mardi, novembre 04, 2008

Un Noir à la Maison Blanche ?


Les scènes de liesse observées un peu partout aux quatre coins du monde prouvent que ce mardi 04 novembre n’est pas un jour comme les autres. Un Noir est sur le point de s’installer dans le bureau ovale, un bureau qui jusque là avait les allures d’une chambre secrète réservée exclusivement à l’élite blanche etatsunienne.

Presque plus de 50 ans après l’abolition des lois de ségrégation raciale qui obligeaient les Noirs à vivre d’un côté et les blancs de l’autre, l’Histoire vient de prendre sa revanche sur la folie d’une Nation qui a souvent considéré les descendants d’africains comme des êtres inférieurs. De l’esclave au citoyen africain-américain, l’homme noir a souvent entretenu une relation tragique et sombre avec ce pays ironiquement baptisé « pays de la liberté ». Une véritable aporie comme le prouve encore aujourd’hui l’innommable présence carcérale massive des descendants de Cham.

Que masque la victoire possible de Barak Obama ? Cette victoire pourrait d’abord traduire une profonde volonté de changement des américains usés par huit années de gouvernement Bush. Un président qui laisse une facture salée au contribuable américain : 500 milliards de déficit public et 10 000 milliards de dette sur fond d’enlisement militaire en Irak et en Afghanistan. Le bourbier irakien et afghan ainsi que les erreurs économiques du gouvernement Bush ont fini par réduire définitivement en bouillie les chances des Républicains de conserver le pouvoir.

C’est dans ce contexte marqué par l’affaiblissement du leadership américain dans le monde et l’appauvrissement des ménages américains (dont il faut rappeler qu’ils sont 42 millions sans couverture médicale) que l’africain américain Barak symbolise à la fois un espoir et une chance. Un espoir pour les Etats-Unis dans la mesure où il est question de rompre avec la politique ultraconservatrice de Bush, et une chance pour la réhabilitation du leadership etatsunien dans le monde en plein déclin. Il s’agit donc d’une tâche titanesque. Qui de Obama et de Mc Cain est mieux placé pour le job ? En tout cas aux yeux de l’opinion nationale et internationale, c’est le candidat démocrate qui apparaît comme « the right man at the right place ». Quid donc du vote des super délégués ?

Mais l’american dream à la Obama risque aussi de se transformer en cauchemar. L’arrivée d’un africain américain, bien que métis, peut réveiller les vieux fantômes qui continuent de hanter la maison de l’Oncle Sam. La question raciale en effet n’a pas encore été résolue définitivement. Bien au contraire. Nombreux sont les journaux et les networks qui ont surfé sur la différence physique du candidat démocrate, le tournant en dérision avec souvent un arrière goût racialiste. Le vote des super délégués dont on sait aussi qu’ils sont avant tout en majorité conservateurs risque de faire mentir les sondages d’opinion en faveur du candidat démocrate.

Quelle que soit l’issue du scrutin, il ne fait aucun doute que la victoire de l’un ou de l’autre ne pourra faire litière des questions fondamentales notamment la relance économique et la restauration de l’image de l’Empire américain dont le destin semble aujourd’hui proche de la chute d’Icare.