samedi, février 25, 2012

Césars 2012 : en souvenir d’Habib, Omar nous a tuer !

Lumière « Noir ». Notre boutade oxymoronique n’est pas à ranger, SVP, dans la catégorie humour noir. Un grand noir, en effet, Omar Sy, est entré dans la légende du cinéma français hier en remportant le césar du meilleur acteur pour sa prestation dans le film Intouchable. Un film vu par 19 millions de français. Avec un tel record, il faut dire que cette 37ème cérémonie des Césars 2012 ne pouvait pas ignorer ce succès. Sans le savoir, elle vient d’écrire une des plus belles pages du cinéma français. Non pas parce qu’un Noir vient d’être récompensé, mais parce qu’elle vient de réparer, d’une certaine manière, une injustice. Celle d’avoir longtemps oublié ses talents qui illuminaient depuis longtemps de leur noirceur la scène française sans être reconnu. Les Américains avaient depuis 1964 attribué cette récompense suprême à un Noir en la personne de Sydney Poitier, en pleine période de lutte pour les droits civiques.

Mais last but not least. Au-delà de sa prestation que d’aucuns ont jugé plutôt caricatural notamment les Américains, Omar Sy n’est pas qu’un acteur méritant. C’est aussi un symbole. Pas seulement de la diversité comme tous les commentateurs de France et de Navarre se plaisent à le dire désormais, mais un symbole pour ce que cela représente pour le cinéma français. Celui-ci vient enfin de mettre fin à la longue nuit blanche traversée par ces comédiens peu habitués aux lumières, toujours dans l’ombre. Car ils sont nombreux ces Noirs avoir rêvé de cette lumière, Jacques Martial, Thierry Desroses, et j’en passe. Tous ces talents oubliés par un cinéma replié sur lui-même. Mais il n’est jamais trop tard.

L’an dernier Leïla Bekti avait déjà illuminait de sa grâce naturelle la salle du Châtelet. Aujourd’hui c’est autour d’Omar. Et Omar nous a tuer ! Avec son pas de danse théâtral, son rire bruyant, qui rappelle étrangement celui d’un aîné aujourd’hui tombé dans l’oubli. Souvenez-vous d’Habib Benglia, premier acteur noir qui marqua de son corps peint les planches parisiennes. Excellent chanteur, acrobate, l’acteur noir originaire du Soudan français, actuel Mali, marqua de son empreinte les planches de ce Paris des années 20. Il forma aussi un duo explosif avec Joséphine Baker. C’était l’époque de la vogue nègre. Le talent de l’acteur, qui jouera dans plusieurs pièces et films de l’époque, le propulse sur le devant de la scène médiatique et le rend populaire auprès des Français et des Françaises. Mais au lendemain du second conflit mondial, l’acteur tombe dans l’oubli et meurt dans l’indifférence. En intitulant cet article, « en souvenir d’Habib », c’est aussi une façon de lui rendre hommage et de lui témoigner d’avoir ouvert la voie à des Omar Sy et à bien d’autres, car il fut le premier noir à émerveiller la scène hexagonale par son talent.

lundi, février 20, 2012

Sénégal : que se passe-t-il au Sénégal ?

Après avoir longtemps incarné le modèle à suivre en Afrique en matière d’alternance démocratique, le Sénégal subit, depuis quelques semaines, les soubresauts d’un mouvement populaire de contestation à la fois politique et social. En ligne de mire, la candidature d’Abdoulaye Wade qui veut briguer un troisième mandat après s’être prononcé par le passé sur son retrait de la vie politique. Devant la gravité de la situation dans laquelle de nombreuses personnalités de la vie publique sénégalaise sont impliquées, l’on ne résiste pas à ces deux interrogations. Ce mouvement de contestation est-il le reflet d’un ras-le bol profond de la société civile sénégalaise face à cette candidature de trop du président sortant ? ou s’agit-il tout simplement du zèle incontrôlé d’une opposition en mal d’inspiration qui y a trouvé là un moyen d’assouvir ses objectifs en se servant de la jeunesse et en foulant la constitution sénégalaise ?
Il est difficile de réponde à ces deux questions tant il demeure un faisceau inextricable de raisons qui expliquent ce ras le bol, disons-le, d’une partie de la population sénégalaise. Chômage, prix élevé des denrées de première nécessité comme le sucre, le maïs, paupérisation d’une partie de la population sous l’effet de la crise économique, tels sont les ingrédients de ce cocktail explosif qui menace d’emporter une des plus vieilles démocraties du Continent. S’ajoute à cela, la corruption généralisée d’une partie des élites sénégalaises qui ont longtemps tourné le dos au peuple au profit de leurs carrières politiciennes. Pourtant, Wade, en doux ans, a fait mieux que ses prédécesseurs : construction des routes, modernisation des infrastructures de santé, d’éducation etc. Le bilan est loin d’être parfait mais les progrès sont tangibles. Il semble donc que cela ne suffit plus à calmer les ardeurs d’une jeunesse qui a plus que soif de changement. L’ère Sopi est derrière les sénégalais, et certains se sont retrouvés dans les mouvements de contestation comme le M23 ou encore le Collectif Y en a marre ? Mais qui est derrière ces mouvements ? Qui soutient ces collectifs chargés de contester la légitimité de Wade de briguer un troisième mandat ? On l’ignore.

