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dimanche, juillet 20, 2008

La bête immonde et la bête de scène invitées surprises au bal des médias hypocrites



Les grands médias et même certains sites de la communauté afro s’en sont donnés à cœur joie en diffusant une information livrée par le journal Libération selon laquelle la fille de l’humoriste franco-camerounais Dieudo aurait comme parrain JMLP (Jean Marie Lepen). Le meilleur défenseur de la laïcité aurait viré « intégriste catho » avec la bénédiction du représentant de Lucifer en terre hexagonale. On nous aurait menti ? L’athéisme autoproclamé de l’humoriste le plus diabolisé de France n’était qu’un leurre destiné à nous mener en bateau ? Du marketing humoristique destiné à nous vendre de la lessive du comique ? Canular, info ou intox ? En tout cas la vérité médiatique n’a pas eu tous les attributs de la bonne nouvelle ou des saintes écritures ?

Les médias ne se sont pas contentés de diffuser l’info, mais l’ont abondamment commenté à coup d’éditos, de chroniques et de débats fleuve sur fond d’accusation d’antisémitisme. A l’instar du débat sans contradicteurs intervenu sur la chaîne d’info en continu I-Télé entre un journaliste visiblement aux ordres et un certain bonimenteur du nom de Claude Askolovitch.

En spectateur averti, je me suis gardé de ne pas crier avec les loups. J’ai voulu moi-même relever des choses dans ce brouhaha médiatique qui me semblaient incohérentes tant elles avaient les apparences d’une diabolisation orchestrée.

Si l’on considère que le but de cette médiatisation était de montrer le côté sombre, obscur de l’humoriste à travers cette alliance jugée contre nature entre l’antiraciste d'hier et le raciste de toujours, il y a lieu de penser que les médias enfonçaient des portes déjà ouvertes. Pour ce qui n’est plus qu’un fantasme éculé, un secret de polichinelle. A plusieurs reprises, l’humoriste n’a pas hésité à s’afficher avec la bête noire de la politique française. Voyage avec Madame Lepen au Cameroun chez les pygmées, apparition à la fête BBR, et puis son amitié avec un certain Alain Soral etc. On pourrait en remettre une couche en supposant qu’il est peut être même sur écoute, au regard de sa dangerosité. En ce sens que le camerounais menacerait le pacte républicain d’un « pays enlisée » dans les eaux boueuses du communautarisme dont il serait à lui tout seul le principal coupable. Alors de quoi s’offusquent nos médias hexagonaux ? Qu’y a t-il de si nouveau dans cette union sacrée de la bête noire de la politique française et de la « bête de scène » de l’humour hexagonal.

Qui plus est, JMLP est un personnage régulièrement invité dans les médias par les mêmes journalistes qui aujourd’hui jouent les vierges effarouchés. De TF1 à Canal+, en passant par France 5, les grandes chaînes de télévision hexagonale ont longtemps affiché leur dévolu sur l’ex-borgne breton, certains font même dans la sympathie, la camaraderie etc. Il y a lieu de penser que ce festival de baisers à l’endroit du diable continue dans les coulisses et les cénacles parisiens où magouilles et compagnie ont lieu sans que les hypocrites de la place crient aux liaisons dangereuses. Mais pourquoi diable, lorsqu’il s’agit de mbala mbala, ça se bouscule au portillon médiatique ?

Au fond qu’est ce qui est plus grave dans une démocratie ? Entre les représentants de l’Etat et des médiateurs de la société qui fréquentent en catimini celui qu’on présente comme le symbole du mal démocratique et de l’autre les gesticulations d’un amuseur de la galerie ?

