dimanche, mai 31, 2009

Les Noirs sont-ils des Français à part entière ?

A l'occasion de la sortie du livre du président du CRAN, Patrick Lozes, co-écrit avec Bernard Lecherbonnier, Les Noirs sont-ils des Français à part entière ?aux éditions Larousse, une conférence de presse s’est tenu au Club Millenium en date du 29 mai 2009, à l’initiative du CAPDIV (cercle d’action pour la diversité). Animé par le journaliste Paul Heutching, cette conférence était l’occasion pour le président du Cran de revenir sur son cheval de bataille à savoir la lutte contre les discriminations qui touchent les populations noires de France.

Les deux auteurs s’exprimaient en présence d’un parterre de fidèles dont Doudou Diene qui fut le rapporteur spécial de l’Onu sur les discriminations raciales. Devant un public clairsemé, Monsieur Patrick Lozes, devenu depuis quelques années le joker symbolique auprès des pouvoirs publics sur la question noire, a réaffirmé ses priorités notamment la mise en place d’outils statistiques sur ce que le personnel politique et médiatique appelle la diversité. Cachons nous derrière des euphémismes pour noyer encore le poisson. En tout cas, de l’avis du principal intéressé, à savoir Monsieur Lozes, le terme ethnique, qu’il a fini par ranger au placard avait tendance à hérisser le poil de quelques gaulois étriqués attachés soi disant à la forteresse « République ». C’est vrai, sur les termes de substitution, il faut avouer que la France est devenue le champion toutes catégories du politiquement correct à l’envers. Où est la francité dans tout ça ? Pour peu que de hordes sauvages qui plus est, des ethnies noires, ne viennent l’assiéger.

L’intéressé s’en est amusé au cours de ce débat, bien que la pertinence de son discours avait tendance un peu à justifier les statistiques comme l’unique moyen d’urgence pour rattraper le retard français en matière des discriminations ethno-raciales. C’est vrai que depuis que Harry et Audrey sont présentateurs de journaux, les discriminations ont presque disparu à coup de baguette magique sur le petit écran. Oh douce France, les blessures de ma peau, c’est déjà fini ?

Par le biais d’anecdotes concoctés au cours de ses périples dans les hautes instances de l’Etat pour demander combien de Noirs elles en comptaient, Patrick Lozes, a réussi par un tour de passe de passe, à faire passer sa pilule anti-discrimination, en posant cette question : devant l’urgence on fait quoi ? Les officiels français ignorant le problème et se drapant derrière un pseudo-cartésianisme (ah bon c’est vrai que ça existe ?). D’où cette idée chère à notre Lozes de mesurer les têtes de nègres dans le paysage institutionnel gaulois. Mais au fait le jour où tout le paysage sera émaillé de quelques têtes de nègres la question sera donc résolue ? Tant mieux, si c’est du quantitatif qu’il nous faut, le qualitatif viendra avec le temps. Espérons que le pire n’est pas à venir.

L’infatigable negrogaulois s’est même fondu d’une lapalissade « je ne veux pas qu’on m’aime, je veux qu’on me respecte ». C’est dit. Sauf qu’aujourd’hui les « intégristes républicains » n’ont trouvé mieux que de lui dire « Monsieur bamboula, vous faites du communautarisme et vous allez tuer la République de France ». C’était un peu le sens de la question de Monsieur Doudou Diene qui dans l’assistance s’étonnait de constater que depuis que ces questions ont été mises sur la place publique, la « République » sert désormais d’argument de choc aux « protecteurs » de la dite République. Evacuant d’un revers de main, les questions de mémoire et d’histoire, pourtant capitales, les intéressés ont botté en touche en renvoyant la fin des stéréotypes aux calendes grecques. Ceci dit ils n’ont pas tort. Mais les Nègres pour qu’ils deviennent de vrais Gaulois à part entière, ne faudrait-il pas commencer par là ?

