samedi, avril 14, 2012

Elections françaises : le MAF appelle à voter pour Hollande


Les Africain-Français ont choisi Hollande. C’est l’une des principales annonces faite par Calixthe Beyala, la présidente et fondatrice du Mouvement des Africain-Français lors de son premier congrès qui s’est tenu au Palais des Congrès de Paris situé Porte Maillot. Crée le 25 juin 2011, ce mouvement qui revendique près de 600 000 sympathisants, en moins d’un an d’existence, voulait frapper un coup fort dans la campagne présidentielle française. Et l’on peut dire qu’avec cette annonce, c’est chose faite. Il ne s’agit pas du PS, mais seulement du choix d’un homme, à savoir Hollande, a tenu à préciser Mme Beyala. Car le MAF se veut une organisation indépendante des obédiences politiques classiques. Alors Hollande est-il le bon choix pour les Africain-français ? C’est à croire que oui selon les organisateurs, car, disent-ils, il faut éviter le risque d'autres bombardements sur l’Afrique. Naïveté ou lucidité ? Ambiance.

Un congrès haut en couleurs et en émotion

Venus pour la plupart en famille, les Africain-Français ont pris d’assaut la grande salle du palais de Congrès de Paris, pour exprimer, d’une seule et même voix, leurs préoccupations dans le cadre de la campagne présidentielle française. Vêtus de tenue Noir et blanc pour la plupart, les membres et sympathisants du MAF ont assisté à un meeting haut en couleurs et en émotion, qui a accueilli des personnalités de marque comme l'ancienne ministre de la justice Elisabeth Guigou ou encore Jacques Cheminade, candidat à l'élection présidentielle. C’est par le Gwaka, cette musique traditionnelle afro-caribéenne, que la cérémonie s’est ouverte. Véritable clin d’œil aux îles et aux frères de la diaspora, les Tam-tam, djembé et maracas insulaires ont enflammé ce grand rendez-vous des Africains de France, aux allures de secte, mais ô combien émouvant. Du Gwaka à l’hommage à Whitney Houston rendu par la jeune et belle chanteuse Kristel Adams ex- the Voice, ce show très politique, en même temps, sobre et digne, animé par Amobé Mévégué, s'est déroulé sous le signe de la convivialité et de la générosité.

Hommage aux enfants morts et aux femmes violées de la RDC

La grande famille africaine de France voulait aussi marquer son soutien aux victimes des guerres impérialistes menées sur le Continent en particulier celles de la RDC. Et c’est un musicien congolais qui a eu l’immense honneur et courage de rappeler la guerre oubliée du Congo par une minute de silence mémorable. Dans une prestation digne et sobre se voulant un hommage aux enfants et aux femmes victimes de la barbarie impérialiste, Olivier Tchimanga, en larmes et inconsolable, a tout simplement frappé les esprits avec son coup de guitare légendaire. Au point qu’il a perdu sa voix pendant sa prestation, provoquant ainsi une grande émotion dans la salle. Ouvrant le panel d’intervention, Jean Charles Coovi Gomez, qu’on ne présente plus, disciple de Cheikh Anta Diop, a lui aussi offert un grand moment d’émotion à la salle. Dans une démonstration digne des grands guerriers d’Afrique, l’égyptologue n’y est pas allé de main morte, rappelant, depuis les temps immémoriaux, la grande contribution des enfants d’Afrique au rayonnement de la France. Bruno Ben Moubamba, ancien candidat à l'élection présidentielle gabonaise, a lui aussi immortalisé ce rendez-vous avec un brillant exposé sur la politique internationale de la France dont il a brocardé le zèle et les incohérences.

L’ombre de Gbagbo et l’appel au renouveau du partenariat France-AFrique

Puis, les sifflets et les applaudissements fusant dans la salle, l’arrivée de la présidente n’est pas passé inaperçue. Nœud papillon noir, chemise blanche, Mme Beyala enveloppée dans un deux pièces noir est apparu rayonnante mais ferme. Dans une verve colorée mais incisive, la romancière n’a pas mâché ses mots face au dévoiement des principes républicains auxquels elle a rappelé son attachement. Appelant à un renouveau du partenariat France-Afrique fondé sur l’estime et le respect mutuel, Mme Beyala a fustigé les guerres de prédation et de recolonisation à l’instar de celles de la Lybie, du Mali et de la Côte d’Ivoire. Elle a aussi déploré l’absence des Africains-Français dans les hautes sphères politiques, économiques et médiatiques dénonçant ainsi l’exclusion et les discriminations dont sont victimes ces derniers.

Mais l’autre annonce d’importance dans cette grande cérémonie qui fait sortir de l’ombre ce mouvement encore inconnu du grand public, c’est lorsque l’écrivaine a soulevé la question des guerres judiciaires menées contre les Africains par la CPI, ce tribunal pour nègres,  dont elle a par ailleurs demandé la fermeture. « La CPI est un instrument esclavagiste destiné à punir les dirigeants du sud », a-t-elle martelé en substance. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir les nombreux partisans présents dans la salle de l’ancien président ivoirien déchu, scandant en chœur « Libérez la Côte d’Ivoire, libérez Gbagbo ».

Le MAF veut être un grand mouvement politique

Riche en émotions, mais aussi en annonces. Le MAF ambitionne de devenir un grand mouvement politique avec le souci de peser sur les grandes décisions concernant les citoyens Africains Français et l’Afrique. Pas de mendicité, car le MAF refuse les subventions. Il n’est pas non plus un mouvement contestataire mais davantage une force de proposition et de responsabilisation, dixit Beyala. Vaste projet en tout cas qui prévoit entre autre la création des Maisons de culture africaine destinées à aider par exemple les enfants désclorisés.  Parmi les autres actions annoncées figure l’abrogation du décret du roi daté de 1777 interdisant l'entrée en France des « Nègres, mulâtres et gens de couleur ». Plus anecdotique, l'abandon du vocable « diversité » récemment popularisé en France pour désigner les minorités coloniales. Ce mot constitue une insulte aux citoyens extra-européens, selon la romancière, qui appelle d’ores et déjà à le rayer du vocabulaire. Car les Africains-Français ne sont pas une quantité négligeable à l’image de ce qui est « divers » et ils exigent leur part du gâteau républicain.

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