Finalement, ce type d’emballement médiatique ne fait rajouter à la suspicion qui pèse sur les médias en général à savoir qu’ils seraient contrôlés et ne diffuseraient les informations que de manière partiale et partielle au nom des intérêts de certains groupes, sélectionnant leurs experts sans contradicteurs dans un débat qui mériterait tout de même un peu de nuance.
Soit il s’agit d’une compagne de déstabilisation, soit les journalistes ne savent plus faire leur métier quitte à diffamer une personne parce que soupçonnée, suspectée, des pires intentions du monde.

mardi, mai 20, 2008

Le communautarisme noir est une insulte aux afrodescendants



ecoutez bien, la journaliste, jean Loup Anselme, un africaniste comme son nom l'indique

Racisme anti-blanc, antisémitisme noir, Nation noire, communautarisme noir, identité noire, bande ethnique, ethnicisation, tribalisation, fracture identitaire, balkanisation, libanisation, anti-républicanisme, la République enlisée, Francophobie etc. une avalanche de notions et d’expressions aussi floues qu’insoutenables alimente aujourd’hui les discours publics et médiatiques au sujet des mobilisations collectives noires. A l’instar des mouvements beurs des années 80-90, les mobilisations collectives des afrodescendants provoquent une sorte d’hystérie « républicaniste » sur fond d’accusations de communautarisme. Pourquoi parlez-vous de communauté noire, mais les antillais ne sont pas des africains, l’immigré malien n’a rien a avoir avec l’ultramarin etc…En réalité ce que dissimule ces discours qui laissent poindre une inquiétude voire un agacement chez certains, c’est tout simplement le fait que les Noirs dans leur immense majorité prennent conscience aujourd’hui du mobile profond de leur marginalisation et exclusion sociale, économique, politique et culturelle. A savoir le fait d’être porteur d’un stigmate de couleur perçu par la majorité comme un tort spécifique et irréductible.

Seulement, ces mobilisations collectives sur fond de prise de conscience sur ce tort spécifique et irréductible que constituerait la couleur de la peau noire ne semblent pas plaire à certains intégristes d’un républicanisme bigot habitués à voir les Noirs désolidarisés et complètement esseulés dans cette souffrance identitaire. Du coup, il convient de coller à tous ces mouvements noirs des qualificatifs aussi injustifiés qu’injustifiables dans l’unique dessein de les disqualifier et de réduire en bouillie les requêtes légitimes qu’ils expriment au nom d’ailleurs d’une application effective des principes républicains.

Ces accusations de communautarisme ne sont ni plus ni moins qu’une insulte lancée à tous les afrodescendants. Une nouvelle façon de les représenter comme le firent les images de ya bon banania. Ainsi, de la même manière que le joyeux Noir banania est assimilé à un grand enfant, le Noir conscient de la spécificité de sa condition serait un communautariste, un raciste, un antisémite. Cette accusation formule grosso modo une interdiction, dissimule un racisme larvé. Elle signifie que le Noir discriminé, ce sujet racisé, sans défense, perçu comme l’antithèse de l’humanité (blanche) souffrant dans son coin tel une souris pourchassée par un chat affamé est préférable à un groupe de Noirs unis par une conscience identitaire d’appartenance à un « Nous collectif ». Ce « Nous collectif » construit sur la base d’une origine et d’une histoire commune, mais désormais réduites en Occident à un simple tort.

Grosse comme une ficelle, l’accusation de communautariste fait sourire tout de même. Comparé au communautarisme de la majorité, celui qui consiste à recruter des personnes en fonction de leur couleur de peau, de leur nom, à octroyer des logements au vu de l’apparence physique des prétendants etc., il y a vraiment de quoi s’étouffer de rire. Favoritisme à l’école, à l’emploi, même les grands partis politiques pratiquent ce communautarisme de la majorité, sans que cela puisse susciter l’indignation des gardiens autoproclamés de l’intégrité républicaine.

En conséquence, il convient d’y voir à travers le procès de communautarisme fait aux Noirs, une nouvelle forme d’indigénisation. Si certains communautarismes bien visibles ne sont pas dénoncés sur la place publique, on peut légitimement parler de racisme contre les Noirs. De la négrophobie. Encore une fois, il s’agit d’une disqualification sur la base de ce tort spécifique. L’arrière plan idéologique et symbolique de cette accusation est celui sur lequel s’appuyèrent les rapports sociaux entre colons et ex-colonisés d’hier. A savoir une infériorisation de l’humanité nègre. Dans la mesure où l’organisation collective noire symboliserait la fin des identités, des statuts, des rôles prescrits pour le Noir. C’est ce qui explique aussi l’infiltration aujourd’hui de certains mouvements noirs afin de contenir leurs velléités émancipatrices.

