Petit rappel. Récemment la crise en Guadeloupe a réveillé les vieux démons en Sarkozie. Certains journalistes nostalgiques nourris au biberon de la « France éternelle » y sont allés de leur couplet, accusant les Antillais d’êtres des « assistés de la république ». Souvenez-vous de cette tirade ronflante d’un éditorialiste bien connu de la place parisienne :
« Ici est l'autre vérité que les Antilles, et presque tout l'Outre-Mer, doivent regarder en face : l'assistanat y est moins dénoncé que l'exploitation ; les délices de Capoue des aides publiques ne soulèvent que peu de critiques... Quand leurs concitoyens du lointain ont besoin d'aide, les contribuables de l'Hexagone ferment rarement leur porte-monnaie. Aux Français des tropiques qui veulent travailler à l'antillaise et consommer à la métropolitaine, rappelons qu'il faut labourer la terre arable pour qu'elle lève d'autres moissons que celle du songe et que, hors de la France, les Antilles seraient au mieux une usine à touristes américains, au pire un paradis fiscal rongé par la mafia, ou un Haïti bis ravagé par des "tontons macoutes" moins débonnaires qu'Yves Jégo... »
L’exemple guadeloupéen est là pour nous rappeler les fausses opinions qui sont régulièrement déversées dans les colonnes des journaux européens. Un flot ininterrompu de mensonges et de clichés destinés à doper encore plus le sentiment de supériorité et la bonne conscience des Pays du Nord. C’est dans cette optique qu’il faut intégrer les récentes « mesurettes » du G 20 à l’endroit des pays les plus pauvres. Chanson bien connue qui ne fait danser que le citoyen inconscient du Nord, mais provoque l’hilarité du paysan du sud.
En effet, dans sa déclaration finale, le G20 a promis de tripler les réserves du Fonds monétaire international (FMI) qui vont passer de 250 à 750 milliards de dollars, avec l’objectif soi-disant de venir en aide aux pays les plus pauvres. Au total près de 1000 milliards seront injectés dans l’économie mondiale. Une bonne nouvelle diront certains écervelés, une gigantesque plaisanterie pour d’autres qui ont appris à lire entre les lignes de ces annonces tonitruantes de l’aide aux pays pauvres. C’est à se demander à quoi jouent les occidentaux ? De qui se moquent-ils ? Pourquoi ont-ils besoin de jouer aux bons samaritains au moment où ils sont eux mêmes incapables de résoudre le chômage dans leurs pays respectifs sur fond d’un creusement des inégalités, d’un doublement voire triplement du nombre des plus démunis ? La précarité gagne l’Europe, naguère puissante et orgueilleuse. L’Espagne connaît son plus fort taux de chômage, l’Angleterre fait face à une inquiétante poussée de xénophobie, la France connaît une augmentation du nombre de précaires et de repas servis dans les associations caritatives, l’Allemagne en situation de récession…
On le sait depuis belle lurette, l’aide aux pays en développement ne sert qu’à les endetter. C’est un instrument efficace de contrôle des économies des pays faibles afin de les maintenir sous l’eau le temps d’une noyage par asphyxie orchestrée délibérément via les institutions monétaires internationales (FMI, Banque mondiale…).
Alors que des millions d’européens sont en attente des lendemains meilleurs, désordre financier mondial oblige, il se trouve encore quelques illuminés au G 20 à imaginer l’aide aux pays en développement.
En réalité ces annonces poursuivent plusieurs objectifs. D’abord elles sont rassurantes pour les vulgarisateurs eux-mêmes. Puissant galvanisateur de consciences, ces bonnes intentions permettent de faire croire aux opinions publiques occidentales du bien fondé des interventions des pays puissants dans les pays faibles. Faire croire qu’il y a « plus malheureux que vous » permet de lénifier les révoltes potentielles des peuples. C’est l’une des trouvailles des démocraties occidentales que d’avoir inventé « la communication sédative » consistant à endormir le peuple via des messages de bonne conscience. Le bourreau soudain pris d’une poussée de générosité, c’est du jamais vu à part dans les Contes de fées de Walt Dysney.
La communication sur la générosité des pays soi-disant riches est aussi un moyen de justifier le bien fondé de ces réunions inutiles et méprisantes au regard de leurs coûts. Cet étalage de signes extérieurs de puissance a besoin d’une bonne dose de bons sentiments pour exister dans un monde qui abhorre de plus en plus le « monétarisme capitaliste ».
L’aide aux pays les plus pauvres, si aide il y a, c’est aussi la récompense des pays les plus dociles, ceux qui collaborent à l’ordre établi par les puissants. En général c’est la rançon des petits dictateurs qui sévissent dans ces dits pays dont l’activité principale consiste d’ailleurs faire entrer leur pays dans la liste des pays les plus pauvres pour pouvoir bénéficier de cette générosité à double tranchant. L’argent des matières premières servant à autre chose à renflouer les comptes bien garnis basés dans les paradis fiscaux ou encore dans l’enfer fiscal des pays cautions au régime.