La presse hexagonale ne reste pas sourde à la déferlante obamania qui menace désormais d’emporter avec elle Hilary Clinton jusque là juchée sur sa digue de l’ex First Lady. Pour une fois, ce n’est pas le cyclone katrina qui menace les afro-américains, mais l’ouragan politique Obama qui emporte l’Amérique. On pourrait presque allègrement filer cette métaphore sudiste : « autant en emporte la couleur ».
En France, à en juger par la couverture médiatique, le phénomène semble aussi bien « noircir » les écrans télé que les pages de journaux. Noircir, c’est le cas de le dire, d’autant qu’au pays de l’Homme universel, le candidat noir désormais favori à l’investiture démocrate, de père kenyan et de mère blanche originaire de Kansas, intrigue, suscite émoi, admiration et parfois même des haussements d’épaules (Un Noir à la Maison blanche, c’est pas possible, !).
Pour expliquer le succès inattendu de l’africain-américain, Barack Hussein Obama, un journaliste de l’hebdomadaire Marianne, Roland Hureaux, y est même allé de sa petite analyse ethno-anthropologique digne de l’époque naturaliste :
« La vérité est qu'Obama n'est pas un vrai noir ! Il ne l'est que pour ceux qui pensent que la couleur de la peau a de l'importance. Sur le plan culturel, le seul qui importe, Obama est le contraire d'un noir américain. Non par sa mère blanche qui descendrait du président sudiste Jefferson Davis - mais aussi, plus classiquement, de paysans irlandais chassés par la famine de 1846 : aux Etats-Unis, une goutte de sang noir suffit à vous faire « black ». C'est de son père, Barack Obama Sr, homme politique kenyan de l'ethnie Luo, que le sénateur du Michigan a reçu une empreinte vraiment originale. Les Luos appartiennent à cette grande famille de peuples pasteurs d'Afrique de l'Est dits « nilo-hamitiques ». Si l'expression que de Gaulle appliqua une fois aux Juifs, « peuple sûr de lui et dominateur », a un sens, c'est bien dans cette région du monde. Les Nilo-hamitiques sont le contraire d'esclaves ou de descendants d'esclaves. Ces peuples fiers et guerriers (Parmi lesquels les célèbres masaïs) dominèrent longtemps les Bantous, cultivateurs et sédentaires. Ils résistèrent avec succès aux entreprises des marchands d'esclaves arabes de la côte swahili, quand ils ne collaborèrent pas avec eux. Eux ou leur cousins sont au pouvoir au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, en Ethiopie et au Soudan ( quoique les Nilo-Hamitiques soudains se prétendent Arabes). De grands hommes politiques de la région comme Julius Nyerere , fondateur du socialisme ujamaa ou Yoweri Museveni, actuel président de l'Ouganda, en sont. De même l'ancien archevêque de Dar-es-Salaam Lawrence Rugambwa, fait premier cardinal africain par une Eglise romaine qui s'y connait en chefs. Kabila, président du Congo est, dit-on, à moitié tutsi ».
Vous l’aurez remarqué l’observation journalistique de notre ami reporter plus héritier de Tintin au Congo que d’Albert Londres, tourne à l’obsession des origines. A la lecture des conclusions scientifiques de l’apprenti ethnologue, on conviendra avec Sophie Bessis que même si les « primitifs n’existent plus, la peur du sauvage n’a pas disparu pour autant ». L’historienne, qui a consacré une partie de ses recherches à la problématique de « l’Occident et les autres », sait de quoi il retourne. Selon elle, l’obsession classificatoire des occidentaux, issue du naturalisme du XVIII ème siècle, qui entreprend de racialiser les différences, a pour fondement cette culture de la suprématie. Au nom de cette culture, explique-t-elle, « même chez les Noirs, jugés les plus proches globalement de l’animalité, certains groupes sont plus humains que d’autres car moins « négroïdes » de traits et de couleur. La aussi, poursuit-elle, la science se charge d’apporter la preuve que la taille du cerveau est directement proportionnelle à la clarté du teint. Les Hamites de l’Afrique des Grands Lacs – catégorie raciale inventée de toutes pièces- se verront ainsi désignées comme les plus blancs des Nègres, avec les privilèges qu’un tel état implique ».
Comme l’on pouvait s’y attendre, difficile d’échapper à cette lecture chromatique des enjeux de l’élection américaine en France, tant ce pays a du mal à composer avec les différences. Ainsi, l’expérience américaine est-elle jugée contre-nature, n’allant pas de soi ; et que les américains se tromperaient presque en élisant, si c’est le cas, un président Noir.
