lundi, septembre 17, 2007

Pesticides : le scandale qui empoisonne les Antilles



Les pesticides sont-ils à l'origine d'un désastre sanitaire en Martinique et en Guadeloupe ? C'est ce qu'affirme le professeur Belpomme, cancérologue qui rendra public demain à l'Assemblée un rapport accablant sur cette affaire.

Des morts avérés, des cancers de la prostate en surnombre, des femmes enceintes et des nouveau-nés contaminés, des sols et des eaux durablement pollués... Le scandale du chlordécone, ce puissant pesticide massivement utilisé aux Antilles, que notre journal a révélé le 28 août, prend désormais une tout autre ampleur. C'est ce qu'affirme aujourd'hui le professeur Belpomme, un cancérologue français de renommée internationale, pour qui l'usage généralisé des pesticides aurait provoqué des dégâts irrémédiables en Martinique et en Guadeloupe. Après avoir conduit une mission aux Antilles au printemps dernier, à la demande d'associations écologistes, le scientifique - qui rendra public demain à l'Assemblée un rapport* explosif de 52 pages - assure même que cette « affaire » dépasse de loin celle du sang contaminé. Au coeur des débats du prochain Grenelle
Selon lui, l'ensemble des populations insulaires se trouve « empoisonné », notamment par le chlordécone (interdit en métropole en 1990, mais seulement en 1993 aux Antilles et utilisé clandestinement jusqu'en 2002) ainsi que par le paraquat. Pis : la durée de vie de ces produits chimiques s'étalant sur des siècles, les conséquences sanitaires devraient se faire sentir longtemps, y compris sur les générations nées après l'interdiction du chlordécone.
Même si aux Antilles le dossier pesticides est encore tabou - il a fallu plusieurs années pour que la justice locale déclare recevable une plainte - en métropole, l'affaire agite sérieusement le milieu politique. Contrairement à ses prédécesseurs, Michel Barnier, le nouveau ministre de l'Agriculture, vient de faire interdire le paraquat et promet des aides pour dépolluer les sols. Au ministère de l'Environnement, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet ne dissimulent pas « l'ampleur » du dossier. Enfin, chez les producteurs de bananes antillaises, on se dit désormais prêts à lever le pied, sous condition, sur les pesticides. Le sujet est plus brûlant que jamais : les pesticides et leur usage massif en France seront au coeur des débats du prochain Grenelle de l'environnement, dans moins d'un mois. * Rapport d'expertise et d'audit externe concernant la pollution par les pesticides aux Antilles : conséquences agrobiologiques, alimentaires et sanitaires, et propositions d'un plan de sauvegarde.


Source leparisien.fr