mercredi, mai 27, 2009

Slam dit avec Delphine II à l’Inside Bar

19h50. C’est l’heure à laquelle j’arrive à l’Inside Bar. La peau du lieu m’interpelle, car le Pub est reconnaissable à sa devanture très tendance qui tranche avec les façades voisines. Il n’y a pas grand monde. Depuis l’entrée, j’aperçois une silhouette que je reconnais. C’est Delphine II, une femme debout. Devant le bar, elle échange quelques mots avec un ami d’enfance, serveur dans cet endroit chaleureux au décor tamisé sur fond de mûrs rouges foncés. Je suis un peu impressionné. C’est la première fois que je la vois. Je l’imaginais plutôt menue, mais c’est un beau brun de fille que je découvre ornée d’une coupe afro tendance. Je fonce sur ma muse du jour. Elle semble ne pas être disponible. Elle s’active sur les préparatifs. Entre plateaux de bonbons et paquets de jus d’orange, elle s’arrête tout de même. Les présentations sont faites, elle me confond avec un certain blogueur bien connu de la place. Je rectifie le tir avant d’embrayer sur les questions d’usage. Entre temps, les blagues fusent entre elle et sa complice du jour sur fond de pied de grue. Et le temps passe et je m’impatiente.

Petit à petit, l’espace de l’Inside Bar se remplit. Look plutôt de jeun’s, les convives ont l’air de tous se connaître. On devine certains slammeurs à l’allure nonchalante, la tête dans les nuages. Ensuite vient le temps de la performance. C’est la maîtresse des cérémonies elle-même qui ouvre le bal. En digne héritière de Kemet, Delphine II demande à son assistance d’observer une minute de silence pour l’enterrement du fils d’un proche pour ne pas le nommer. (Paix à son âme). Après cette prière, c’est une fièvre qui envahit soudain la salle aux allures de « mbogui » (lieu de la palabre en Afrique). Perchée en haut de la scène improvisée, Delphine II envoûte son auditoire. Elle dédie son premier slam au conservateur de l’Île de Gorée Boubacar Joseph Ndiaye décédé en février. Ces mots en hommage au goréen nous embarquent dans ce lieu emblématique de la souffrance noire d’où elle revenue transformée.

Le ton est donné. Ensuite c’est autour de Layone, un jeune venu du rap, de nous ensorceler à travers un dépliage de l’alphabet façon Gilles Deleuze aux dires d’un spectateur visiblement emballé. Sauf que cette fois-ci il est question de l’insoutenable condition de l’humain. Tour à tour l’abcdaire prend l’allure d’un décryptage des maux de l’homme, de A comme Arme, en passant par H de l’hopital etc. Confinant la performance verbale à un déshabillage des lettres de leur contenant pour en faire ressortir le signifié tabou, interdit. Au fil de la déclamation, le dire slam devient subitement performatif. Tels de jets de sort transformant le corps de la cible. A l’instar de ce slam qu’il dédie aux personnes handicapées. Touchant et plein d’humanité. Pourquoi nous avons ce regard condescendant envers eux ? se demande-t-il.

C’est à ce moment précis qu’un autre slammeur nommé Sadrak vient enfoncer le clou, transportant son public dans les méandres de sa réflexion philosophique sur sa propre expérience d’homme. Une voix de velours, coupe rasta, ce slammeur est à lui seul tout un programme. Un vrai conteur dans l’âme. Mais il aime jouer avec les mots dont la trame narrative repose sur un questionnement personnel mais toujours dans le désir profond de bousculer les « allants de soi ». Parfois comique, son slam dit est assorti d’onomatopées empruntées aux langues africaines (zoungoulou, zoungoulou) à l’instar de « Je viens de la brousse ». En écho à ce chant de la brousse, le slammeur Grand Nico donnera la réplique en répondant à la question que lui posait une de ses conquêtes dans une vie antérieure « Mais qui tu es ? ». Plutôt une définition de l’ « identité de soi », l’intéressé répondra en substance que « je suis ce que je suis au moment où je suis ».