S’il est difficile, en lisant les journaux français, de trouver quelques allusions aux programmes du candidat et des candidats, le détour par les titres et certains discours médiatiques permet de confirmer cette hantise du phénotype. Dans sa livraison du 04 février 2008, l’hebdomadaire le Point sous la plume de Patrick Sabatier joue les cassandre en essayant de noircir ses succès après la victoire du candidat démocrate en Caroline du sud : « Jusque parmi ses partisans, certains craignent que son triomphe en Caroline du Sud ne s'avère une victoire à la Pyrrhus. L'ampleur de sa victoire a en effet été principalement due aux Afro-Américains qui, dans cet État, constituent plus de la moitié de la base démocrate. Ils ont voté comme un seul homme à 78 % pour le candidat "noir. (…)Or ce "vote noir", s'il lui est indispensable, ne peut suffire à lui assurer la nomination, et encore moins à conquérir la Maison-Blanche. Le fait que la communauté afro-américaine vote pour lui comme un seul bloc peut au contraire entraîner une réaction de rejet dans une partie de l'électorat blanc, hispanique ou asiatique, et faire de lui le candidat "ethnique" qu'il ne veut pas être. (…)La fracture raciale apparue en Caroline du Sud, même si tout le monde, candidats et médias en tête, s'emploie à la minimiser, commence aussi à soulever des inquiétudes réelles chez les stratèges démocrates. ». La suite nous la connaissons, les victoires, par exemple, dans les Etats de Wisconsin et de l’Iowa à majorité blanche ont démenti cette prophétie auto-réalisatrice dont le quotidien Libération annonça la couleur quelques jours auparavant, avec ce titre « Obama, souffre-couleur des Clinton ». Relayant les propos du journaliste Ted Stanger, selon lesquels, les Etats-Unis ne seraient pas encore prêts à élire un Noir à la Maison-Blanche, France-Soir s’interroge sur l’illusion Barack Obama ? Dans son édition du 22 février 2008, le magazine l’Express enfonce le clou en annonçant la fin de la lune de miel entre Obama et les médias ? Dans ce portrait mi figue mi raison du sénateur de l’Illinois dans la presse française, l’Humanité tente de faire entendre un autre son de cloche avec ce titre « Surprise : l’espoir vient des Etats-unis : « La nouveauté Obama n’est pas n’importe quelle nouveauté : il s’agit de quelque chose qui explose le sens commun Américain, qui romps tous les schémas et les sentiments de masse, qui détruit et reconstruit sur des nouvelles échelles l’imaginaire politique, les symboles collectifs, les hiérarchies de valeurs, le relations entre politique et peuple ».
S’il est difficile, en lisant les journaux français, de trouver quelques allusions aux programmes du candidat et des candidats, le détour par les titres et certains discours médiatiques permet de confirmer cette hantise du phénotype. Dans sa livraison du 04 février 2008, l’hebdomadaire le Point sous la plume de Patrick Sabatier joue les cassandre en essayant de noircir ses succès après la victoire du candidat démocrate en Caroline du sud : « Jusque parmi ses partisans, certains craignent que son triomphe en Caroline du Sud ne s'avère une victoire à la Pyrrhus. L'ampleur de sa victoire a en effet été principalement due aux Afro-Américains qui, dans cet État, constituent plus de la moitié de la base démocrate. Ils ont voté comme un seul homme à 78 % pour le candidat "noir. (…)Or ce "vote noir", s'il lui est indispensable, ne peut suffire à lui assurer la nomination, et encore moins à conquérir la Maison-Blanche. Le fait que la communauté afro-américaine vote pour lui comme un seul bloc peut au contraire entraîner une réaction de rejet dans une partie de l'électorat blanc, hispanique ou asiatique, et faire de lui le candidat "ethnique" qu'il ne veut pas être. (…)La fracture raciale apparue en Caroline du Sud, même si tout le monde, candidats et médias en tête, s'emploie à la minimiser, commence aussi à soulever des inquiétudes réelles chez les stratèges démocrates. ». La suite nous la connaissons, les victoires, par exemple, dans les Etats de Wisconsin et de l’Iowa à majorité blanche ont démenti cette prophétie auto-réalisatrice dont le quotidien Libération annonça la couleur quelques jours auparavant, avec ce titre « Obama, souffre-couleur des Clinton ». Relayant les propos du journaliste Ted Stanger, selon lesquels, les Etats-Unis ne seraient pas encore prêts à élire un Noir à la Maison-Blanche, France-Soir s’interroge sur l’illusion Barack Obama ? Dans son édition du 22 février 2008, le magazine l’Express enfonce le clou en annonçant la fin de la lune de miel entre Obama et les médias ? Dans ce portrait mi figue mi raison du sénateur de l’Illinois dans la presse française, l’Humanité tente de faire entendre un autre son de cloche avec ce titre « Surprise : l’espoir vient des Etats-unis : « La nouveauté Obama n’est pas n’importe quelle nouveauté : il s’agit de quelque chose qui explose le sens commun Américain, qui romps tous les schémas et les sentiments de masse, qui détruit et reconstruit sur des nouvelles échelles l’imaginaire politique, les symboles collectifs, les hiérarchies de valeurs, le relations entre politique et peuple ».
2 commentaires:
Complétement dégoutant cet article de Marianne. Je trouve ça grave, le type en est réduit à ça quoi... Trop malheureux... J'ai de la peine pour son cerveau étriqué.
Tout à fait je pense que ça transpire la haine, le problème que les males blancs, je dis bien les males blancs, pas tous bien entendu, est qu'ils ne supportent pas la réussite d'un homme noir, c'est plus fort qu'eux. Et ça je l'ai constaté à plusieurs reprises dans ma vie.
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