vendredi, août 01, 2008

Les Noirs, le sport et les luttes politiques



A quelques jours des JO de Pékin et au moment où le champion du monde 1998 Lilian Thuram fait ses adieux difficiles au football, il apparaît opportun de s’arrêter sur un des terrains qui a parfois permis aux luttes noires de pouvoir s’exprimer à savoir le sport. Pour mémoire, on se souviendra longtemps des prises de position du footballeur, certainement le plus courageux de sa génération, au moment de la crise des banlieues, de son bras de fer avec Nicolas Sarkozy sur la « racaille » et enfin de sa main tendue aux sans papiers de Cachan en leur offrant des billets pour le match France Italie.

Depuis le poing ganté de noir brandi par Tommie Smith et John Carlos sur le podium olympique de Jeux de Mexico en 1968 en solidarité avec les Black Panthers, le sport de haut niveau a quelque fois été investi par les sportifs noirs pour appuyer des luttes en faveur des populations noires. Mais cela prenait parfois des allures de victoires à la Pyrrhus. Smith et Carlos payèrent le prix fort pour leur action spectaculaire qui aboutit à leur exclusion du village olympique, en sus de leur suspension de l’équipe américaine sans doute revancharde. Casius Clay alias Mohamed Ali paya aussi le prix fort son engagement contre la guerre du Vietnam. Résultat : 3 années de suspension et d’interdiction de combats professionnels. Dans un autre registre moins politique certes, Jesse Owens donna du fil à retordre aux Nazis et à leur idéologie par ses victoires aux Jeux de Berlin en 1936. Il protesta également mais sans résultat contre l’éviction des athlètes juifs Sam Stoller et Marty Glickman de l’équipe américaine du 4X100 ordonnée par les autorités américaines soucieux de ne pas froisser leurs homologues allemands. Mais Roosevelt refusera de recevoir le champion à la Maison blanche. Lors des JO de Sydney l’athlète aborigène Cathy Freeman choisit de porter les deux drapeaux australiens et aborigènes, un geste exceptionnellement toléré par les instances olympiques qui interdit tout drapeau sauf les drapeaux nationaux. On n’oubliera pas Arthur Ashe dont le combat contre l’Apartheid en Afrique du sud, le soutien en faveur des réfugiés haïtiens, en fait l’un des sportifs les plus engagés de sa génération.


La confusion qui a eu lieu autour de la flemme olympique entre sportifs et politiques au printemps dernier permet de mesurer la difficulté aujourd’hui de l’alliance entre sport et engagement politique. Les grosses sommes d’argent amassées par les sportifs les a sans doute éloignés de l’engagement politique, au profit de l’engagement humanitaire. Plus gratifiant sans doute en termes de retombées…Ce qui n’exclut pas leur instrumentalisation comme cela risque d’être le cas avec les JO de Pékin où certains arboreront un badge en faveur des droits de l'homme et du Tibet.

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