Contre la « monarchisation » du Pouvoir ?

Mais ce que l’on sait c’est qu’une partie du peuple sénégalais ne veut pas de la monarchisation du pouvoir. Comprendre l’installation des « fils de président » au poste occupé par papa et ceci, dans le mépris des règles élémentaires d’une démocratie. L’on sait que l’obsession de Wade, avant son départ, est de caser son fils Karim qui a déjà échoué lorsque ce dernier a voulu prendre la mairie de Dakar. Mais apparemment le « vieux chauve » ne l’entend pas de cette oreille, qui a décidé coûte que coûte de baliser la voie à son fils. Etrange conception de la vie politique pour un avocat qui avait dû attendre 25 ans avant que les allées du pouvoir lui soient ouvertes. Le vieux a perdu la patience du jeune opposant qu’il fut. Il veut forcer le destin de son fils. Mais c’est aussi le meilleur moyen de ne pas lui rendre service. Car en s’obstinant comme il le fait, il compromet un peu plus l’avenir politique du fils prodige qui aura à gérer l’image désastreux de son géniteur jusqu’auboutiste.

Wade l’arroseur arrosé

Wade fait partie de ces présidents qui ont soutenu les manœuvres de la communauté internationale quand celle-ci s’est attaquée à certains pays africains qui se battaient pour leurs souverainetés (Côte d’Ivoire, Libye). Il a joué au malin pendant ces crises, en roulant les mécaniques avec son ami Campaoré du Burkina Faso, lui aussi échaudé, un temps, par une vague de contestation dans son pays. Il a été sauvé in extrémis par la France. Aujourd’hui c’est au tour du Vieux de connaître le sort des présidents déchus. Comme dit l’adage, « quand tu veux monter en haut du cocotier, assures-toi d’avoir le derrière bien propre ». Apparemment pour le vieux ce n’est pas le cas. Autant vous dire cela risque d'être chaud pour le scrutin du 26 février.

samedi, février 18, 2012

R.I.P : Goodbye Whitney !

Newark (New Hope Baptist Church). C'est là qu'a eu lieu samedi la cérémonie religieuse retransmise à la télévision ayant rendu un dernier hommage à la Diva décédée. Une cérémonie, sobre, digne, émouvante, dans la pure tradition des églises baptistes avec le prêche spectaculaire du Reverend Marvin Winans qui enflammé l’assistance. Plusieurs stars étaient présentes (Revs. Jesse Jackson, Al Sharpton, Oprah Winfrey, Beyoncé et Jay-Z etc.), certains se sont succédé à la tribune pour partager leurs souvenirs et lui témoigner son amour. Parmi les prestations marquantes et remarquées, l’on n’oubliera pas celle de R. Kelly qui a interprété « I Look to You » incluant les paroles de “After all my strength is gone, in you I can be strong.”. Steve Wonder avec son coup de piano légendaire a aussi immortalisé ce dernier moment partagé avec la Diva, en réinterprétant spécialement les paroles de « Ribbon in the Sky" transformées en "An angel of God's choir of love" honorant ainsi la mémoire de la chanteuse. Son partenaire dans « Bodyguard », Kevin Costner a aussi ému l’assistance déclarant « il y a une femme au ciel qui doit en ce moment émerveiller Dieu lui-même se disant comment a-t-il fait pour créer une chose aussi parfaite ». Alicia Keys a tenu à dire que Whitney l’avait inspiré comme beaucoup d’autres chanteuses de sa génération Brandy, Monica et Jordin Sparks. Elle a ajouté « qu’elle nous a aidées à se sentir forte, capable, à être aimer ». « Whitney est un ange pour nous », a-t-elle poursuivi avant de lui dédier sa chanson « Send Me an Angel ».

