 millions d’hectares.
Perspectives favorables et risques
Ces transferts de terres massifs offrent à la fois des perspectives favorables au développement et des risques certains, déclaré à Afrique Renouveau Olivier De Schutter, Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation qui a écrit que bien que ces investissements offrent certaines perspectives de développement, ils représentent aussi une menace à la sécurité alimentaire et à d’autres droits humains élémentaires. “Les enjeux sont énormes”, a-t-il expliqué à Afrique Renouveau. Malheureusement, “ces contrats dans la forme sous laquelle ils ont été conclus jusqu’à présent ne présentent que des obligations très faibles pour les investisseurs.”
Cependant, pour les pays africains les bénéfices potentiels de ce genre de transactions sont séduisants. L’agriculture africaine attire rarement des investissements et une aide au développement importants – et la récession mondiale actuelle a encore raréfié les sources de financement extérieures – autoriser des sociétés et des gouvernements étrangers à exploiter de larges surfaces agricoles non cultivées peut apparaître comme un moyen de stimuler un secteur sous-développé et de créer de nouveaux emplois.
De nombreux analystes avertissent que dans les faits les bénéfices réels de l’investissement agricole se révèlent beaucoup plus faibles que ceux projetés.
Élaborer une approche stratégique
Ces analystes conseillent aux pays africains de placer les investissements fonciers étrangers dans la perspective stratégique du développement rural. Les deux parties doivent évaluer avec rigueur et réalisme la faisabilité, les bénéfices et les coûts de chaque projet spécifique. Comprendre clairement leurs effets sur le plan social et sur celui de l’environnement, y compris sur la sécurité alimentaire, est également crucial. Dans son rapport, M. De Schutter présente un certain nombre de recommandations concernant ces transactions foncières :
* Libre et complète participation à l’étape préliminaire de toutes les communautés concernées et leur accord collectif — pas uniquement celui de leurs dirigeants * Protection de l’environnement basée sur une évaluation approfondie qui fait la preuve de la validité environnementale du projet * Transparence totale et obligations claires et applicables pour les investisseurs accompagnées d’une législation définissant des sanctions appropriées selon les nécessités * Mesure de protection des droits humains, des droits des travailleurs, des droits fonciers et du droit à l’alimentation et au développement.
Un code de conduite pour les gouvernements qui accueillent les investissements et les investisseurs étrangers pourrait contribuer à ce que les transactions foncières bénéficient aux deux parties et aux communautés locales. M. De Schutter préfère lui mettre l’accent sur la législation internationale des droits de l’homme existante qui peut être appliquée aux grandes transactions foncières et pour forcer les États à respecter leurs obligations envers leurs citoyens
Quoi qu’il en soit, les spécialistes sont d’avis que les pays africains doivent avoir la volonté et la capacité de faire respecter la loi. “Il est vital de renforcer les capacités de négociation”, affirme M. De Schutter ; et pas uniquement les capacités de l’État, mais aussi celles des communautés locales et des parlements nationaux. Nombreux sont les observateurs qui pensent que cet objectif sera le plus difficile à réaliser.
Une analyse de Roy Laishley, Organisation des Nations Unies, Afrique Renouveau
Sources : afrik.com



dimanche, novembre 22, 2009

France : Darcos veut sanctionner l'emploi des Sans papiers


Le ministre du Travail annonce que les préfets pourront prononcer la "fermeture administrative" des entreprises employant des travailleurs sans papiers dans un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France de dimanche.


"Les employeurs d'étrangers en situation irrégulière seront dans le collimateur des inspecteurs du travail", explique le ministre du Travail Xavier Darcos dans un entretien au Parisien-Aujourd'hui en France de dimanche.

Le journal l'a interrogé alors que 5.500 travailleurs sans papiers issus de 1.800 entreprises entament leur sixième semaine de grève. Les initiateurs de ce mouvement estiment être "allés jusqu'au bout avec Eric Besson", rappelle le journal, et espèrent que des négociations sont envisageables avec Xavier Darcos qu'ils doivent rencontrer le 26 novembre prochain.

Les propos de Xavier Darcos au Parisien risquent de les décevoir tant le ministre du Travail se montre intransigeant quant à l'emploi de sans papiers. Le mot qui revient dans l'entretien est "sanction". "Nous allons renforcer les contrôles et recourir à des sanctions qui touchent au porte-monnaie et à l'image de l'entreprise (contrevenante, ndlr) afin d'avoir un effet dissuasif", affirme ainsi Xavier Darcos.

Selon lui, le coût du travail illégal "est estimé à 4 % du PIB, soit 60 milliards d'euros, l'équivalent du budget de l'Education nationale". Aussi, pour combler ce manque à gagner, il explique que "s'il est avéré que l'activité de l'entreprise est construite autour du travail illégal ou de l'emploi de travailleurs étrangers sans titre de travail, on pourra fermer administrativement cette entreprise". Ce "nouveau pouvoir" serait alors confié aux préfets.

Quelque clémence est concédée aux salariés impliqués : "en cas de perte de leur emploi du fait de son caractère irrégulier, les indemnités dues seront néanmoins versées", promet Xavier Darcos. Mais les "donneurs d'ordre", eux, s'exposeront également à des sanctions : "le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010 prévoit une extension de la suppression des exonérations de charges sociales aux donneurs d'ordre complices de sous-traitants qui n'ont pas déclaré leur activité ou qui ont eu recours à du travail dissimulé".

A noter que du côté du PS, la position officielle sur la question sera discutée et tranchée mardi soir lors du bureau national présidé par Martine Aubry, indique Le Parisien. On connaît déjà, rappelle le quotidien, l'avis de Benoît Hamon : "Je suis pour la régularisation des travailleurs sans papiers", avait en effet indiqué le porte-parole du parti socialiste il y a quelques semaines. (source AFP/Europe
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