Il est bientôt 23h, la soirée arrive à son terme. Entre temps, d’autres figures se sont exprimées. A l’image de ce jeune garçon, une dizaine d’années seulement, et déjà une carrure de slammeur. En voyant ainsi les aînés, il dit qu’il n’a plus honte de le faire devant ses copains de classe. L’amour comme la maladie sont déclamés, le tout dans une ambiance bon enfant. Le rendez-vous est déjà pris pour le dernier mardi du mois de juin.


mardi, mai 26, 2009

Une étude génétique révèle la diversité et les origines des populations africaines


En analysant les différences génétiques entre plus de 3 000 individus répartis à travers l'Afrique et venant d'autres parties du monde, des chercheurs ont pu montrer comment les populations africaines actuelles avaient évolué à partir de 14 groupes humains ancestraux.

Le résultat de leur recherche dévoile une énorme diversité génétique sur tout le continent et pose aussi les bases pour de futures études pouvant aboutir à des avancées médicales importantes en Afrique et à une meilleure compréhension de l'histoire évolutive de l'Homme et de ses origines modernes en Afrique. Sarah Tishkoff et une équipe de chercheurs américains, africains et européens ont étudié les variations génétiques parmi 121 populations africaines, quatre américaines d'origine africaine et 60 non africaines en partant de l'ADN fourni par des volontaires et en comparant la séquence de leur génome pour différents marqueurs génétiques.

Les chercheurs ont trouvé un mélange élevé d'ancêtres variés pour la plupart des populations qui reflète leurs déplacements historiques sur le continent et décrivent dans leur étude les voies essentielles de migration et les relations évolutives clé. En général, le tableau fourni par les données génétiques correspond bien avec ce que les chercheurs ont pu reconstituer en se fondant sur les types culturaux et linguistiques. Il en ressort que des populations de chasseurs-cueilleurs de régions variées, notamment les pygmées et les San dont la langue comporte des clics ainsi que d'autres populations d'Afrique de l'Est s'exprimant également avec des clics, ont des ancêtres communs. Les américains d'origine africaine sont principalement issus des populations nigérokordofaniennes de l'Afrique de l'Ouest (71 pour cent) ainsi qu'européennes (13 pour cent) et d'autres régions d'Afrique (8 pour cent).

Cette étude apporte non seulement une information attendue depuis longtemps sur l'histoire évolutive des Africains et des Américains d'origine africaine mais aussi des bases pour de nombreux autres axes de recherche. Elle pourrait par exemple aider les épidémiologistes génétiques à identifier les populations les plus informatives pour réaliser des « études de cas témoins » qui visent à déterminer les facteurs génétiques de risque pour certaines maladies. ...

Nota béné :
Si faire des recherches est une bonne chose, ce qui pose souvent problème avec ce genre d'étude c'est l'exploitation idéologique des résultats à des fins racistes.

lundi, mai 25, 2009

France Ô : être noir aux Etats-Unis

Diffusé le mercredi 27 mai à 20H35
Réalisé par : Richard Karz

Que reste-t-il du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis ? A l'occasion d'une soirée de gala organisée au Musée national de l'histoire et de la culture noire américaine de Smithsonian, des personnalités américaines engagées telles que Deborah Roberts, journaliste à ABC, Ice Cube, rappeur, Andrew Young, ancien maire d'Atlanta et Condoleezza Rice, secrétaire d'Etat des Etats-Unis, témoignent.

Ils ne pensent qu'à ça : marionette congolaise en action

jeudi, mai 21, 2009

Le Professeur Théophile Obenga a-t-il pété les plombs ?