Enfin, son ex-mari Bobby Brown qui est apparu furtivement aux funérailles accompagné de neuf autres personnes n’a pu finalement assisté à la cérémonie. Lui qui tenait à rester aux côtés de sa fille Bobbi Christina est reparti après un malentendu avec la famille de la défunte. Dans un communiqué transmis à l’Ap, il a tenu à expliquer les raisons de son départ précipité. C'est au moment où résonne dans l'église la chanson "I will always love you" composée par la défunte chanteuse que le cercueil est transporté à l'extérieur. Sa mère Cissy Houston en tête. Agé de 48 ans, seulement, Whitney reposera au cimetière de Fairview dans le New Jersey où repose déjà son père, John Russell Houston, décédé en 2003.



mercredi, février 15, 2012

Alain Mabanckou et son étonnant « verbe cassé » sur les Noirs de France

Ecrivain multi-récompensé, Prix Renaudot 2006 et aujourd’hui fierté française en Amérique où il enseigne, Alain Mabanckou, d’origine congolaise, est aujourd’hui une icône de cette « France noire » qui a décidé de briser le mur dressé entre elle et la République. En parlant de mur, il y a en un qui tient particulièrement à cœur à l’écrivain franco-congolais et qu’il a décidé de faire tomber d’un trait de plume : le sanglot de l’homme noir. Comprendre, les pleurnicheries et jérémiades inutiles qu’entretiendraient les Noirs au sujet de leur passé colonial et esclavagiste. Pour l’écrivain, les Noirs doivent cesser de se plaindre des humiliations du passé qui leur ont été infligées. En gros, les Noirs doivent cesser de pratiquer le culte de la victimisation, cette forme d’autoflagellation qui confine à l’inaction et à l’immobilisme. Ce discours a provoqué un véritable tollé au sein de la négrosphère hexagonale. Plusieurs personnalités, parmi lesquelles l’historien de la diversité François Durpaire, ont tenu à manifester leur désaccord par rapport à un discours qu’ils jugent caricatural et stigmatisant. Sur le plateau d’Avant-premieres du 26 janvier 2012 sur France 2, l’historien a eu à rappeler son opposition à l’écrivain qui ne s’est pas du tout démonté et a réitéré son analyse pour le moins suranné.

En effet, ce discours de Mabanckou, aux effluves nietzschéens, sommant aux Noirs d’oublier leur histoire, est d’autant plus étonnant qu’en 2012, l’on n’a nulle part vu des Nègres en train de se lamenter sur leur passé. D’où vient cette obsession de Mabanckou sur les Noirs de France et leur passé ? L’écrivain serait-il en train de confondre 2005 et 2012. En effet, en 2005, un débat avait surgi sur le passé de la France dessinant deux Frances, celle des bâtards de la république (les descendants de colonisés) et celle des enfants légitimes (les français de souche). Ce débat, qui avait eu le mérite de soulever d’importantes questions quant à la prise en compte de l’histoire des bâtards dans le récit national, s’est achevé avec la première journée commémorative de l’esclavage le 10 mai 2006 décidé par Jacques Chirac sous l’effet des émeutes de l’automne 2005. Ainsi, l’on reste un peu ba.ba quant à la verve nostalgique de l’écrivain qui passe pour Monsieur contre-temps à défaut d’être la plume de la prise de conscience.