samedi, février 09, 2008

La République du mépris





Un livre intérressant de Pierre TEVANIAN pour qui veut comprendre les métamorphoses du racisme dans la France des années sarkozy. En voici quelques extraits :
Le racisme républicain peut par exemple être défini par des caractéristiques formelles : il procède par allusions, euphémismes, métonymies. Il a ceci de remarquable qu’il n’exprime pas frontalement de haine à l’encontre des Noirs, des Arabes ou des Musulmans, mais emprunte des détours et méprise plus qu’il ne hait. La haine ne lui est pas totalement étrangère, mais elle n’advient que dans des conditions particulières : lorsque les subalternes manifestent trop ostensiblement, effrontément, radicalement, leur prétention à l’égalité [1]. Le racisme républicain s’exprime le plus souvent sous la forme d’un discours « raisonnable » – ou simulant la raison – opposant de manière manichéenne des entités vagues : « la République » du côté du bien, et du côté du mal plusieurs entités tout aussi vagues (« la violence », « l’insécurité », « l’incivilité », les « caïds de banlieue », l’« intégrisme », le « communautarisme », la « victimisation », la « repentance », etc.) qui ont toutes pour point commun de se rattacher, par le biais de détours rhétoriques bien balisés, à l’immigration et aux populations issues des anciennes colonies. Ce discours structure un monde binaire d’une reposante simplicité, dans lequel même le plus « déboussolé » des « petits Blancs » trouvera aisément des repères et des consolations narcissiques, en opposant :
l’« ordre » au « désordre », la « sécurité » à l’« insécurité », le « respect d’autrui » à la « violence », la « force de loi » à la « délinquance », l’ « État de droit » aux « zones de non-droit » ;
le féminisme et la mixité hommes-femmes aux « traditions » patriarcales, aux « tournantes » et au « voile, symbole d’oppression » ;
l’« islam modéré » à l’« islam radical » (également nommé « islamisme » ou « intégrisme »), les « Lumières » à l’« obscurantisme », le « rationalisme » au « fanatisme », la « modernité » aux traditions « archaïques », la bonne religiosité, celle qui reste « intérieure » (c’est-à-dire invisible), aux expressions religieuses « ostentatoires » et aux tendances envahissantes de « l’islam politique » ; l’ « universalisme à la française » au « communautarisme à l’anglo-saxonne » ; la « cohésion nationale » et le « vivre-ensemble » à l’« éclatement », au « repli » ou à la « guerre ethnique » ;
le bon usage de la mémoire et de l’histoire à la « haine de la France », à la « victimisation » et à la « culpabilisation » qui s’exprime du côté des descendants de colonisés, et à l’« auto-flagellation », la « mauvaise conscience » et la « repentance » qui lui répond du côté des autres Français ; ou encore le bon usage du « devoir de mémoire » et la pleine reconnaissance de l’« unicité de la Shoah » à la « banalisation » de cette dernière et à la « concurrence des victimes ».
Ces séries d’opposition binaires, dans lesquelles la République tient systématiquement le bon rôle et l’« immigration » ou sa « descendance » tiennent tout aussi systématiquement le mauvais, forment les principaux registres du racisme républicain tel qu’il a pu se formuler ces dernières années : le registre « sécuritaire », le registre « féministe », le registre « laïque », le registre « mémoriel » et le registre « libertaire ».

dimanche, octobre 14, 2007

Les tests ADN ou le triomphe d’une conception raciologique et ethnique de la Nation


Sous le pretexte fallacieux de lutter contre les fraudes, l'amendement Mariani sur les tests ADN, encadrant désormais l'entrée des candidats au regroupement familial, symbolise la première dérive raciste et xenophobe d'une conception de la Nation qui se veut non plus républicaine mais ethnique.