Dans sa livraison du 05 mai 2009, la Semaine Africaine, un des plus anciens hebdomadaires d’Afrique, étalait un portrait pour le moins étrange de l’homme fort du Congo signé, tenez vous bien, par un des disciples les plus en vue de Cheikh Anta Diop, le Professeur Théophile Obenga. Le Président Denis Sassou Nguesso : un nouvel épithalame pour le Congo. C’est le titre de ce billet qui se voulait un hommage à l’homme et à l’action du dictateur président. C’est peut être le plus pharaonique, dithyrambique des portraits jamais conçu dans les colonnes d’un journal du Continent en l’honneur d’un dictateur au pouvoir, par une des figures majeures de l’afro-conscience. Le conférencier de la « conscience noire » le plus écouté des salles parisiennes est-il devenu fou ? Comment expliquer un tel revirement de la part d’un homme qui jusqu’à présent n’a cessé de prêcher la Maât, un concept très prisé par les afrocentristes, qui n’est autre que le principe de l'équilibre du monde, de l’équité, de la paix, de la vérité et de la justice ? A mille lieux donc du modèle président de notre Professeur ?

Alors qu’une magistrate française, Françoise Desset, vient de juger recevable une plainte de l’Organisation non gouvernementale Transparency International France, en ordonnant une information judiciaire sur les propriétés, comptes bancaires et limousines détenus par Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) et leurs proches, le plus respecté des pèlerins de la conscience noire vient subitement de se détourner du chemin qui l’a lui-même balisé en trente ans de carrière pour les jeunes générations. L’afrocentriste serait-il devenu un « affreux centriste » de la cause des présidents dictateurs ? L’éclaireur de conscience a-t-il définitivement éteint sa bougie de réhabilitation de l’homme noir ? En tout cas, l’hagiographie, qu’il vient de pondre pour Denis Nguesso dans la feuille de chou brazzavilloise, demeurera dans les annales du « reniement de soi », un modèle affligeant de conte-vérité. Son feu compagnon de route, l’éminent Cheikh Anta Diop doit aujourd’hui se retourner dans sa tombe. Au grand dam de tous ceux qui ont cru à la bonne parole du professeur, celui là même qui écrivait récemment dans une contre-offensive antisarkozienne dans l’Afrique répond à Sarkozy, ces mots d’un réalisme visionnaire : « Quand un peuple, une nation, un Etat perd partiellement ou totalement sa mémoire culturelle, son sens historique, la conscience de sa civilisation, alors il perd, non moins dramatiquement, le sens du devoir dans l’histoire de l’humanité ». (…) L’espoir africain ne peut provenir que des Africains eux-mêmes, de leur sueur, de leur travail. Cet espoir africain confère le sens du devoir, lequel augmente le sens de responsabilité au vu des intérêts africains majeurs, vitaux. Il n’y a pas de civilisation sans devoir ni responsabilité ». Comble de l’ironie, sa muse de président est celui là même qui a érigé au cœur de la capitale de la France libre pendant l’occupation un somptueux monument de 10 milliards de FCFA (15 millions d’euros) à la gloire du colon Savorgnan de Brazza. Avec ce dithyrambe, on saisit peut être mieux les explications du phénomène colonial du Professeur.

Quelle mouche tsé tsé a donc piqué le docteur en linguistique ? Est-ce un retour aux sources tribales, à cette cuvette congolaise d’où il vient, qui le conduit à se comporter de la sorte? Les liens tribaux sont-ils plus forts que la Maât ? Il est vrai qu’Obenga est mbochi comme son président, tous les deux sont issus des régions du Nord du Congo-Brazzaville, cette proximité tribale peut-elle expliquer ce revirement qui s’apparente à un véritable coup de Jarnac ? En tout cas, sa plume n’y est pas allée de main morte comparant l’actuel dignitaire à un « twéré » comme il l’explique lui-même « un mot de l’idiome mbochi qui signifie tout à la fois sage, pondéré, attentif, méticuleux, réfléchi, serein et endurant ».

