mardi, août 28, 2007

La sorcellerie, l'autre fléau de l'Afrique





Malgré le développement de l’instruction et la diffusion du savoir moderne, la croyance dans la réalité de la sorcellerie reste très tenace en Afrique. Ancrée dans l’inconscient collectif des Africains, la sorcellerie continue, cependant, d’échapper comme par magie au regard des scrutateurs du Continent noir. Peut être l’ont-ils définitivement rangé dans les placards poussiéreux des idées reçues colportées jadis par l’ethnologie des premiers missionnaires. Et pourtant, ce phénomène étrange, mélange de pratiques occultes et de rituels maléfiques, sévit en Afrique. Pis, il tue même, causant des dégâts irréparables et irréversibles pour les victimes. Aux yeux des africains eux-mêmes, il figure parmi les plus terrifiants et meurtriers désordres socio -culturels qui ravagent les sociétés africaines.


Récemment la presse sénégalaise rapportait le fait divers d’un supposé rétrécisseur de sexe lynché à Guinaw Rails par une foule en furie sans qu’aucune preuve tangible n’ait pu être établie contre lui. L’hystérie qui s’est emparée des badauds témoins de l’événement donne la mesure des excès auxquels se livrent parfois de façon inattendue des masses sans repères. Dans une Afrique encore sous l’emprise des mythes du passé, ces réactions populaires excessives aux allures de délires collectifs ont encore de beaux jours devant elles. Symptomatiques des résistances au changement, à la modernité, celles-ci traduisent cette part ambiguë des croyances et pratiques sociales érigées parfois en grille de lecture face à un présent incertain et complexe.

Kemet n’a pas engendré que la Maat. Devant les ravages de la sorcellerie, la vision d’une Afrique idyllique et pré-adamique ressemble davantage à une vue de l’esprit. De Pretoria à Lagos en passant par Kinshasa, Brazzaville, Cotonou, la rue africaine se fait régulièrement l’écho de récits aussi effroyables qu’invraisemblables sur les sorciers. Ces hommes et ces femmes, sous l’emprise de forces obscures, malfaisants, mangeurs nocturnes d’âme ou de chair humaine. On dit parfois qu’ils ont un « double maléfique » qui commettrait nuitamment leurs forfaits. En raison de leurs pouvoirs démoniaques supposés ou réels, les sorciers sont censés agir de façon positive ou négative sur leurs semblables. C’est en cela qu’ils sont craints. Et pour preuve, il suffit de se rendre dans les nouvelles églises charismatiques qui ont essaimé un peu partout en Afrique pour comprendre lé désarroi que ces supposés jeteurs de sorts provoquent chez de nombreuses personnes.

Il y a une vingtaine d’années, la rue congolaise colportait le récit effarant d’un groupe de sorciers qui auraient réussi à faire décoller de l’aéroport International Maya Maya un petit avion fabriqué avec du bois de brousse dénommé « Air Makanda ». Ce fut une grande première dans l’histoire de la sorcellerie africaine. Selon la rumeur, cet avion aurait même atterri à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle sous le regard médusé des « blancs » qui eurent du mal à identifier l’étrange oiseau nocturne. C’est à se demander si la scène se passe dans le monde invisible ou physique. Toujours est-il que le récit reste gravé dans la mémoire des congolais qui le racontent encore avec moult détails ahurissants. Mais il arrive parfois que les « histoires de sorciers » passent de l’anecdote croustillant à la réalité tragique. Dans une Afrique en perte de vitesse, les sorciers sont au banc des accusés.

J.P. a failli attenter à la vie de son père en apprenant par la bouche d’un guérisseur que ce dernier était à l’origine de ses échecs professionnels et de la mort de sa mère décédée des suites d’une psychose inconnue. L’envoûtement supposé de son mari atteint d’un mal incurable a conduit Marie L. à prendre des distances avec sa belle famille. Pour s’être retrouvé un jour nez à nez avec un serpent alors qu’il conduisait, Mboulamatari, chauffeur de taxi de son état, a décidé de mettre le feu au domicile de son géniteur. Tout aussi bouleversant l’histoire de ce jeune homme qui a renié ses parents après la disparition brutale de sa sœur cadette dans des circonstances mystérieuses. Si les victimes des sorciers sont souvent des enfants, ceux-ci deviennent eux-mêmes parfois l’objet de suspicions de la part de leurs propres familles qui les rendent responsables de toutes sortes de maux (décès, deuil, divorce, accident, pauvreté..). A l’image des enfants sorciers en RDC (République démocratique du Congo). Ainsi de nombreux conflits familiaux naissent chaque jour en Afrique à cause de la sorcellerie supposée ou réelle d’un proche.

Phénomène redouté, la sorcellerie est l’objet de toutes sortes de spéculations. Certains vont jusqu’à croire à une sorcellerie positive : pourquoi les sorciers d’Afrique ne mettent-ils pas leur pouvoir au service du développement du Continent au lieu de s’en prendre à leurs -semblables ? « Les sorciers naissent pour nuire et non pour faire le bien », rétorque sèchement, Lydia, adepte et membre actif des nouvelles églises. Les sorciers, poursuit-elle, ne savent faire autre chose que le mal. Ils ne sont capables de rien d’autre. « La sorcellerie », explique t-elle encore, « est une forme de pathologie morbide compulsive qui pousse l’individu maléfique à projeter le mal qui le ronge sur les personnes vulnérables. C’est pourquoi ces derniers, pour s’en débarrasser, doivent recourir aux services d’un guérisseur». Autant dire que les défis africains du XXI ème siècle sont nombreux et incalculables. La sorcellerie tout comme les néo-églises en font partie. La Maat étant incompatible avec celles-ci, le combat pour la renaissance africaine ne doit pas se soustraire à la dénonciation des pratiques qui demeurent autant de freins à l’émergence d’un Continent nouveau.

