Le nuage est gros, mais n’arrivera pas à assombrir le ciel serein couronné de Usain Bolt. Ce monsieur de 22 ans à peine qui avec son 1,96 m vient de faire voler en éclat le record olympique sur la distance mythique du 100 m. Des voix grondent ou plutôt ronchonnent ici et là, particulièrement en France où un certain Franck Chevalier vient de l’ouvrir. On aurait aimé qui la ferme celui là. Son caquet. «Ils ont des combinaisons qui font aller plus vite". (…) » a-t-il lâché comme on dépose une crotte au fond d’une cuvette. « Bolt ne nous interroge pas parce qu'on l'a vu venir. Ce qui est plus surprenant en revanche, c'est lorsqu'il y a des progressions hors normes. Quand il y a une personne, on peut dire que c'est exceptionnel, quand il y en a dix, c'est étrange". dixit le DTN de l'équipe de France d'athlétisme.
Il ne se passe pas un exploit sportif de nos jours sans qu’il soit couvert du voile de soupçon de dopage, comme si les miracles de la science avait épuisé les capacités du corps humain. Mais pas de n’importe quel corps. Celui qui depuis l’invention des « écritures saintes » continue de nourrir les pires sentiments. Les exploits d’un Michael Phelps sont tout simplement phénoménaux, le résultat d’un travail titanesque à l’image de ce que le sportif a réalisé (huit médailles en un championnat olympique pulvérisant des records mondiaux et dépassant son compatriote Mark Spitz. Dans ce cas précis, les exploits sont salués à l’aune de leur grandeur, tandis que ceux des « autres sportifs», qui plus est basanés, ils sont vus comme le résultat d’une « combinaison ». Du verbe « combiner », autrement dit magouiller. L’accusation est grave. Aussi graves que peuvent l’être les faibles performances de certaines équipes nationales pourtant aux moyens incroyablement scandaleux comparées à celles d’un pays pauvre rempli de descendants d’esclaves comme la Jamaïque.
C’est que les bambins de Kingston, depuis leur jeune âge, ne savent compter que sur leurs propres efforts dans un pays où le chômage guette un jeune sur deux. Elevés à la dure, ils sont souvent entraînés dans des conditions où la loi du plus fort reste impitoyable pour les faibles. Nonobstant, une professionnalisation accrue ces dernières années grâce au savoir faire acquis aux Etats-Unis aux sélections très dures qui ne retiennent que les meilleurs des meilleurs. Rien à voir avec l’indemnité que peut toucher un sportif de haut niveau français. Plutôt que de digresser sur les combinaisons des sportifs jamaïcains, le spécialiste français es athlétisme qui n'a jamais gagné une médaille, au demeurant, bénéficiant d'un parachute doré à la fédé, ferait mieux de se renseigner sur les conditions d’entraînement de ses homologues. Afin de comprendre pourquoi les sportifs français pourtant au capital similaire craquent pendant les grands rendez-vous à l’instar de Kristina AARON, Ronald POGNON etc.
Autant les dires de Monsieur Chevalier relèvent de l’accusation gratuite et sans fondement, autant ils témoignent de quelque chose d’inquiétant. La destruction des carrières de Marion JONES, Justine Gartlin et de bien d’autres dissimule mal les failles d’un système qui, au lieu de sanctionner les vrais coupables, s’en prend aux derniers maillons d’une chaîne à savoir les sportifs qui se laissent corrompre. C’est la raison pour laquelle les soupçons de dopage sur un sportif ne peuvent faire litière de la question fondamentale des vrais coupables. Aujourd’hui nous connaissons seulement le visage des boucs émissaires, pas de vrais salauds. C'est-à-dire, les laboratoires, les coachs, les agents de seconde main, enfin toute la chaîne humaine qui opère en douce en se faisant du fric sur la « naïveté ?» de ces héros d’un jour ? A ces héros de comprendre qu’il s’agit là que d’une stratégie bien huilée de leur destruction.