"Il y a plus de problème pour un enfant d'un immigré d'Afrique noire ou d'Afrique du Nord que pour un fils de Suédois, de Danois ou de Hongrois. Parce que la culture, parce que la polygamie, parce que les origines sociales font qu'il a plus de difficultés". Ces propos, tenus dans l’émission politique « A vous de juger » en novembre 2005 par l’ancien candidat à l’élection présidentielle, Nicolas SARKOZY, devenu entre temps président, annonçaient déjà la couleur. De ce qui allait s’imposer comme une véritable dérive de la conception française de la Nation. Premier jet de celle-ci : l’amendement Mariani sur les tests ADN. Qui ne sont qu’un pallier parmi d’autres mesures à venir sur le dispositif de lutte contre l’immigration d’origine extra-européenne en général et sud-saharienne en particulier. Destiné aux ressortissants de l’Afrique noire, ceux qui ne sont pas assez entrés dans l’histoire (discours de Dakar, tout le monde s’en souvient), ce dispositif de lutte contre l’immigration subie est d’abord un clin d’œil politique à l’opinion publique nationale manipulée par les médias officiels qui distillent les thèses nauséabondes d’une certaine « haine imaginaire » qu’entretiendraient les citoyens de couleur à l’endroit de la France (Souvenez-vous des ratonnades anti-blancs). Il s’agit donc pour la droite majoritaire de poser un acte politique fort au sujet de la question immigrée devenue l’aune à laquelle se mesure et se juge aujourd’hui en France « le sérieux » d’un gouvernement en matière de gestion de la Cité. En filigrane, on l’aura compris, si la France va mal c’est d’abord à cause des immigrés d’Afrique noire « estampillés gros consommateurs d’allocs dans l’imaginaire du français de base », à qui l’on fait endosser la responsabilité du trou de la sécu, des déficits publics, du chômage de Madame Michu, bref de la crise qui touche les ménages français.
La banalisation de cette vision politique de l’immigré africain a fini par ouvrir la brèche à des idéologies régressives comme la conception ethnique de l’identité française dont le FN n’a plus le monopole. Au-delà de celle-ci, ce sont même les fondements de l’Etat-nation français qui sont entrain d’être démantelés avec en toile de fond la marginalisation, la criminalisation, voire la diabolisation des couches de population d’origine extra-européenne. L’enjeu est de taille. Pourtant, « la nation historique moderne française - symboliquement née avec la révolution française et qui a connu son épanouissement en Europe occidentale jusqu’à la première guerre mondiale - a été une forme politique qui a transcendé les différences entre les populations qu’il s’agisse des différences objectives d’origine sociale, religieuse, régionale ou nationale (dans les pays d’immigration) ou des différences d’identité collective, et les a intégrées en une unité organisée autour d’un projet politique commun »[1]. Aujourd’hui tout cela n’est plus que vieille histoire et qu’il faut stopper à tout prix le polygame africain, érigé à tort en symbole absolu de la désintégration culturelle et politique de la France. Les thuriféraires de l’instrumentalisation politique de la question immigré ont vite fait de trouver en lui le coupable idéal du « mal français », ignorant pour certains qu’ils sont eux-mêmes des citoyens dont les parents étaient étrangers. Mais que signifie donc cette réorientation conceptuelle de la Nation française éloignée de l’expérience sociale ?
En effet, l’élargissement de l’espace social national, - dans les démocraties occidentales, conséquence directe de la stabilisation du phénomène des flux migratoires, de l’accélération du processus européen d’intégration communautaire concrétisé, entre autre par le projet de l’élaboration d’une politique commune européenne de l’immigration prévue par le traité de d’Amsterdam ainsi que les effets de la mondialisation, - a posé avec force la question de la présence et de la place des minorités ethniques en Europe. Leur sédentarisation et leur installation progressive depuis l’arrêt officiel de l’immigration de travail en 1974, ont débouché sur les questions autour de leur citoyenneté et de leur participation à la vie politique. Par ailleurs, ces minorités sont accusées à tort de entrer en concurrence avec les nationaux de souche européenne dans divers domaines dont celui de la reconnaissance symbolique par l’Etat qu’elles veulent, en plus, semble-t-il, condamner à la repentance. L’irruption presque brutale dans le débat public du passé colonial de l’Etat français était un signe avant-coureur qui a mis en lumière le projet en sourdine d’une redéfinition des frontières symboliques entre nationaux de souche et nationaux extra-européens. Le but étant de créer une sorte d’ennemi intérieur qui serait en l’occurrence l’étranger non européen bouc émissaire choisi pour endosser la responsabilité des maux dont souffre la France.
Ce discours d’une France en état de siège plombant sous la fracture ethnique, est vulgarisé par une certaine élite politique et intellectuelle très médiatisée. Il vise à accréditer l’idée que si la France n’avance pas, c’est parce que de hordes sauvages sorties de la brousse lointaine africaine sont venues la coloniser, et que celles-ci annoncent dans un futur proche le péril français sous l’effet du communautarisme grandissant. Impensable aux pays des droits de l’homme, la citoyenneté de couleur ne saurait être compatible avec la vision d’une nouvelle France qui ne peut se reconstruire que sur la base d’une opposition « Eux » et « Nous ». D’où la création d’un ministère associant ignoblement les notions de l’immigration et de l’identité nationale. D’où l’exhumation récente, aussi, des fantasmes antédiluviens largement médiatisés sur l’(in)humanité nègre qui vont de la bite aux odeurs en passant par leurs coutumes et leur mentalité prélogique.
Alors que les fantômes de la barbarie nazie continuent de hanter les vieilles nations européennes, il est surprenant de voir, en France, l’exhumation, à travers les tests ADN, des procédés ignobles de tri sélectif ethnique qui ciblent et stigmatisent une catégorie de la population. Est-il besoin de rappeler que c’est le recensement de la population selon une classification ethnique et raciale qui avait permis les manipulations politico administratives sous le régime de Vichy. La classe politique française semble décidément avoir la mémoire courte, en fournissant une interprétation ethnique comme réponse face au défi multiculturel. Si jusqu’à Si jusqu’à hier, la conception française de l’intégration avait toujours cohabité avec une vision pluriethnique du corps social, force est de reconnaître que l’instrumentation politique de la question immigrée, a précipité celle-ci vers une impasse. Celle de la crispation de « l’identité française » désormais repensée sur les bases tendancieuses de la génétique.