Dans le même registre de l’autoflagellation, l’écrivain n’y est pas encore allé de main morte sur l’hypothétique communauté noire dans la préface qu’il lui a consacrée dans le livre collectif éponyme goupillé par l'historien Pascal Blanchard. Pour rappel, ce livre retrace la saga de ces citoyens bâtards dans la société française depuis le 17ème siècle à nos jours. A bien des égards, cette préface aurait pu être rangée dans le placard de mauvaises plaisanteries. Mais son ton particulièrement consternant, dégoulinant de poncifs regrettables, ne nous pas échappé tant il rappelle un peu le discours que tenaient les « House Negros » dont parlait Malxom X par opposition aux « Field Negros ». L’expression n’est pas de nous, mais c’est le qualificatif que François Durpaire a utilisé au sujet de ce discours pendant leur confrontation sur le plateau d’Avant-premières. Voici ce qu’écrit l’une des belles plumes au demeurant de cette nouvelle génération d’écrivains francophones. Jugez-en par vous-même :

« La composition hétéroclite de la France noire m’a toujours conduit à réfuter l’idée l’existence d’une « communauté noire » française. Une telle communauté aurait nécessité une histoire commune ou du moins une idée centrale qui, si elle était foulée par la République, donnerait au groupe le sentiment de marginalisation ». Or qu’y a-t-il de commun, en dehors de la couleur de peau, entre un Noir en situation régulière qui étudie à Sciences-Po, un sans-papiers d’Afrique de l’Ouest, un réfugié haïtien ou un Antillais de couleur qui, normalement, vient d’un département considéré comme une portion du territoire français ? Rien. En général, ils ne se connaissent d’ailleurs pas et placent leurs rapports sur les vestiges des préjugés nés du monde occidental et qui ont justifié l’esclavage ou la colonisation. En France, le sénégalais, le Réunionnais et le Congolais sont des étrangers entre eux, ne parlant pas une langue commune venue d’Afrique mais le français. Et il en va ainsi de la plupart des Africains. Fiers d’être des sœurs et des frères noirs, fiers de venir du « berceau de l’humanité », d’un peuple qui a « beaucoup souffert », tout laisserait à penser qu’en France ils seraient dans une communauté très soudée. Grave erreur. Ils ne peuvent fonder leur lien sur l’histoire de l’esclavage (ou celle de la colonisation) parce que la plupart des sociétés ont subi ces dominations – faut-il d’ailleurs rappeler l’esclavage fait par des Noirs contre les Noirs ? La race noire ne pourrait donc revendiquer éternellement le funeste monopole de la victime. Pour que l’esclavage eût été le moteur d’une communauté en France, encore eût-il fallu que les Noirs aient pour la plupart échoué dans ce territoire par le bais de ce trafic. Ce qui n’est pas le cas. » Alain Mabanckou préface de la France noire de Pascal Blanchard. P. 7

mardi, février 14, 2012

Elections 2012: équipes de campagne et « diversité » ne font bon ménage

Alors que Nicolas Sarkozy annoncera officiellement sa candidature mercredi, Le Negropolitan a voulu jouer le poil à gratter des équipes de campagne des prétendants à l’Elysée. Sans grande surprise, elles lavent encore très blanc, même si certaines améliorations ont été constatées au sein de quelques formations.


Au niveau des grands partis, c’est le PS qui affiche le plus de couleurs en alignant quelques figures de la diversité y compris dans la direction de campagne. Parmi les heureux basanés appelés à rejoindre la dream team du candidat socialiste, citons pêle-mêle, Yocobina Makanda, coordinatrice du cabinet de François Hollande dirigé par Faouzi LAMDAOUI. Ce dernier n’est pas le seul maghrébin puisque Kader Arif a hérité le maroquin de la coopération. Georges Pau-Langevin, Sofia Otokoré et Christiane Taubira, sont notées dans l’organigramme, mais leurs fonctions restes imprécises (Questions sociétales pour la première, chargée de mission pour la seconde et représentante particulière pour la dernière). Pas de quoi donc fouetter une gazelle.

L’UMP, qui a fait le ménage avant l’entrée en scène de son candidat en chassant du basané hors de ses territoires, n’affiche pour l’heure aucune couleur. L’équipe restreinte déjà annoncée qui accompagnera le président sortant ressemble au manteau blanc de l’hiver. L’on ignore si Monsieur Guéant, annoncé en maître des cérémonies de la campagne, pourra faire de la place à des sauvageons et sauvageonnes venus des civilisations inférieures. Ca c’est pas gagné. En matière de civilisation, le FN, autre vestige du discours suprématiste, n’a pas dérogé à la règle, alors que le parti attire désormais des identitaires basanés déçus de la gauche républicaine. S’agissant de ces basanés, si la vétérane Huguette Fatna continue de traîner avec la bande à l’ex-borgne, Yves Munguama n’a pas eu cette chance. Selon le site F.desouche, le bantu aurait été tout simplement expulsé du comité de soutien de Marine Lepen dirigé par l’avocat Gilbert Collard.