Après avoir savamment annoncé la couleur de son épithalame à la gloire du dictateur, le professeur enfonce le clou dans ce panégyrique digne du temps de Mobotu : « sa personnalité (en parlant de Sassou) est aussi faite de méthode rigoureuse, de détermination sinon de volontarisme. Il apparaît froid sévère, imperturbable et même imperméable. Cependant l’homme est profondément sensible, plein de compassion, généreux, affable, tendre et affectueux. Il sait pardonner, récompenser ou sanctionner avec clairvoyance et justice. Il relativise le mal qu’on lui fait, car il s’estime responsable numéro un du pays, et il ne doit que faire prévaloir l’intérêt général. (…)Comprenons. Quand la dite « bêtise humaine » manifeste « becs et crocs » avec une aveugle intransigeance, Sassou Nguesso, lui montre au contraire, au grand jour, l’ « intelligence humaine. (…) La position du twéré est historiquement la meilleure et la seule avantageuse pour le Congo ». Mais ce numéro de courtisan de l’intellectuel afrocentriste à la cour du dictateur ne s’arrête pas là.

Après l’avoir érigé en modèle de la Maât, il le pare ensuite d’oripeaux de sauveur en pleine crise économique à l’approche du scrutin présidentiel de juillet dont on sait d’avance que les dés sont pipés : « Les êtres humains vivent leur vie. La paix, la confiance en soi- ce que les philosophes appellent la « certitude de soi» et l’espoir sont des valeurs qui ne passent pas. Elles amènent le changement, mais elles ne s’altèrent point. Pour juillet 2009, tous les candidats à ce qu’il me semble sont, expérimentés, valables, dévoués, compétents et patriotes. Mais il y a ersatz et ersatz. Ainsi toute élection surtout une élection présidentielle requiert pondération, jugement et choix motivé. La ré-élection du Président Denis sassou Nguesso surtout en ces temps durs dans le monde entier serait encore le meilleur choix. Un magnifique nouvel épithalame pour le Congo ». Le tout emballé dans un discours sophiste, ronflant de termes savants pour le commun des mortels. A l’en croire, Sassou, c’est presque la manifestation du divin au Congo. Il y a de quoi suffoquer d’indignation au regard des trois millions et demi de congolais plongés dans le chaos indicible de la prédation des richesses nationales au profit d’un clan, d’une famille dont le train de vie dans les capitales occidentales laisse coi.

Il est vrai qu’en regardant le parcours, du modèle-président de notre Professeur, après 25 années passées à la tête du Congo (1979 à 2009, en excluant l’intermède de 5 ans de Lissouba de 1992 à 1997)), le sens du devoir et de responsabilité a été amplement au rendez-vous. Avec un taux de chômage des jeunes avoisinant les 80 %, presque tous les diplômés sortant du système scolaire congolais sont de chômeurs déguisés (occupant une activité informelle de survie, de débrouillardise) : ils sont chauffeurs de taxi, mécanicien, docker, crieurs de foula foula, vendeurs de babioles, parfois pasteurs dans les nouvelles églises. Alors que la capitale Brazzavilloise est l’une des mieux loties en Afrique en cours d’eau et sources, l’eau courante est quasiment un produit rare voire de luxe. Les congolais ne se lavent qu’à raison de deux jours par semaine dans un pays où les températures avoisinent les 40° C. Il serait trop long d’égrener cette liste de petites choses que recommande le bon sens avant d’évoquer celui du devoir ou de la responsabilité.

Lien http.www.lasemaineafricaine.com

mercredi, mai 20, 2009

L’image ne soigne pas les maux d’un Continent


Du 13 au 24 mai 2009 se tient le festival de Cannes, on peut noter une fois de plus la présence anecdotique du continent africain dans ce haut lieu du cinéma mondial. En effet un cinéaste seulement a eu la chance de représenter le Continent noir, à savoir le cinéaste malien Souleymane Cissé et son long-métrage Min-Yé – sélectionné hors-compétition parmi les six films en séances spéciales.


Marginalisé presque partout où se discutent les affaires du monde (du G20 à Cannes), le Continent noir semble se conforter dans son rôle de lanterne rouge dans tous les domaines, y compris celui de l’image, dans le paysage mondial. Expliquée par les désordres étatiques dus pour une large part aux pratiques de prédations des élites dirigeantes sur les richesses nationales, auxquels s’ajoutent les guerres fratricides et les putschs alimentaires des pseudo opposants aguerris à la politique du ventre, cette situation plonge dans lé désarroi une société civile africaine immature, totalement anesthésiée en quête de lendemains meilleurs.