C. N.



[1] Dominique Schapper, cité par Mohand Khellil, sociologie de l’intégration, PUF,1997.

lundi, septembre 17, 2007

Pesticides : le scandale qui empoisonne les Antilles



Les pesticides sont-ils à l'origine d'un désastre sanitaire en Martinique et en Guadeloupe ? C'est ce qu'affirme le professeur Belpomme, cancérologue qui rendra public demain à l'Assemblée un rapport accablant sur cette affaire.

Des morts avérés, des cancers de la prostate en surnombre, des femmes enceintes et des nouveau-nés contaminés, des sols et des eaux durablement pollués... Le scandale du chlordécone, ce puissant pesticide massivement utilisé aux Antilles, que notre journal a révélé le 28 août, prend désormais une tout autre ampleur. C'est ce qu'affirme aujourd'hui le professeur Belpomme, un cancérologue français de renommée internationale, pour qui l'usage généralisé des pesticides aurait provoqué des dégâts irrémédiables en Martinique et en Guadeloupe. Après avoir conduit une mission aux Antilles au printemps dernier, à la demande d'associations écologistes, le scientifique - qui rendra public demain à l'Assemblée un rapport* explosif de 52 pages - assure même que cette « affaire » dépasse de loin celle du sang contaminé. Au coeur des débats du prochain Grenelle
Selon lui, l'ensemble des populations insulaires se trouve « empoisonné », notamment par le chlordécone (interdit en métropole en 1990, mais seulement en 1993 aux Antilles et utilisé clandestinement jusqu'en 2002) ainsi que par le paraquat. Pis : la durée de vie de ces produits chimiques s'étalant sur des siècles, les conséquences sanitaires devraient se faire sentir longtemps, y compris sur les générations nées après l'interdiction du chlordécone.
Même si aux Antilles le dossier pesticides est encore tabou - il a fallu plusieurs années pour que la justice locale déclare recevable une plainte - en métropole, l'affaire agite sérieusement le milieu politique. Contrairement à ses prédécesseurs, Michel Barnier, le nouveau ministre de l'Agriculture, vient de faire interdire le paraquat et promet des aides pour dépolluer les sols. Au ministère de l'Environnement, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet ne dissimulent pas « l'ampleur » du dossier. Enfin, chez les producteurs de bananes antillaises, on se dit désormais prêts à lever le pied, sous condition, sur les pesticides. Le sujet est plus brûlant que jamais : les pesticides et leur usage massif en France seront au coeur des débats du prochain Grenelle de l'environnement, dans moins d'un mois. * Rapport d'expertise et d'audit externe concernant la pollution par les pesticides aux Antilles : conséquences agrobiologiques, alimentaires et sanitaires, et propositions d'un plan de sauvegarde.