Autre parti à se distinguer dans la chasse au basané, les Verts. Après avoir refusé par le passé les services de son ancien porte-parole Stéphane Pocrain, Europe-Ecologie restent toujours verte. L’on attend toujours que le fruit murisse en matière de diversité, même si Jean Placé est devenu entre temps l’arbre qui cache la brousse. Ce dernier est d’ailleurs bien placé dans son rôle de président de campagne. De la brousse au Modem, il n’y a aujourd’hui qu’un pas grâce à la magie de la technologie. Le parti, effet, connaît peu de difficultés de connexion en la matière, car, il affiche Abdoulatifou Aly et Thierry Robert. Venus des DOM ROM, le premier est Député de Mayotte, il siège à la commission des lois de l’Assemblée nationale ; le second est Maire de Saint-Leu, sur l’île de la Réunion, depuis 2008, il est aussi vice-président du Conseil général. Enfin, concernant les petits candidats, les équipes restent introuvables. Apparemment Philipe Poutou, Dominique De Villepin, Nathalie Arthaud et Frédéric Nihoud, ont choisi de faire la bamboula dans leur coin comme les médias meanstream le laissent entendre. En attendant le décryptage du contenu des programmes, l’affiche des présidentielles 2012 est bien pâlotte.

lundi, février 13, 2012

Diaspora : certains afro-américains refusent le terme africain-americain

C’est un article publié par le site afro-américain Blacknews.com daté du 7 février qui apporte cette révélation sous le titre "African American, Black American or Just American?". Certains afro-américains rejettent le terme africain-americain. Un sentiment grandissant parmi certains citoyens afro-américains depuis l’élection de Barack Obama. Selon le tabloïd en ligne, ces derniers rejettent l’appellation africain-américain parce qu’ils la jugent étrangère voire éloignée quant à la réalité de leur vécu en tant que citoyen américain et ils disent préférer le terme « black » utilisé pour qualifier les captifs africains pendant l’esclavage. Celui-ci, d’après eux, est le plus approprié pour les définir. Comment expliquer ce retour en arrière ? Quelles sont les raisons qui expliquent le rejet de l’ethnonyme « africain-américain » ? Un terme qui représentait encore, il y a quelques années, un consensus parmi l’élite noire des Etats-Unis qui avait choisi de le populariser, dans les années 80, au détriment de black american pour rappeler le lien qui unit les afro-américains à la terre-mère l’Afrique, le continent de leurs ancêtres.

Un débat relancé par l'éléction de Barack Obama

Le débat sur l’appellation des afro-américains a surgi dans la sphère publique états-unienne au moment de l’élection de Barack Obama. L’actuel président américain avait fait l’objet de critiques de la part de certains afro-américains qui le jugeaient peu représentatif des africains-américains et le considéraient alors comme un immigré africain. En effet, le président démocrate est né d’un père immigré kenyan et d’une mère blanche américaine. Théoriquement, il n’est pas africain-américain au sens orthodoxe du terme, c'est-à-dire, qu’il n’est pas en tant que tel un descendant d’esclave. Pour certains intégristes afro-américains, l’appellation africain-américain doit être exclusivement réservée aux descendants d’esclaves. D’où la polémique qui avait refait surface pendant la campagne du candidat démocrate devenu président qui avait préféré, à l’époque, se situait au dessus de la mêlée. Pourtant métis, il fera son coming out sans problème, montrant sa carte d’identité avec la case cochée « blackamerican ». Le débat était clos. C’est clair que l’actuel occupant de la maison blanche n’a aucun problème avec son identité qu’il assume parfaitement, mais préférant, en fin tacticien politique, de choisir la ligne au milieu. Parler non pas aux Noirs mais à l’Amérique. La suite nous la connaissons.