Devant ce cul de sac auquel est acculé de gré ou de force les fils de Kemet, des voix s’élèvent pour réclamer à cor et à cri une présence du Continent noir dans les festivals de l’image. Encore de la pleurnicherie diront les plus pessimistes d’entre nous. Cette critique pour facile qu’elle paraisse interpelle à plus d’un titre, dans la mesure où l’image omniprésente, dans un monde entré depuis dans la vidéopshère, est devenue un paramètre symbolique de définition essentiel des sociétés modernes. Du coup on peut poser cette question sans doute légitime, quelle est la fonction sociale et politique de l’image d’un Continent dans ce type de manifestation mondiale ? Certains pourront toujours dire que c’est une façon de faire entendre sa voix. D’autres ajouteront que le savoir faire des artistes du Continent se doit aussi être connu. Mais c’est aussi se voiler la face.

La présence furtive du cinéma africain dans les écrans mondiaux est à l’image du Continent, malgré le talent et la diversité des artistes. La quête d’une présence sur les écrans mondiaux doit précéder cette réflexion : avons-nous les moyens de produire des images qui reflètent notre propre créativité et qui ne sois pas soumis à des injonctions extérieures ? Si aujourd’hui, certains artistes bénéficient de la générosité de la France, on peut se poser la question de leur autonomie et de leur liberté ? Des images oui. Pourquoi faire ? A quel dessein ? L’aide du ministère français des affaires étrangères aux artistes du sud est encore l’autre versant de la recolonisation des esprits. Finalement c’est difficile de s’en sortir sans l’ancien maître.

mardi, mai 19, 2009

Ségolène Royal demande de nouveau "Pardon pour l'esclavage et la colonisation"

Elle persiste et signe. Dans un discours d'ouverture d'une "soirée de réflexion" sur l'"avenir commun pour l'Afrique et l'Europe au XXIe siècle", l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle a lancé : "Pardon, merci, s'il vous plaît." Elle a, dans la foulée, précisé les termes de cette formule. "Pardon pour l'esclavage et la colonisation, merci pour tout ce que l'Afrique a apporté à l'Histoire et pour sa participation à la libération de la France et, s'il vous plaît, construisons ensemble notre avenir commun", a demandé la présidente de Poitou-Charentes, évoquant des mots "simples" et "évidents".

Déjà, il y a un mois et demi presque, alors qu’elle se trouvait en visite à Dakar, l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle avait défrayé la chronique en demandant pardon aux africains pour les propos tenus par Nicolas Sarkozy prononcés en juillet 2007 au Sénégal. Lesquels propos sont restés en travers de la gorge de nombre d’intellectuels du Continent qui ont d’ailleurs vigoureusement répondu à ce qu’ils ont considéré comme des insultes à l’endroit de l’histoire et de la mémoire de tout un peuple.

A contre courant des idées reçues de la classe politique française sur le continent noir, Ségolène a rappelé l’intérêt stratégique de l’Afrique par ces mots : « "Soit l'Europe reste ce qu'elle est, atteinte par une crise de confiance, tentée par le repli sur soi, dépassée par les nations émergentes plus dynamiques, et alors, elle se met sur la voie du déclin ; soit l'Europe transforme les ébranlements, les basculements de notre époque pour construire, grâce à un désir d'avenir, une nouvelle harmonie humaine. (...) Il nous faut imaginer (cette nouvelle harmonie) dans un monde dans lequel l'hégémonie occidentale n'est plus."

En tout cas, d’ores et déjà, sans pour autant caresser Mme Royal dans le sens du poil, il convient de noter que la ligne politique françafricaine qu’elle semble défendre se démarque nettement de celle de son principal opposant l’actuel président de la République française. Bien évidemment le respect dû aux africains commencera d’abord par soigner les plaies du passé dont il faut de chaque côté tirer les leçons et assumer la responsabilité.