Source leparisien.fr

jeudi, août 30, 2007

Les Noirs de France dans l’œil du cyclone : identité, mémoire et citoyenneté


Oiseau de mauvais augure s’il en est, l’élection de Monsieur Nicolas SARKOZY à la présidence de la République française a assombri un peu plus l’horizon politique, sociale et économique de ceux que l’on qualifie désormais de minorités visibles. Non pas que la victoire de Madame Royale aurait changé quelque chose à la situation des Noirs, mais l’alternative républicaine, qu’elle a pu symboliser, dans l’entre deux tours, aux yeux de millions de français, laissait entrouverte la porte, bien que minuscule, des problématiques liées aux populations d’ascendance africaine notamment celles des discriminations et de la mémoire de l’esclavage. La preuve que cette petite porte s’est bien refermée, le discours, après la proclamation des résultas, du futur locataire de l’Elysée annonçant incontestablement la couleur à travers ces mots « Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres ». Comprenne qui pourra. La messe est dite. Il va de soi que ces mots ont un sens politique fort au moment où tente d’émerger une question noire en France sur fond de reconnaissance mémorielle et de revendications égalitaires. Les Noirs sont donc prévenus.


Les différentes associations noires notamment le CRAN qui ont tenté de faire entendre la voix des mélanodermes tout au long de la compagne des présidentielles à travers un questionnaire, à en juger par l’intérêt que les différents candidats y ont accordé, ont dû se résoudre à cette conclusion fataliste « que c’est dur d’être Noir en France ». Si le Collectifdom peut se réjouir de la nomination de son ancien bouillant président Patrick Karam au poste de délégué interministériel pour l’Egalité des chances des Français d’outre-mer, rien n’indique que le sort des domiens, dans cette nouvelle France qui se dessine sous la présidence de Nicolas Sarkozy, est une affaire réglée d’avance.

Le rapport 2006 de la Halde, l’Autorité qui a pour mission de lutter contre les discriminations, se lit sans commentaires. Inutile de rappeler que les Noirs restent les laissés pour compte de la République. Aussi est-il aisé de constater que les luttes symboliques, qui se résument à une meilleure présence des citoyens d’ascendance africaine dans le paysage politique et médiatique, demeurent sans coup férir des combats ingrats sans grand espoir. C’est à ce titre qu’il faut poser la question de l’efficacité de toutes ces batailles somme toute indispensables et honorables, mais qui ont besoin incontestablement de s’inscrire dans la durée.

Dans cette nouvelle France décomplexée, sans gêne, libérée de la chape de plomb que constituait le discours antiraciste convenu d’inspiration républicaine, la négrophobie creuse son trou se nourrissant de surcroît d’une rhétorique présidentielle infantilisante sur l’Afrique et l’homme africain. Cet homme qui n’est pas assez entré dans l’Histoire, le drame semble-t-il de tout un Continent. A côté de ce discours aux relents colonialistes, se trouvent des faits qui viennent chaque jour confirmer le portrait d’une communauté noire divisée, isolée et marginalisée sans grand intérêt pour l’entité nationale. A en juger par l’indifférence quasi générale dans laquelle croupissent les victimes de cette négrophobie rampante et de plus en plus assumée. Est-il nécessaire de rappeler les noms de Ange Mungeni, Frédéric Dumesnil, Ibrahima Sylla, Lamine Dieng, ignorés et oubliés par l’Etat et la justice du pays des droits de l’Homme.

