mercredi, mai 20, 2009

L’image ne soigne pas les maux d’un Continent


Du 13 au 24 mai 2009 se tient le festival de Cannes, on peut noter une fois de plus la présence anecdotique du continent africain dans ce haut lieu du cinéma mondial. En effet un cinéaste seulement a eu la chance de représenter le Continent noir, à savoir le cinéaste malien Souleymane Cissé et son long-métrage Min-Yé – sélectionné hors-compétition parmi les six films en séances spéciales.


Marginalisé presque partout où se discutent les affaires du monde (du G20 à Cannes), le Continent noir semble se conforter dans son rôle de lanterne rouge dans tous les domaines, y compris celui de l’image, dans le paysage mondial. Expliquée par les désordres étatiques dus pour une large part aux pratiques de prédations des élites dirigeantes sur les richesses nationales, auxquels s’ajoutent les guerres fratricides et les putschs alimentaires des pseudo opposants aguerris à la politique du ventre, cette situation plonge dans lé désarroi une société civile africaine immature, totalement anesthésiée en quête de lendemains meilleurs.

Devant ce cul de sac auquel est acculé de gré ou de force les fils de Kemet, des voix s’élèvent pour réclamer à cor et à cri une présence du Continent noir dans les festivals de l’image. Encore de la pleurnicherie diront les plus pessimistes d’entre nous. Cette critique pour facile qu’elle paraisse interpelle à plus d’un titre, dans la mesure où l’image omniprésente, dans un monde entré depuis dans la vidéopshère, est devenue un paramètre symbolique de définition essentiel des sociétés modernes. Du coup on peut poser cette question sans doute légitime, quelle est la fonction sociale et politique de l’image d’un Continent dans ce type de manifestation mondiale ? Certains pourront toujours dire que c’est une façon de faire entendre sa voix. D’autres ajouteront que le savoir faire des artistes du Continent se doit aussi être connu. Mais c’est aussi se voiler la face.

La présence furtive du cinéma africain dans les écrans mondiaux est à l’image du Continent, malgré le talent et la diversité des artistes. La quête d’une présence sur les écrans mondiaux doit précéder cette réflexion : avons-nous les moyens de produire des images qui reflètent notre propre créativité et qui ne sois pas soumis à des injonctions extérieures ? Si aujourd’hui, certains artistes bénéficient de la générosité de la France, on peut se poser la question de leur autonomie et de leur liberté ? Des images oui. Pourquoi faire ? A quel dessein ? L’aide du ministère français des affaires étrangères aux artistes du sud est encore l’autre versant de la recolonisation des esprits. Finalement c’est difficile de s’en sortir sans l’ancien maître.

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