lundi, novembre 30, 2009

Islam : de quoi les pays européens ont-ils peur ?


Après la France qui a dit non à la « burqua » par la voix de Sarkozy, c’est le Royaume Helvète qui déclare la guerre aux musulmans en refusant clairement les minarets. Contre toute attente, 57% des Helvètes se sont opposés à la future construction de minarets dans le pays. Un résultat qui en dit long sur l’inquiétude que suscite l’enracinement de l’islam en terre européenne.

De quoi les Occidentaux ont-ils peur ? De la menace islamiste ? De l’endoctrinement des citoyens de confession musulmane ? Du prosélytisme présumé de la religion mahométane ? D’une colonisation religieuse qui ne dit pas son nom ? De la crise des vocations dans le catholicisme ? De la chute de la fréquentation des églises ? Des valeurs islamiques qui seraient incompatibles avec les principes occidentaux ?

Que cache cette focalisation presque pathologique sur les symboles de la religion islamique ? L’islam rejouerait-il un nouvel épisode de la postcolonisation ? En réalité, ce spectacle ridicule de vomissement des symboles mahométans traduit davantage une fébrilité des démocraties occidentales. Une fébrilité à laquelle s’ajoute le fait que les pays occidentaux font face désormais à leurs propres contradictions. Les principes universels de liberté n’ont pas été édifiés pour tous les êtres humains. Le principe d’indifférence aux différences rencontrerait donc des limites dès qu’il s’agit de l’islam. Qui plus est dans un contexte de montée incontrôlable de l’islamisme radical.

Toutefois, il ne faut pas tomber dans un excès de politiquement correct. Les Suisses ont parfaitement le droit de refuser des minarets. Même s’ils sont ridicules en faisant cela. Car la construction d’une église dans les pays arabo-musulmans n’est même pas envisageable. Donc qualifier d’intolérance religieuse cette votation suisse ne serait pas très sérieux, compte tenu de la réalité des libertés religieuses dans les pays musulmans.

La plaisanterie, consistant à faire de Charles Martel le passeur à Poitiers, à moitié, des musulmans, est en train de se transformer en cauchemar pour les politiques européens. L’heure est donc grave. L’épouvantail du « choc des civilisations » brandi par Samuel Huntington, il y a quelques années, n’est plus seulement un fantasme, voire un délire de quelques extrémistes des partis xénophobes d’Europe. Même le petit peuple s’en mêle. De quoi s’inquiéter demain pour le vivre ensemble.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis d’accord avec ce texte mais je voulais juste préciser un point : Rien dans les textes religieux ni dans les pratiques musulmanes n’interdit la construction d’édifices religieux chrétiens en terre d’islam. Pour preuve l’ouverture d’églises en terre musulmane est une réalité comme la construction de l’église évangélique de Diyarbakir (Turquie) en 2004, la réouverture de l’église Saint-Joseph à Jerba (Tunisie) en 2005 ou encore la construction de l’église Sainte Marie du Rosaire au Quatar 2008 (même si cette dernière ne possède pas de clocher).
Il n’existe pas d’antinomie entre le lieu saint des chrétiens et celui des musulmans. Sainte Sophie, église , n’est-elle pas devenue une mosquée ? Le problème dans l’acceptation des lieux de culte de l’autre, différent, ne réside pas dans le conceptuel mais dans l’épidermique. C’est une hypersensibilité qui découle des tensions socio-politiques des temps modernes. Le symbolique remplace la pensée profonde et la crise actuelle favorise l’enfermement dans ses référents culturels basiques et primaires.

Salammbo

Anonyme a dit…

La critique de l'européocentrisme ne doit nous exonérer d'une critique sur l'intolérance de certains pays musulmans. On se rappelle en Algérie on avait tué des religieux, des moines. Même si aucune constitution islmaique interdit la construction des églises, le fait est que dans la réalité, cela est toujours difficile. Rien que le port de certains vêtements est prohibé, on voit mal l'érection des lieux de culte autres ceux de l'islam.

Pascale a dit…

Au-delà du résultat de ce referendum se pose une autre question. La démocratie directe est-elle toujours la meilleure façon de résoudre un problème posé ? Doit-on toujours suivre l'avis de la majorité ? Sur des questions qui concernent tous les citoyens de la même façon, c'est peut-être judicieux.
Mais dans ce cas précis, ça ne vise qu'une infime minorité : les musulmans de Suisse. Le vote risquait donc, dès le départ, de se transformer en loi du plus fort.
Par ailleurs, la question posée simplifie à outrance un débat bien plus compliqué. Sous-jacent :
Pour ou contre la liberté de culte pour toutes les religions ?
Pour ou contre l'expression publique de toute religion ?
Et enfin, la plus sensible mais aussi la plus pertinente sans doute dans ce débat : pour ou contre l'intégration de l'Islam dans la société, pour sa reconnaissance officielle(si la liberté religieuse est garantie en Suisse, l'Islam n'y est pas reeconnu au même titre que d'autres religions. C'est une compétence échue aux cantons)
Un vote surtout motivé par la peur (des affiches pour le 'oui à l'interdiction' représentaient les minarets comme autant de missiles pointés !)ne peut pas être synonyme de démocratie.