Toutefois on peut se réjouir d’une chose : la défaite des mouvements antiracistes (SOS Racisme, MRAP etc…) dans leur combat contre les injustices des minorités visibles a permis l’émergence des structures communautaires mieux à même de défendre leurs intérêts, sous réserve de leur instrumentalisation à des fins de réussite personnelle. De l’ANC (Alliance Noire Citoyenne), à l’AfricaAgora, en passant par le Cran, AfricaMaat, DiversCités, GKS, Collectifdom, MNH, un rayon de prise de conscience collective semble poindre dans le ciel nuageux d’une France orgueilleuse, nostalgique et sans remords qui continue de regarder de haut ses citoyens d’ascendance africaine. Ces structures si elles réussissent le pari de se fédérer et de parler d’une seule voix pourraient au-delà de leurs différences et spécificités créer une véritable force politique qui fait défaut aux afrodescendants dans l’espace public hexagonal. Mais pour cela, elles doivent résoudre une équation à trois inconnus se déclinant sous les problématiques de mémoire, identité et citoyenneté.

La problématique mémorielle s’impose comme la pierre angulaire de cette lutte pour l’égalité des droits. Elle constitue la trame sinon le référent fondamental sans lequel on ne peut légitimement parler d’histoire commune avec la France. Parce que la présence en France des afrodescendants est intimement liée au passé douloureux et honteux de l’esclavage et de la colonisation que d’aucuns veulent réduire en bouillie ou encore instrumentaliser au nom de l’anticommunautarisme. Cette vérité historique doit toujours être rappelée afin de clouer le bec à tous ceux qui continuent d’entretenir la suspicion sur la présence nègre hexagonale. La question de la reconnaissance et de la dignité sociale des afrodescendants au sein de l’ensemble national est indissociable de ce travail de mémoire.

L’autre problématique qui se greffe sur la question noire, c’est la structuration des masses noires en communauté unie et forte. Peut-on fonder une identité commune sur la base de la couleur de la peau ? Les anti-communautaristes, sous le prétexte fallacieux de défendre l’unité de la République, ont introduit un biais dans la problématique de la question noire, en opposant les Nègres d’Afrique et des Antilles, à grand renfort de reportages, débats télévisuels afin de décourager et discréditer toute velléité unificatrice au sein des populations noires. Les plus fragiles et naïfs d’entre nous sont tombés dans ce piège à gogo pour le bonheur et le plaisir des anti-communautaristes qui préfèrent stigmatiser le combat citoyen des afrodescendants et fermer les yeux sur les vraies fermetures communautaires observées chez certaines populations. Ainsi que le tigre ne clame pas sa tigritude, l’identité nègre n’est pas à démontrer tant elle dispose d’éléments tangibles sur laquelle elle peut se fonder à savoir notre culture et notre histoire communes au-delà de nos attaches géographiques et spatiales. Il faut se départir de l’idée qu’il s’agirait uniquement d’une solidarité épidermique, de couleur sans véritables liens ancestraux. La violence symbolique du regard portée sur tous les Noirs de la Planète devrait inciter à constituer un front uni au-delà de nos spécificités et appartenances géographiques.

Enfin, il faut se rendre à l’évidence que parler de citoyen noir en France, c’est presque prendre ses vessies pour des lanternes tant l’égalité effective promise par la République ne se vérifie pas encore dans les faits. Le citoyen noir français n’existe pas encore. Et cela n’a pas de sens au regard de sa marginalisation politique, économique et sociale. C’est un sous homme réduit à sa couleur de peau et dont la présence ici ou là n’est que tolérance, alibi, faux-semblant, bouche-trou. C’est la raison pour laquelle les luttes actuelles doivent inscrire la citoyenneté pleine et effective des afrodescendants comme un impératif. Pour asseoir celle-ci et ne plus rester les citoyens parias de la France, il faut s’organiser, donc constituer une force politique qui a voix au chapitre. Dans ce pays où l’Altérité est assimilée à la menace, être reconnu dans ses droits et ses devoirs est un combat permanent. La citoyenneté pleine et effective est à ce prix.

C. N.