lundi, août 18, 2008

L’éternel voile de soupçon sur les exploits des sportifs noirs ?


Le nuage est gros, mais n’arrivera pas à assombrir le ciel serein couronné de Usain Bolt. Ce monsieur de 22 ans à peine qui avec son 1,96 m vient de faire voler en éclat le record olympique sur la distance mythique du 100 m. Des voix grondent ou plutôt ronchonnent ici et là, particulièrement en France où un certain Franck Chevalier vient de l’ouvrir. On aurait aimé qui la ferme celui là. Son caquet. «Ils ont des combinaisons qui font aller plus vite". (…) » a-t-il lâché comme on dépose une crotte au fond d’une cuvette. « Bolt ne nous interroge pas parce qu'on l'a vu venir. Ce qui est plus surprenant en revanche, c'est lorsqu'il y a des progressions hors normes. Quand il y a une personne, on peut dire que c'est exceptionnel, quand il y en a dix, c'est étrange". dixit le DTN de l'équipe de France d'athlétisme.
Il ne se passe pas un exploit sportif de nos jours sans qu’il soit couvert du voile de soupçon de dopage, comme si les miracles de la science avait épuisé les capacités du corps humain. Mais pas de n’importe quel corps. Celui qui depuis l’invention des « écritures saintes » continue de nourrir les pires sentiments. Les exploits d’un Michael Phelps sont tout simplement phénoménaux, le résultat d’un travail titanesque à l’image de ce que le sportif a réalisé (huit médailles en un championnat olympique pulvérisant des records mondiaux et dépassant son compatriote Mark Spitz. Dans ce cas précis, les exploits sont salués à l’aune de leur grandeur, tandis que ceux des « autres sportifs», qui plus est basanés, ils sont vus comme le résultat d’une « combinaison ». Du verbe « combiner », autrement dit magouiller. L’accusation est grave. Aussi graves que peuvent l’être les faibles performances de certaines équipes nationales pourtant aux moyens incroyablement scandaleux comparées à celles d’un pays pauvre rempli de descendants d’esclaves comme la Jamaïque.
C’est que les bambins de Kingston, depuis leur jeune âge, ne savent compter que sur leurs propres efforts dans un pays où le chômage guette un jeune sur deux. Elevés à la dure, ils sont souvent entraînés dans des conditions où la loi du plus fort reste impitoyable pour les faibles. Nonobstant, une professionnalisation accrue ces dernières années grâce au savoir faire acquis aux Etats-Unis aux sélections très dures qui ne retiennent que les meilleurs des meilleurs. Rien à voir avec l’indemnité que peut toucher un sportif de haut niveau français. Plutôt que de digresser sur les combinaisons des sportifs jamaïcains, le spécialiste français es athlétisme qui n'a jamais gagné une médaille, au demeurant, bénéficiant d'un parachute doré à la fédé, ferait mieux de se renseigner sur les conditions d’entraînement de ses homologues. Afin de comprendre pourquoi les sportifs français pourtant au capital similaire craquent pendant les grands rendez-vous à l’instar de Kristina AARON, Ronald POGNON etc.

Autant les dires de Monsieur Chevalier relèvent de l’accusation gratuite et sans fondement, autant ils témoignent de quelque chose d’inquiétant. La destruction des carrières de Marion JONES, Justine Gartlin et de bien d’autres dissimule mal les failles d’un système qui, au lieu de sanctionner les vrais coupables, s’en prend aux derniers maillons d’une chaîne à savoir les sportifs qui se laissent corrompre. C’est la raison pour laquelle les soupçons de dopage sur un sportif ne peuvent faire litière de la question fondamentale des vrais coupables. Aujourd’hui nous connaissons seulement le visage des boucs émissaires, pas de vrais salauds. C'est-à-dire, les laboratoires, les coachs, les agents de seconde main, enfin toute la chaîne humaine qui opère en douce en se faisant du fric sur la « naïveté ?» de ces héros d’un jour ? A ces héros de comprendre qu’il s’agit là que d’une stratégie bien huilée de leur destruction.

vendredi, août 01, 2008

Les Noirs, le sport et les luttes politiques



A quelques jours des JO de Pékin et au moment où le champion du monde 1998 Lilian Thuram fait ses adieux difficiles au football, il apparaît opportun de s’arrêter sur un des terrains qui a parfois permis aux luttes noires de pouvoir s’exprimer à savoir le sport. Pour mémoire, on se souviendra longtemps des prises de position du footballeur, certainement le plus courageux de sa génération, au moment de la crise des banlieues, de son bras de fer avec Nicolas Sarkozy sur la « racaille » et enfin de sa main tendue aux sans papiers de Cachan en leur offrant des billets pour le match France Italie.

Depuis le poing ganté de noir brandi par Tommie Smith et John Carlos sur le podium olympique de Jeux de Mexico en 1968 en solidarité avec les Black Panthers, le sport de haut niveau a quelque fois été investi par les sportifs noirs pour appuyer des luttes en faveur des populations noires. Mais cela prenait parfois des allures de victoires à la Pyrrhus. Smith et Carlos payèrent le prix fort pour leur action spectaculaire qui aboutit à leur exclusion du village olympique, en sus de leur suspension de l’équipe américaine sans doute revancharde. Casius Clay alias Mohamed Ali paya aussi le prix fort son engagement contre la guerre du Vietnam. Résultat : 3 années de suspension et d’interdiction de combats professionnels. Dans un autre registre moins politique certes, Jesse Owens donna du fil à retordre aux Nazis et à leur idéologie par ses victoires aux Jeux de Berlin en 1936. Il protesta également mais sans résultat contre l’éviction des athlètes juifs Sam Stoller et Marty Glickman de l’équipe américaine du 4X100 ordonnée par les autorités américaines soucieux de ne pas froisser leurs homologues allemands. Mais Roosevelt refusera de recevoir le champion à la Maison blanche. Lors des JO de Sydney l’athlète aborigène Cathy Freeman choisit de porter les deux drapeaux australiens et aborigènes, un geste exceptionnellement toléré par les instances olympiques qui interdit tout drapeau sauf les drapeaux nationaux. On n’oubliera pas Arthur Ashe dont le combat contre l’Apartheid en Afrique du sud, le soutien en faveur des réfugiés haïtiens, en fait l’un des sportifs les plus engagés de sa génération.


La confusion qui a eu lieu autour de la flemme olympique entre sportifs et politiques au printemps dernier permet de mesurer la difficulté aujourd’hui de l’alliance entre sport et engagement politique. Les grosses sommes d’argent amassées par les sportifs les a sans doute éloignés de l’engagement politique, au profit de l’engagement humanitaire. Plus gratifiant sans doute en termes de retombées…Ce qui n’exclut pas leur instrumentalisation comme cela risque d’être le cas avec les JO de Pékin où certains arboreront un badge en faveur des droits de l'homme et du Tibet.

Président africain mode d'emploi : le cas Bokassa

Ouganda : les victimes de l'acide

REPORTAGE: En Ouganda, l'acide est utilisé comme une arme facile de vengeance. Cette pratique, apparue il y a près de 30 ans en Afrique de l’Est, a pris une ampleur inégalée dans le pays.