Le retour au mot black

L’élection de Barack Obama, qui semble-t-il a inauguré l’ère post-raciale aux Etats-Unis, est allée de pair avec l’attachement de nombre d’Afro-américains à leur pays d’adoption. Comme si cette élection avait enterré les années de divorce, la hache de guerre entre afro-américains et un pays qui, il y a juste cinquante ans, se montrait encore hostile à leur égard. Et c’est pas fini, car l’Amérique n’a pas totalement enterré ses vieux fantômes. Dans certaines villes du sud, le Nègre est encore accueilli par des pancartes un peu spécial « Nigger out ». C’est dans cette ambiance aux effluves soit disons postraciales, que certains afro-américains se mettent à prendre leurs distances avec l’Afrique. Ils veulent juste qu’on les appelle « Américains » sans plus ou encore « black », un terme plus neutre. Ils disent ne pas renier leur héritage africain, mais rappeler cet attache dans leur ethnonyme n’est pas justifié tant leurs vies, leurs parcours paraissent très éloignés de ce continent qu’ils ignorent. Parmi les témoignages que rapporte le tabloïde virtuel, citons celui de :
Shawn Smith « “I prefer to be called black,” said Shawn Smith, an accountant from Houston. “How I really feel is, I’m American.”“I don’t like African-American. It denotes something else to me than who I am,” said Smith, whose parents are from Mississippi and North Carolina. “I can’t recall any of them telling me anything about Africa. They told me a whole lot about where they grew up in Macomb County and Shelby, N.C.
Gibré George, an entrepreneur from Miami, started a Facebook page called “Don’t Call Me African-American” on a whim. It now has about 300 “likes.”
“We respect our African heritage, but that term is not really us,” George said. “We’re several generations down the line. If anyone were to ship us back to Africa, we’d be like fish out of water.”
Joan Morgan « That act of calling me African-American completely erased their history and the sacrifice and contributions it took to make me an author,” said Morgan, a longtime U.S. citizen who calls herself Black-Caribbean American. (Some insist Black should be capitalized.)

Au regard de ces témoignages, il semble que cette tendance, même s’il ne touche qu’un certain nombre d’afro-américains soit le signe de quelque chose de beaucoup plus profond qui secoue les populations noires américaines. En effet, ces témoignages relèvent ce que l’on nomme en sociologie par le terme de stratégies de distinction sociale. A mesure que l’Amérique devient aussi une terre d’immigration qui réussit aux récents immigrés africains, certains afro-américains de longue date sont tentés par ce type de comportement pour se distinguer de ces citoyens récents n’ayant aucune attache historique avec ce pays. Il s’agit de se protéger par rapport à ces derniers, de revendiquer un statut de citoyen de longue date. Cette attitude n’est pas très éloignée de celle de certains afro-caribéens en France qui refusent d’être associés à l’Afrique coûte que coûte.

dimanche, février 12, 2012

Mort de Whitney Houston : la malédiction des stars afro-américaines

Whitney Houston, chanteuse et actrice américaine, surnommée « the Voice », est décédée samedi 11 février 2012 dans un hôtel de Beverly Hills. Elle avait 48 ans. Cette mort ressemble étrangement à celle du King of Pop, Michael Jackson mort aussi par overdose de médicaments et après avoir connu de graves soucis financiers. En effet, alors que les résultats de l’autopsie ne sont pas encore connus, certaines sources bien informées indiquent une surdose de médicaments et une mort par noyade. La diva était ruinée et souffrait de toxicomanie chronique. Selon le site TMZ, les policiers auraient trouvé plusieurs boîtes de médicaments vides.

Si l’autopsie confirme ces révélations, il pourrait bien s’agir d’une véritable malédiction qui s’abattrait sur les stars noires afro-américaines. Le cocktail problème d'argent et addiction médicamenteuse semble devenir leur lot commun. The King of Pop avait lui aussi connu des déboires financiers avant sa disparition. Whitney Huston vient s'ajouter à la liste après avoir été l'une des artistes pop ayant vendu le plus de disques au monde. La suite on la connaît. Problèmes d’argent, drogue, alcool et une relation tumultueuse avec son ex-mari le rappeur Bobby Brown qui l'aura précipité vers cette fin tragique.


Il va de soi que ces morts brusques et violentes restent pour le moins étranges et mystérieux. Ces stars noires ont-elles du mal à gérer leur fortune, leur carrière, leur vie de couple, mais aussi leur entourage aussi bien familial que professionnel pas toujours recommandable ? Au regard des parcours flamboyants de leurs homologues hollywoodiens, ayant vendu autant le même nombre de disques et connu un succès similaire, ces chutes tragiques posent, en tout cas, la question de l’ivresse du succès des icônes noires du Show-bizz américain.