C. N.

9 commentaires:

GANGOUEUS a dit…

Je viens de découvrir votre blog.
Cet article est intéressant et en même temps me laisse perplexe. On a l'impression que vous croyez aux exemples de sorcellerie que vous avez énuméré. Est-ce le cas?

Gangoueus

C.N.X. a dit…

Oui je crois à la sorcellerie en Afrique, parce que j'ai vu dans mon enfance des choses qui m'ont interpellé et choqué. Je crois sincérement que les Africains ont un réel problème avec ses pratiques qui sont autant nuisibles au développement de ce continent.

Anonyme a dit…

Pauvre de vous, d'abord que veut dire sorcellerie, c'est bel et bien comme ça que les bons et les justes que sont les chrétiens et leurs petits serviteurs bamboula(c'est ainsi que je nomme tout fils de soleil!Peau ébéne! qui est aliéné par les cultures négationnistes des soi-disant croyants et consort)nomment leurs propres cultures...et par dessus le marché, on va nous croire que c'est à cause des sorciers que l'afrique n'avance pas, ne soyez pas aussi vulgaire...ceux qu'on nomme sorciers sont des guerrisseurs, des intercesseurs(prêtre pour parlé comme un nazériens)du monde divin(bien que je sois un athée,je préfère encore un croyant à ces propres mystères ancestraux, qu'un singe chréti(e)n)...c'est avec l'arrivé de l'Islam et de du Christianisme qu'on a commencé à mélanger, des criminelles(et oui, il y avait des criminelle en afrique, il n'a pas de raison que la chose la mieux partagée dans notre belle humanité soit exempt chez les enfants du soleil)et des détenteurs de vieilles traditions noires africaines...les biloko ont commencé, les bamboulas ont suivis et les détenteurs d'un vieux monde ont trinqués...Pour finir, si un médecin empoisonne une tierce personne, il ne viendra pas à l'esprit des gens,de banir la médecine et encore moins de l'accusé de retarder le développement d'une région, d'un pays, d'un continent ou d'une civilisation...A bon entendeur
Fils du soleil!Peau ébéne

Anonyme a dit…

Vous n'avez pas compris le fond du message de l'article. D'abord vous confondez sorciers et guérisseurs comme il en existe dans toutes les sociétes. Il y a des guérisseurs en Afrique qui maîtrisent les savoirs ancestraux pour le bien être des communautés auxquels ils s'appliquent( c'est le cas des marabouts en Afrique de l'Ouest, Bissarissi au Congo etc..., et de l'autre des gens qui ont des pouvoirs mais ne les utilisent à bon escient dont de nombreux chefs d'état pas seulement africains sont friands. C'est une réalité. Si vous connaissez un tant soi peu les réalités africaines, vous vous apercevrez beaucoup des Bissarissi sont consultés justement pour combattre ces personnes qui ne font un bon usage de leurs pouvoirs. J'espère qu'on pourra avoir une discussion saine sur ce phénomène.

FULELE a dit…

vous confondez sorciers et guérisseurs.

Il faut savoir que ces deux détenteur de savoirs travaillait ensemble avant l'arrivée des mindélés.
Ils étaient complémentaire.
Le nganga (guérisseur)et le ndoki improprement nommé sorcier travaillait ensemble pour le bien du peuple.
En effet le nganga était celui qi apportait a guérison par sa science des plantes entres autres.
Et pour les maux qui rellevaient de la psychologie, ou la psychiatrie,bref qui relevait de l'état athologique du psychisme il faisait alors appel au ndoki.
L'être humain a besoin de connaître la cause de son mal.Comme la ature l'esprit de l'Homme a horreur du vide.
Alors quand un mal ne pouvait se guérir par des plantes parceque relevant de la psychologie,on disait au malade que c'est le ndki qui en était la cause.En fait le ndoki avait une fonction d'effet placebo.
une fois que le malade maginaire avait eu la cause de son mal il allait mieux.
A l'époque il n'y avait pas plusieurs ndoki.Une seul personne jouait se rôle en complicité avec le Nganga.Et le Ndoki était malgré tout protégé car il se sacrifiait on acceptant de porter la responsabilité du mal dans le village.
Or aujourd'hui on lui prète réellment un pouvoir qu'il n'a pas et on accuse monsieur tout le monde de l'être. En effet "c'est avec l'arrivé de l'Islam et de du Christianisme qu'on a commencé à mélanger, des criminelles" avec le Ndoki mais il est vrai que le but était de détruire notre strcture sociale et tous les éléments qui la fondait.
Au négro redevient Mu-ntu.

Anonyme a dit…

la sorcellerie est une réalité

maatouvanite a dit…

Je n'ai pas nier.Mais c'est lorsque l'on n'ignore part de science dans cette dernière que l'on plonge dans des considérations qui la travestisse.
"Anonyme" c'est justement ça qui relève de ce que tu appelles dans la langue de l'autre sorcellerie.
Donne moi la définition du mot Ndoki.Mais avant de ma la donné si tu es Cpngo bien-entendu réfléchi dabord dans te langue et ensuite donne moi l'explication de se mot.

Parebellum a dit…

la sorcellerie existe-elle vraiemnt ?

FULELE a dit…

Oui à travers la peur des gens et l'Ignorance.